Mon Cher Pancrace,
J’ai reçu ta dernière lettre depuis Séoul où tu fais ce que tu appelles « un long escale technique » d’une semaine... Mais, comme je le vois, chez toi, la technique n’empêche pas la réflexion et même le questionnement, surtout lorsque cela a trait à ce que tu qualifies de fait « d’une importance capitale pour l’espérance de vie de notre démocratie chèrement acquise ». Par ces mots, tu prends position dans la polémique soulevée par la Déclaration du Haut Commandement Militaire suite aux émeutes en réaction à la tentative d’enlèvement de l’honorable Candide Azannaï. Au passage, tu salues le courage et la combattivité de ce digne descendant de Béhanzin comme tu l’appelles, et tu te dis fier du soutien du peuple. Mais apparemment la Déclaration te laisse pantois, et tu t’étonnes de l’audace de l’initiative, de son caractère insolite, de son parti-pris sectaire et manichéen. Tu me demandes « Mais de quel droit l’Armée, qui dépend d’un Ministère, se permet du haut d’un Ariès putatif, de tancer la classe politique ? Quelle est la légitimité de cette bonne volonté politique suspecte ? ». Mais au-delà de ces questions qui ont été au cœur du tollé qu’a suscité l’initiative du Haut Commandement militaire, tu poses comme toujours une question d’une originalité troublante, car, elle me titillait aussi l’esprit. En effet, tu trouves suspect le fait qu’une déclaration aussi grave soit signée par le chef d’Etat-major Adjoint ; et tu demandes : « pourquoi le chef d’Etat-major lui-même n’est pas monté au créneau ? N’est-ce pas là plutôt l’une des ruses de la répartition du sale boulot dont ce régime a le secret ? » Là-dessus, tu sens comme un fumet de régionalisme et tu me demandes ce que j’en pense.
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