La marchandisation de la vie politique dont l’épiphanie a été l'élection du bureau de l'assemblée nationale apparaît comme une contribution au financement de la vie publique. Mais il s'agit d'une contribution irrationnelle marquée par une corruption à multiples facettes. Le régime qui encourage ce climat au lieu de faire des lois sur le financement de la vie publique ou d'appliquer celles existantes en la matière, vise surtout à régner sur les partis politiques et à se faire maître du jeu politique. Ceux-ci seront à son entière disposition pour les débauchages plus ou moins sauvages, plus ou moins cyniques. C'est la première raison corrompue qu’un régime a de mettre en place un tel climat, au lieu de son contraire. Outre l'argent, il y a aussi les promesses de tous ordres, des nominations qui ne correspondent à aucune compétence prouvée dès lors qu'elles sont effectuées en dépit du bon sens et dans le seul cadre du chantage ou du marchandage politique occulte À force d'avoir géré le pays comme cela depuis 10 ans, ce n'est pas étonnant que nous en soyons là aujourd’hui sans eau, sans électricité et sans essence. Il serait difficile qu'un pays émergeât – quel que soit le sens qu’on donne à ce mot -- dans un climat moral et politique aussi délétère et férocement irrationnel L’autre aspect de la marchandisation de la vie politique c'est que les sommes qui sont déplacées ou les faveurs qui sont octroyées, parce qu'elles le sont de façon occulte, leur destination et leurs usages sont tout aussi occultes. Et la part de financement de la vie publique dans l’enrichissement ou l’accaparement personnel du bien public est difficile à établir. Le Bénin est un pays sous-développé qui plus est africain. Les institutions et les pratiques dans le contexte africain ont souvent des solutions spécifiques. Par exemple, nous n'avons pas de système de sécurité sociale rationnel très développé comme c'est le cas dans les pays occidentaux. Pour autant, nous avons des pratiques et des circuits de substitution qui pourvoient différemment à la demande et au besoin de sécurité sociale.
On est tenté de dire que la foire des députés, les achats de conscience et autres négociations politiciennes de l’ombre où l'argent règne en maître sont des formes de financement de la vie publique. Mais c'est une bien piètre assimilation car ce n'est que l'effet collatéral de ces pratiques qui contribue accessoirement au financement de la vie publique. Et ce qui est perdu dans ces pratiques endémiques de corruption au détriment de la rationalité légale et de l'éthique démocratique est bien plus grande que ce qui est gagné dans l'intérêt des partis et des personnes.
Dr Zéphyrin Aklassato
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