Etudes Dahoméennes 1
I
1961-62
RÉPUBLIQUE DU DAHOMEY MINISTERE DE L'ÉDUCATION NATIONALE ET DE LA CULTURE
INSTITUT DE RECHERCHES APPLIQUÉES DU DAHOMEY
(I. R. A. D.)
PORTO-NOVO
Sommaire
TIDJANI (A. SERPOS.) L’Expression de la Mort dans les noms patronymiques, prénoms et surnoms du bas-Dahomey
HUNKANRIN Louis LE ZANGBETO à Porto-Novo
L'EXPRESSION DE LA MORT DANS LES NOMS
PATRONYMIQUES, PRÉNOMS ET SURNOMS
AU BAS-DAHOMEY.
PAR
A. Serpos TIDJANI
•• MORT "
KOU HOSSOU AGBLAGOJI IKOU (YORUBA-ANAGO)
OKOU (GUN)
KOU (FON)
Dans le Bas, Moyen et Centre-Dahomey, il n'y a pas de jour dans une grande ville, une bourgade, ou dans une région, où l'on n'entende parler de décès, de funérailles, de messe, de cérémonie du 3e jour, du 7e jour, du 8e jour, du 41e jour, du 6e mois ou d'anniversaire (« retournement sur l'autre côté »). A cela, ajoutons les cérémonies d'enlèvement de deuil et d'exposition des crânes, d'enterrements spéciaux des noyés, des varioleux, des lépreux, des tuberculeux, des foudroyés, de ceux morts par accidents d'auto, de chasse, d'avion... et l'on se fera une idée sommaire de ce que représente un cadavre dans la vie sociale du Bas-Dahomey où se pratique principalement le culte des morts
L'adoration des crânes au Bas-Dahomey a, en effet, une portée immense ; et que dire des « Revenants » ou EGOUNGOUN des Assin, Ninsouhoué, Tohossou et autres...
Ce n'est pas le lieu de développer les cérémonies tribales et les répercussions que cela peut apporter au sein d'une communauté.
Car, comme on le dit :
Si le malade est pauvre
Le mort est riche } en parents et amis.
En effet ceux-là mêmes qui n'ont porté aucun secours au malade,
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s'empressent de se rassembler et de dépenser à l'annonce de sa mort.
Ce culte des morts, du point de vue économique pousse les gens à s'endetter pour mieux honorer leurs parents défunts : abattage de palmiers, mise en gage de terres, de fermes, de palmeraies et même (mais autrefois seulement) d'enfants.
Ce même culte du point de vue sociologique constitue un lien entre tous les vivants, car les vivants se jugent d'après ce qui est fait pour la personne défunte, pour sa dépouille et pour ses mânes. - - Ainsi ce sont les défunts n'ayant pas d'enfants qui servent généralement de tests.
A ce propos, nous pouvons dire qu'on a longuement écrit sur les abus de la dot, mais l'on n'a jamais insisté sur les abus que provoquent les cérémonies en faveur des mânes, non seulement des ancêtres mais surtout des pères, mères, oncles, tantes, collatéraux et même des jeunes enfants défunts — ou de l'aide à leur apporter vivants.
Précisons notre pensée : ainsi quand un enfant ayant eu des dents (ne serait-ce que deux), meurt chez les TORINU, SETONU ou ADJARANU; il doit être enterré avec le même rituel que pour les adultes, d'où nouvelles dépenses pour les parents éplorés.
En mythologie dahoméenne, la Mort est un personnage trapu de sexe masculin, rude et omniprésent qui tue tout, détruit hommes et bêtes, plantes et ferrailles et avale les cours d'eau. La TERRE est son grand auxiliaire pour faire disparaître les dépouilles. Puis viennent les maladies de toutes sortes. - - Concourent à son œuvre toutes les formes de manifestations brutales de la Nature: foudre, tempête, eau, feu, électricité. Enfin il y a les accidents fortuits : chutes, auto, pirogue, navire, avion, etc.
A ce sujet voici une légende recueillie à Abomey :
La Mort dit un jour : « On prétend que je suis mauvais, cela n'est pas vrai. Ce sont les terriens qui sont en faute et me provoquent. Ma femme se prénomme AMLON (Sommeil).
« Or, chaque jour, vous ne cessez de me tromper avec elle. Chaque fois que vous sommeillez, vous couchez avec Amlon (DO AMLON) et il faut bien qu'en tant que mari, je tire vengeance de tel affront. Quiconque pourrait éviter de dormir ne craindra rien de moi (1).
«Les animaux, les plantes, les eaux dormantes... auront, tous comme
(1) Jeu de mot « Fon ». Le sommeil se dit Amlon, coucher se dit do et Do-Amlon veut dire dormir, (coucher avec Amlonl)
les hommes, à me payer leur affront, quelles que soient les précautions prises. Ai-je jamais rien dit à l'Océan qui s'agite jour et nuit ? »
II sera souvent question d'ABIKOU et de féticheuse. Nous donnons donc quelques explications très sommaires relatives à eux.
1. ABIKOU
La croyance en la métempsycose a créé la croyance aux ABIKOU, aux « Enfants qui reviennent », croyance qui n'exclut pas la foi à certaine transmutation, à l'existence de l'âme d'un chien, d'une chèvre, d'un bœuf, d'un cheval...
Mais les ABIKOU sont des humains. On les croit de petite taille, sorte de gnomes ou de laumes qui tourmentent les humains. Ils viennent en effet au monde pour repartir quelques temps après, généralement chez la même femme : « Abikou kékéré » (Abikou-jeunes) ou attendent d'être adolescents avant de retourner dans leur patrie de l'au-delà. «Abikou Agba » (Abikou-Aldultes).
2. LES FÈTICHEURS
Le noviciat au couvent est constitué essentiellement par une mort symbolique suivie d'une résurrection non moins symbolique : le féticheur ou la féticheuse se dépouille de sa personnalité ancienne. Au retour du couvent il (ou elle) porte un autre nom, ne connaît plus ses parents, sa femme ou son mari, ni ses enfants, et encore moins ses amis ou alliés. C'est une autre personnalité qui ignore jusqu'à son nom profane. Comme « cheval » d'une divinité, l'initié est censé revenir d'un monde mystérieux, et la matérialisation par la puissance du VERBE de cette métamorphose est la substitution d'un nom allégorique au nom profane.
Lorsque j'étais Président d'un syndicat de croyants, un marxiste m'a dit : « Tout le monde croit à quelque chose : on peut croire à Dieu sous tous les noms différents qu'on lui attribue ; on peut croire au Diable ou à Satan sous tous les noms qu'on lui donne. »
Mais mon ami avait oublié d'ajouter une seule chose, c'est que, croyant ou mécréant, on ne peut se refuser de croire à la Mort, de constater que la Mort existe, frappant aveuglément grand et petits n'importe où sur terre, sous terre, dans les eaux ou dans les airs.
La présente note vise à présenter en un très court raccourci, comment cette idée de la présence constante de la MORT se manifeste dans les noms patronymiques africains dans le Bas, le Moyen et le Centre du Dahomey.
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Le grand mystère qu'est la VIE comporte trois parties, trois inconnues majeures :
1. --La Naissance: d'où venons-nous?
2. - - La Vie : où sommes-nous ici-bas?
3. — La Mort : où allons-nous?
Sur ces trois thèmes, les religieux, les penseurs ou philosophes ont brodé à qui mieux mieux, chacun apportant son explication qui s'arrête devant la 7e porte du Mystère de l'Inconnu qui recouvre le voile des voiles.
La Mort, en effet, nous environne partout et terriblement : si pour ceux qui sont sur terre-la Naissance est une joie, la Vie un mélange de beaux et de mauvais jours, la Mort, elle, représente la douleur, la Peine. Nous avons déjà effleuré ces problèmes dans nos précédents écrits.
Nous y revenons seulement pour apporter quelques précisions.
Nous avons cette fois choisi, pour cerner la question, les noms patronymiques, car les surnoms et prénoms ne sont pas attribués au hasard. Ils révèlent la pensée profonde des parents, les circonstances de la naissance, la pensée générale du collège des prêtres d'un couvent, les préoccupations des familles ou une simple constatation dans le cas des surnoms individuels.
Le nom donné à chaque individu est considéré comme faisant partie intégrante de sa personnalité, de son être. C'est pourquoi le féticheur doit changer de nom. C'est pourquoi l'on juge naturel qu'en devenant chrétien ou musulman, le nouveau converti change de prénom. Le nom dans son rythme sonore renferme une force magique qui agit sur les êtres (hommes, bêtes, plantes, minéraux).
Les noms ci-dessous ont été relevés à l'occasion de plusieurs enquêtes en divers lieux.
Nous reviendrons sur le sujet des noms relatifs à l'argent, au pouvoir temporel, à la puissance des Esprits. ... à la valeur de la Terre.
Nous espérons que cet essai aidera certains étudiants et chercheurs.
C'est là toute notre ambition.
HOUEDOKOU «Le tribunal se trouve au pays de la mort, dans l'au-delà. »
Soupir d'un pauvre hère frustré de ses biens.
MENOUWEKOUVE « Qui donc est invulnérable à la mort ? » KOUHOYEGBE. — Ce nom est celui d'une féticheuse d'Adjohoun,
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canton des Tofïinou, village de Gbéko et signifie littéralement : « Ceux-là, ils ont eu peur de la mort » (du fétiche) pour tourner le dos au culte et pourtant ils continuent de mourir (allusion aux néophytes des religions importées).
KOUDO « Ma dou b'ênou. »
La fosse de la Mort ne mange pas en secret : il y aura des pleurs, des lamentations et des grincements de dents.
KOU Y IN SODE « Si la Mort était un fusil ou l'entendrait partout » (alors qu'elle vient en douce) ; voir ci-dessous KOUDESSO.
KOU VIDE. -- « Quel enfant de la Mort ? »
L'enfant de la Mort rie peut être enlevé par la Mort. (Nom talismanique donné à un Abikou.)
KOUTAN « II n'y a plus de Mort. » Nom donné à un abikou.
KOUKPAKIN « La Mort rase le mur et évite de frapper ce bébé. » (Nom donné aux Abikou après certaines cérémonies.)
KOUMAJA « La Mort ne vient pas. » Nom d'Abikou.
KOUHESSOU « II s'est prosterné devant la Mort » (pour qu'elle s'éloigne). Nom d'Abikou.
KOUDE MASOJA « Aucune mort ne reviendra plus. » Nom d'Abikou. KOUKPOZON «La Mort est en retard. (Nom d'Abikou.)
KOUDAYESSI « La Mort est entre leurs mains. »
Nom de féticheuse indiquant que les hommes sont pourvoyeurs de la TOMBE, car ce sont eux qui, par leur excès, leurs envies, leurs mauvaises pensées, attirent la Mort.
KOUSSONMESSI «La Mort provient de l'Homme. »
C'est l'homme qui, par ses défauts, ses fautes, ses crimes provoque la Mort. Ce n'est donc pas la mort qui a tort, mais l'homme.
KOUWAKANOU «La Mort a fait une douloureuse chose» et l'on
s'en plaint. KOU Y INDE « Si la Mort était quelque chose. »
Si la Mort était quelque chose ou quelqu'un de visible on
l'aurait attaquée et détruite, ou l'on pourrait s'en préserver
efficacement.
KOUYI HINDEA «La Mort n'est pas une misère», une souillure honteuse, car tout le monde lui paye tribut.
KOUDOHIN « La Mort a apporté la misère. » KOU BAN JE (Yoruba)
KOUHIN NOUGBLE (Fon)
Ce nom donné tantôt aux Laris fétichistes, tantôt à des nouveaux-nés, signifie :
« La Mort a brisé la chose » (l'existence, la vie, la jouissance).
KOUDESSO «La Mort tire son fusil et tout le monde entend.» Lorsque la Mort, tire son fusil (c'est-à-dire tue, abat quelqu'un), tout le village l'entend. Les nouvelles du décès se répandent vite.
KOUHOUNDO «La Mort a décidé d'ouvrir la fosse, mais qui s'y opposera ? »
KOUHINKPO B'AHOUNOUN «La Mort a saisi sa massue pour tuer. »
KOUHINKPO «La Mort saisit son bâton. » Qui donc l'affrontera ?
KOUSSOUHON « La Mort a fermé la porte. » Qui donc pourra l'ouvrir ?
KOUDANOU « La Mort a fait sa cuisine » (tué l'homme) et il n'y a pas eu de fumée.
KOUJO « La tontine de la Mort. » Qui donc n'y contribuera point ? Si la mort tue, il y en aura d'autres pour venir chacun à leur tour.
KOUSSOVI « Nom ma do », ou Koussovi non ma dovodun.
La Mort a pris l'enfant et sa mère ne sait que dire et ne peut maudire.
Malgré son dévouement, la Mère a perdu son enfant et, malgré sa douleur, elle se tait devant son impuissance à ranimer son rejeton.
KOUMASSEGBO «La Mort n'accepte pas de Pardon. »
Ce nom a deux sens :
1° La Mort n'accepte pas de pardon et est, dans ce cas, assimilable à la formule « La Mort n'offre pas de crédit » donc simple constatation.
2° Le deuxième sens est que la Mort (malgré toutes les prières) n'a pas cessé ses coups.
KOUDANKO DOMABE «La Mort pétrit la terre
et la fosse se présente »
Lorsque l'on veut construire une case en terre de barre, on creuse un trou, on prend de la terre que l'on mouille, puis on la pétrit, on la moule pour faire des murs. Ici l'on veut dire « lorsque la Mort se met à pétrir de la terre de barre, la fosse (tombe) est toute proche. » Ce qui veut dire lorsque la mort est proche, la tombe est aussi proche. Il n'y a pas de cadavre sans tombe.
KOULAN (e ma din do todemè)
Le gibier de la Mort ne manque dans aucun pays.
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KOUSSINOU « La chose de la mort. »
Ce qui appartient à la Mort qui pourrait s'en emparer ? Quel docteur sauvera un malade déjà condamné par la Mort ?
KOUNOUDJI « Sur le bien de la Mort. »
Nous sommes sur la terre assis sur le bien de la Mort. Le propriétaire viendra prendre son bien. (Nom de féticheur.)
KOULIO « mêdo mon non dou. »
Le lio est une pâte de maïs cuite à deux reprises.
C'est une sorte d'Akassa un peu plus dur,
on peut donc comparer le lio au pain.
Ce nom veut dire « Personne ne peut manger le lio de là Mort ».
(Ne pas confondre avec Kouliho.)
ROUSSI « Femme de la Mort. »
Personne ne la cherche... (Voir ci-dessus.)
Voir l'exposé sur la croyance relative à la Mort.
KOUNOUDJI « Sur le dépôt de la Mort. »
Ne pas confondre avec KOUN-NOUN-JI (En toute innocence) qui n'a rien avec KOU. On voit de tout.
KOUVEHOUNDE «La Mort n'est interdite dans aucun collège religieux (quel que soit votre culte, votre hiérarchie, votre secte, la Mort viendra un jour, alors que sur terre, certains lieux sont interdits à d'autres humains, les pasteurs seront victimes de la Mort) comme leurs ouailles ».
KOUNOUME « Dans le gosier, la gueule, l'antre de la Mort. » Nom de féticheuse.
En effet la mort finira par avaler chacun des êtres vivant sur la terre, sans exception.
KOULOJI « Sur la route de la Mort. »
(On rencontre de tout, riches et pauvres, puissants et misérables sur la route de la Mort.)
On dit aussi KOULIJI sur le sentier de la Mort.
KOUDOGUEJI « La Mort est à l'affût. » On dit aussi « KOU d'aviti » (a tendu un piège). (TORI)
KOUSSOUALI « me na houe » (TORI)
La mort a fermé la route, qui osera l'ouvrir.
KOULIHO « Sur la route de la Mort. » Qui donc n'y passera un jour ?
KOUGBLENOU «madohoué. »
La Mort a fait du mal et personne ne peut la citer devant les tribunaux.
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KOUWADAN « La Mort est en rage. »
Avant la naissance du bébé, il y a eu plusieurs décès successifs dans la famille.
La Mort est en rage, qui donc osera l'affronter ?
KOUWEADAN «La Mort s'est regimbée. » Et sa flèche est douloureuse.
KOUDEMINKPO «La Mort nous a diminués »
(parce que notre parent le plus cher et le plus notable n'est plus).
Sur ce thème on brode plusieurs autres noms.
KOUWHOUEMIN « La Mort nous a rabaissés. »
KOUDADO (Non mi) «La Mort a découvert nos fonds arrières (nos secrets) on dit aussi KOUDE DONOUMI (simple changement de voyelle selon les tribus). »
KOUYA « Misère de la Mort. »
Cette misère est universelle (aphorisme).
KOUGBLEMENOU «La Mort a gâté les biens. »
KOUNEWANOU «Cette Mort a causé quelque chose.» 1° Car cela m'a permis d'être heureux ; ou bien : 2° Car cela m'a rendu malheureux.
KOUNOUEWA «La Mort a fait quelque chose digne de pitié.» (Nom de féticheuse Tori (Porto-Novo).)
KOUDOYADE «La Mort a créé une misère certaine. »
KOUDODIN « La Mort a de la sueur. »
La Mort cause de la peine, des courses, des dépenses et... fait suer. Mais aussi il y a KOULODIN : « Si la Mort n'existait pas » (comme les puissants du jour, les tyrans nous traiteraient en esclaves ou serfs éternellement).
KOUNENOUKPO/
KOUDENOUKPO \
« La Mort a diminué une chose certaine. »
Nom d'enfant né après le décès de quelqu'un d'important dans la famille.
AFODEMA GONKOU « II n'y a pas de pied qui n'ira dans la tombe. » Dans le même sens on a dit : JIYI B'ODE MATIN = II n'y a pas de talisman pour grimper au ciel ; s'envoler à jamais dans les nuées si puissant soit-on, ou JIBODE, en abrégé.
Nom donné par la famille aux enfants dont les parents ont souffert aux mains des Puissants pour indiquer que leur puissance du jour ne les garantira pas de la mort.
MENAGONKOU « Qui donc ne mourra point ? »
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IKOUDORO « La Mort a provoqué une profonde douleur. » Nom donné aux enfants posthumes.
KOUWANDE «La Mort a fait quelque chose. »
Nom donné à un enfant né après le décès de son père ou dont la mère est morte en couches.
KOUMAGNON «La Mort est mauvaise.»
Nom donné à l'enfant né après la mort de celui ou celle qui devait le choyer.
KOUYINBO «La Mort mérite Adoration. »
KOUGBENOU)(ENON-YI «B'enon gan. »
C'est en allant courageusement au devant de la Mort « que /'« on trouve la Vie ». C'est en sacrifiant sa vie qu'on la sauve. (De même qu'un soldat, c'est en allant affronter la mort que l'homme gagne ses galons et devient plus heureux.)
Mais il y a aussi KOUGBENOU-WEHINDE. (Nous sommes sous la coupe de la Mort et de la Misère).
KOUMALON « Nou de na nonté. » La Mort ne permet pas que quelque chose subsiste.
Chanson : Koumalon nou gbeto nou eni gbodjè Zankou, Zankou Koumalon nougbeto ni gbodjè. La Mort ne nous permet pas d'avoir du repos.
KOUMADAFADE « N'a point de jouissance. »
La Mort : ne crée aucune jouissance. Mais l'on dit aussi :
KOUDAFADE « La Mort a procuré une belle faveur. » Se dit pour les enfants nés de veuve (Lévirat).
KOUHINYADE-WA
« La Mort a apporté une certaine misère. » Cas d'une veuve malheureuse qui a perdu son enfant.
Cas aussi des malheureux qui meurent malgré leur misère.
« Ce sont les parents ou alliés qui donnent le nom à leur enfant après un tel décès d'un des leurs. »
KOUNEDO « La Mort a dévoilé nos secrets. » KOUDEDO -do-La Mort a permis aux ennemis familiaux ou voisins de découvrir nos secrets.
KOUDEMEKPO (Bo Gbelo ma kou Kpon) «Quelle sorte de mort
l'homme n'a pas vue ? » KOUDJANNAVO «C'est la Mort seule qui sera dans l'incapacité de punir. »
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Cri de la personne persuadée qu'on a tué son parent et qui demande vengeance à la Mort.
KOUYINKA « La Mort est mauvaise. »
Ne pas confondre avec KOUYINGA (la mort a lancé sa flèche).
KOUHOUMON «La Mort est au-dessus de cela»
(des pleurs, des jérémiades, des talismans, des prières).
KOUGBETODEA «La Mort va partout et n'épargne nul pays.»
KOUDJO « Tontine de la Mort. »
Jour de la Mort ou Tontine de la Mort, qui donc n'y participera.
KOUMINASSI « C'est de la Mort qu'il faut avoir peur. »
KOUTONHOU « La Mort est grande. »
(On ne peut finir de méditer sur ce qu'elle fait.)
KOUMASSAHO « La Mort ne vend point à crédit. »
Nom de laïc qui est sorte de proverbe ou sentence. La Mort, en effet, ne saurait accorder de crédit. Elle détruit, consomme à son heure.
KOUDEKPO « La Mort a diminué (ou a sorti son bâton). »
II y a ici selon les régions et les informateurs deux versions selon la façon de prononcer le mot Kpo :
a) La Mort a diminué son massacre.
b) La Mort a sorti son bâton, sa massue. (Qui donc résistera ?)
La première est douce, tandis que la seconde affirme la puis
sance de la Mort qui, sortant son bâton (massue) peut massacrer
n'importe quoi, n'importe qui, n'importe où.
KOUHOUESSO (ema no yon hon) « La Mort a planté son pieu. »
(Donc il n'y aura plus de décès.)
(Sur la tombe d'Abikou, on fait un talisman spécial comprenant un pieu autour duquel sont attachées certaines feuilles. Le pieu est enfoncé dans la tombe du côté où se trouve la tête. Si un autre enfant vient à naître, on lui donne ce nom pour signifier que la Mort est clouée à terre.)
KOUDJEWE « La Mort a porté plainte. »
Nom de féticheurs Lali. Parfois les hommes cherchent la mort par leurs agissements : les maladies, les accidents sont des avertissements, des plaintes de la mort (tuberculeux, alcooliques, chauffards, imprévoyants), etc.
KOUTON MASE (Kou whè) (Kou Hou whè).
C'est faute de comprendre les lois de la Mort qui fait dire aux humains que la Mort a tort.
MEDESOKOUA « Qui peut égaler la Mort. » Surnom de jeunes gens.
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KOUGLO (De matin) «Pas de défense contre la Mort. » II n'y a nulle défense efficace contre la Mort.
KOU SOU NOU ENASE «La Mort mérite d'être crainte. » (Sans commentaire.)
KOULODIN «Si la Mort n'existait pas...
... Comme on serait ...heureux ou malheureux. »
KOUMINASSI, aphorisme : c'est seulement de la Mort que nous devons avoir peur.
Combien d'hommes politiques, financiers, religieux... ont été agités par le Vent de la Vie et sont devenus des ombres. Craignons la Mort. Comme l'on dit dans l'Armée française : « Quand on est mort On est... » C'est de la Mort, prise comme entité qu'on doit avoir peur.
KOUDAFODE « La Mort a levé un certain pas », feutré imprévisible (nom de féticheuse).
KOUHOTIN « La Mort a acheté (investi) la place. »
Nom de féticheuse signifiant : La Mort a assiégé la place.
KOUDJAGO «La Mort est en faute.» Aphorisme: Elle aurait dû laisser l'homme de bien et abattre le méchant, ou elle frappe aveuglement.
KOUTONDIN « Si ce n'est la Mort ? » comme on serait heureux. KOUGNIDE « Si la Mort était quelque être visible ? »
KOULOGNIDE
Signification « Si je pouvais voir la mort qui m'a enlevé l'être chéri que ne ferai-je pas ? »
Prénom de bébé, nom d'une fête.
KOUJEGAN « La Mort est dans les fers. »
C'est un nom d'Abikou. On le donne après une cérémonie aussi spéciale que secrète au cours de laquelle, l'enfant, Abikou, mort, est enchaîné. C'est l'enfant qui naîtra après qui s'appellera KOUJEGAN.
KOUGBE (f)
IKO UKO Y /(Y)
La Mort a refusé ceci. » Nom d'Abikou.
KOUKOUTO (le cadavre).
1° emon non ba hin po 2° emon non ba gbeto po.
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a) Le cadavre ne manque pas de défauts (on lui trouvera une
faute qui a causé sa mort.)
b) Le cadavre ne manque pas de visiteurs (amis, parents,
alliés seront là).
KOUDEKOUTO «Tout homme mort ne manque pas de défaut.» Car :
- ou bien il court les femmes d'autrui ;
- ou bien il est insouciant et voleur ;
- ou bien il a manqué de respect aux dieux ;
- ou bien il boit trop et est alcoolique impénitent ;
- ou bien c'est un~prévaricateur ;
- ou, de toute façon, c'est un pécheur envers la VIE :
KOUKIKO « La Mort ne refuse rien (Y) ».
Nom de féticheuse ou de féticheur signifiant que la Mort ne refuse de prendre qui ni quoi que ce soit.
NOUKOUKOU « Cadavre » (nom d'Abikou).
KOUNASSO «La Mort le prendra» (nom d'Abikou).
Pour faire peur à la Mort on lui offre d'avance la vie du nouveau-né.
KOUBOMI (fon).
« Mort pardon. »
IKOUGBAMI (Yoruba).
« Mort veuille nous faire grâce. »
KOUKOMI «La Mort m'a repoussé. »
Nom talismanique donné à un Abikou, après certaine cérémonie pour indiquer que la Mort ne reprendra plus ce bébé.
KOUGBE « La Mort a refusé. »
Nom donné à un Abikou pour dire que la mort a refusé et refusera de prendre ce bébé.
KOUCHIKO (f).
IKOUSSOUMI (Y).
« J'en ai assez de la Mort » (nom d'Abikou).
KOUKOYI « La Mort a renoncé à celui-ci » (nom des Abikou).
KOUCHANOU « Mort fais grâce. »
Ce nom est Yoruba et a le même sens que :
KOUFEBIDJI, KOULOGBO, KOUFEIDJIN.
KOUFEBIDJIWA « Mort, veuille nous pardonner. »
Le nom est donné à certains enfants à qui on a « imposé certains gris-gris pour supplier la Mort de ne pas détruire le nouveau-né.
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KOUDOG BO « La Mort a daigné cesser ses coups. »
On notera que seule une lettre change entre ce nom et KOU-LOGBO qui a un accent triste en KOUDOGBO qui est un nom joyeux.
KOULOGBO «Que la Mort veuille donc cesser.»
C'est une prière à la mort pour qu'elle cesse d'exterminer les humains d'une famille.
KOUMAKPAYI « Mort ne tue pas ceci. »
Ce nom est donné aux Abikou de langue Yoruba ou Anago pour supplier la Mort de ne pas enlever le nouveau-né.
KOUGBACHEDE « La Mort a commis une lourde faute » car elle ne nous a pas permis de fêter cette naissance comme il se doit. (Nom donné aux enfants posthumes) Kou gba ochê de.
KOUMON NOUDE (Fon).
IKOU BIKAN (YORUBA).
« La Mort a vu quelque chose » (et s'est tapie comme un chien à l'affût : la mort nous guette à tous les tournants). Nom de féticheuse.
KOUTEKPO « bo mi ma so do koukou \vè ? »
Quelle formes diverses de mort l'homme ne subit ? Donc il est inutile de tirer des conclusions ironiques à propos d'un décès.
KOUGNIWADANDE « Si la Mort lançait un défi (nous combattrions) mais hélas, c'est sans défi qu'elle vient surprendre.
KOUME « Nous sommes (toujours) environnés par la Mort. »
KOUGNINGAN « La Mort est chef (et puissante) aux ordres de qui personne ne se soustrait. »
KOUFODO « Empreinte (des pattes) de la mort. »
Comme pour l'éléphant, les empreintes des pas de la Mort sont toujours visibles.
KOUSSOUNHOUNVO «La Mort a démarré la pirogue» (personne ne peut descendre ni s'échapper et personne ne peut sauver son prochain).
KOUDAWEDE «La Mort a tranché le procès : qui fera l'appel ? » KOUDA «La Mort a tranché » : (Quoi dire après ?)
KOUGBENOU «La chose du jour de la Mort. »
Ce qui signifie : 1° Cet enfant sera là pour mes funérailles.
2° II faut prévoir ce qu'on laissera au jour de la mort.
KOUDAGBADJI « La Mort est au salon » (au milieu de vous.) Nom de féticheuse.
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Ne pas confondre avec KOUSSIAGBADJI. «Le salon du dieu de la Mort » n'est pas à visiter : on y trouvera forcément le crâne d'un ascendant. » C'est un des « noms-forces » du Roi Toffa I«.
KOUKPO: MASSUE DE LA MORT. Nom de féticheuse de la variole.
Chant Koukpona hou noun : Massue de la mort tuera (intraduisible). Akpako alan kpidi sa : Massue de la mort, massue de la Maladie. Koukpo Azon kpo : La Mort et la Maladie. Akpako ana gbidi sa : Massue de la Mort. Nom donné à certains initiés de la variole, lorsque l'épidémie d'icelle a fait quelques ravages dans la famille des dits initiés.
KOUMOLOU (Anago) Prince de la Mort.
Nom du fils aîné du dieu de la variole qui provoque des épidémies mortelles.
KOUTON MASSE « Kou hou whè »
C'est parce que la Mort n'a pas plaidé sa cause qu'elle a tort aux yeux des humains (car souvent les hommes la provoquent).
KOUMAGBO « La mort n'a pas cessé » (malgré nos supplications).
Nom donné aux enfants posthumes.
KOUGBOHOUE « La Mort a réglé le litige. »
Nom donné à un enfant à propos de procès, l'antagoniste étant mort.
LE ZANGBÉTO
QU'EST LE ZANGBÉTO ?
Dans la langue Gounou ; ZAN veut dire : nuit ; GBÉTO, veut dire : chasseur. Étymologiquement, ZANGBÉTO est donc chasseur de nuit.
Mais qu'est, en réalité, le Zangbéto ?
Le Zangbéto est le gardien de la ville, le veilleur de nuit, plus exactement, l'agent de police du Roi chargé d'assurer l'ordre et la sécurité publique dans la nuit.
ORIGINE DU ZANGBÉTO
En 1610, à la mort du Roi d'Allada, Roi des Fons, DE-KOPPON, ses trois fils : Te-ÀGBANLIN, MÈDJI et AHO DAKO-DONOU, voulant recueillir sa succession, se livrèrent une guerre acharnée. Mèdji, ayant, après un violent combat, défait ses deux frères, force fut à ces derniers de lâcher pied et de chercher refuge ailleurs pour ne pas être exterminés.
AHO Dako-Donou ayant réussi à quitter le territoire en traversant la Lama, il restait Te-Agbanlin, ses fils et ses partisans cernés de tous côtés par l'armée de MÈDJI, prête à les massacrer.
Que faire ? Continuer la lutte ? Impossible ! se rendre ? C'était tomber de Charybde en Scylla, car Mèdji n'aurait eu aucun scrupule pour les mettre à mort, les exterminer.
C'est alors qu'un Prince chasseur appartenant à la dynastie des Davié-Hôlou (1) du nom de PADONOU HENNOUKOU dit à Te-Agbanlin :
« Frère, ne t'inquiète pas, nous partirons d'ici sans coup férir, sans aucune difficulté. »
(1) Avadjo, fondateur de la dynastie royale à Allada eut trois enfants : Dossou, Dossa et Houinsipe. Par corruption, Dossou est devenu Dassou et Dossa, devenu Dassa.
Davié Hôlou est le descendant de Dossou ou Dassou et Te-Agbanlin, celui de Dossa ou Dassa.
« J'ai trouvé un bon expédient. Tu n'as qu'à suivre exactement ce que je t'ordonne. »
II prit des bambous, en fit des cases coniques et portatives qu'il entoura de feuilles sèches de bananier. Au sommet de ces cases, il y avait des coussinets également en feuilles de bananier pour aider à les porter facilement sans blesser la tête. A la hauteur des yeux, il y avait des œils-de-bœuf, par où l'on pouvait, de l'intérieur, voir tout à l'extérieur.
A chaque côté, c'étaient des poignées permettant de faire mouvoir les cases à volonté.
Muni d'une défense d'éléphant, Padonou HENNOUKOU entra dans l'une des cases, l'actionna en soufflant dans la défense d'éléphant. Une sorte de rugissement perceptible à plusieurs kilomètres et inspirant de la terreur retentissait. La troupe de Mèdji, croyant avoir affaire à des diables, à des démons, fut prise de panique et s'enfuit.
TE-AGBANLIN et sa suite, comme l'avait dit Padonou HENNOUKOU, purent passer la frontière sans coup férir, sans difficulté !
Le ZANGBÉTO était inventé et devait devenir plus tard, à PORTO-NOVO, un fétiche ayant pour fin la protection du Roi, de la ville et des habitants contre l'invasion des ennemis et contre tout malfaiteur.
Installation du Zangbéto à Porio-Novo. D'Allada à Porto-Novo, le parcours s'effectua sans danger grâce au Zangbéto, qui se livrait à des prouesses avec sa case extraordinaire garnie de feuilles et terrifiait tout passant, hommes et bêtes avec sa voix bourdonnante, surhumaine.
Arrivé à Adjachè, c'est sous ce nom que Porto-Novo était connu. TE-AGBANLIN dit à Padonou HENNOUKOU : « Cher Frère, ton expédient nous a sauvés. Mais ce n'est pas tout d'échapper, il nous faut maintenant assurer l'avenir. Les assassins, les bandits auxquels nous avons affaire sont capables de venir nous braver encore dans notre retraite. Aussi, ne pouvons-nous pas abandonner ton expédient. »
« II est de notre intérêt de le conserver, de l'organiser sur de
bases solides, durables, et de le faire respecter. » ,
« Tous les soirs, il faut qu'un ZANGBÉTO veille autour de notre case pour nous garder. »
Ainsi dit, ainsi fait.
Non loin de la case de TE-AGBANLIN, il y avait un arbre appelé dans la langue Gounou « AVA » d'où le nom d'Avassa (littéralement : « à l'ombre d'Ava ») donné plus tard au quartier Avassa encore existant où se trouvait cet arbre, désigné comme lieu de divertissements du Zangbéto.
Le premier Zangbéto installé en ce lieu prit le nom de KPAKRI-YAOU, nom guerrier qui évoque un animal couvert de piquants, qu'on ne peut toucher sans se blesser, et qui inspire la peur.
C'est le Roi des Zangbétos. Sa case est haute, plus haute que celle des autres Zangbétos et atteint 4 à 5 mètres de hauteur (Signe de la Majesté !).
Son fils, c'est-à-dire celui créé après lui au même lieu pour le seconder dans sa tâche, est LOUGOULOUGOU (mot qui signifie : qui roule).
Il est ainsi surnommé à cause de la petitesse et de la rotondité de sa case qui lui donnent une agilité surprenante et lui permettent de faire de la prestidigitation, des tours de passe-passe.
ORGANISATION DE LA GARDE ROYALE
Au fur et à mesure que TE-AGBANLIN obtenait des lopins de terre pour construire des maisons à habitation, au fur et à mesure qu'il devenait puissant et étendait son domaine, il créait de nouveaux Zangbétos pour faire le guet autour de lui pendant la nuit.
Ces Zangbétos formaient la garde royale.
Ils avaient chacun un nom tiré d'une particularité locale, d'une sentence indigène ou d'un fétiche. Ce nom leur donnait une identité et une personnalité.
La résidence où chacun devait être en faction était fixée par KPAKRIYAOU de concert avec TE-AGBANLIN.
VOICI CES NOMS ET RÉSIDENCES :
noms : résidences :
1.— KPAKRIYAOU
(Couvert de piquants, l'Invin- Quartier Avassa
cible Roi des Zangbétos).
2.— LOUGOU-LOUGOU
(Le petit, le rond, le prestidigita- Quartier Avassa teur qui roule).
3.— LEGBA
(le diable, le démon qui boule- Quartier Avassa
verse tout). Adjaouto-Hondji
4.— ZANKOU-YETEN NO PETO
(lorsque la nuit tombe l'ombre Quartier Djiakomè
est partout). (Avassa)
5.— HEVIOSO (Père)
la foudre qui foudroie sans pitié.
6.— HEVIOSO (Fils) Idem.
7.— AGBOZEHOUE
(le bélier sorti les boucs se taisent).
8.— MADE
(Zankribossou Dan Yrankan), le serpent venimeux dont le venin est très dangereux.
9.— ADIE
(le fétiche qui fait gonfler et tue les bandits). 10.— SOMAJE DAGBE
(Dagbé : serpent python, fétiche respectable, la foudre ne le touche pas). IL— AGBOHOUADAN AZOHA
(le méchant bélier se bat courageusement jusqu'à ce que la corne courbe).
Quartier Akpassa-Honto Quartier Akpassa (Agahouanou)
Quartier Akpassa-Kassonou
Quartier Akpassa-Azonsakomè
Quartier Honnou
Quartier Honnou-Akanmaho
Grand-marché Ogagbami-Ajopèkon (devant l'étage du Roi).
LES ZANGBÉTOS POLICIERS DE LA VILLE
Après les Zangbétos que nous venons d'énumérer qui montent la garde autour du Palais du Roi, cette résidence sacrée des Rois connue sous le nom de Homme, viennent, ceux ci-après créés dans chaque quartier de PORTO-NOVO pour assurer la sécurité publique.
noms des zangbétos
12.— TOKPODOUN (Akronmè
Yéhoué) Caïman fétiche, Rois des Marais.
13._ AVLEKETE (Houmè-Vodoun) fétiche commandant de l'Océan.
14.— AJINAKOU GBEGUIDI DOU
(Éléphant) destructeur des bois qui fait périr tout sur son passage. 15.— AHOLEJEGBE
Ahole : oiseau (lorsqu'il chante les autres oiseaux se taisent).
NOMS DE LEURS QUARTIERS
Fila ou Houédakomè
Fila ou Houédakomè
AVIAGAN (Fila)
Jazinkomè (Fila)
16.— HEVIOSO (la Foudre)
(voir explications du n° 5)
17._ DAN-MAYI-AHI
(le serpent ne se vend pas au marché).
18. — KINIMASSIGBE
(le lion n'a pas peur de la brousse).
19.— AFFOSSO-LEGBA, Akiti jè-
houin (Lègba : fétiche-démon en tumulus ou terre de barre). L'on peut le pousser du pied, Je démolir, mais on a beau piétiner le terrain nu (aldti) où l'on met les offrandes à Légba, on n'arrivera à aucun résultat.
20. —TO NKA (Gbéguidigba)
(Géant, capable de tout anéantir).
21.— ATAKIN
(Piment). On ne fait point des frictions avec le piment.
22.— NANABLOUKOU (YEKE) Mère de la variole.
23.— DAN AYIDOHOUEDO
(Serpent Arc-en-ciel, fait chavirer, les navires, avale tout, bateau et marins).
24.— HEVIOSO
La foudre. Idem.
25.— SO HOUANGAN
(le Chef de guerre de la foudre).
HEVIOSO
(La foudre) idem.
ADJINAKOU
Eléphant (voir explication du
n° 14).
28.— ATIN SO HONDJI
Hon fan Kan-kan. Lorsqu'un gros bâton touche une porte, cette porte craque et s'ouvre avec fracas.
Baglo (Fila) Djavié (Fila)
Ahoviko (Fila) Quartier des Princes
Honzë-Kpota
(Fila)
Zoungo ou Sandodo Togo
Agbokômè
Dota
Sokomey Atingbansa
Sokomey-Honto
Sokomey-Degbeyon Kanmaho
Sokomey-Agonsa-Honto
Gbèdji-Honto
29.— KAKA - NVO
N'ayant rien à craindre, dort sur les deux oreilles.
30.— DEKPO MALI AGBA,
le corps ne se frotte pas au régime de noix de palme sans se blesser.
31.— ASSETONNOUKOUN (AJAKA MA KO), lorsque le chat devient aveugle, les rats n'en rient pas.
32.— SAKPATA (AZON VODOUN), la variole qui détruit-le corps de l'homme et le rend vilain.
33.— ATINKACHA MA SOU TOH," les branches d'arbres mises à l'embouchure d'une source ne peuvent l'empêcher de couler.
34.— ASSIMAHENZO
(les doigts ne prennent pas le feu).
35.- AGOUNSORI
(petit oiseau terrible dont la voix fait trembler la terre).
36.— AYIDOHOUEDO
(fétiche Arc-en-ciel qui fait chavirer les bateaux, avale tout bateau et navire).
37.— ADANZEDO
Adan (fétiche incréé qui s'est creusé un trou et s'y est mis).
38.— HEVIOSO Idem
39.— ADANDOZAN
Roi d'Abomey qui régna de 1803 à 1818 et fut le plus cruel des Rois. Le Zangbéto de Gbèkon a pris son nom à cause de ces cruautés qui font peur.
40. — TAKLA MA DAHOUIAN,
on ne fend pas la pierre avec le couteau ce qui veut dire que le Zangbéto qui porte ce nom est pierre et que ni couteau, ni bâton, ni fusil, ne peuvent lui rien faire.
Gbèdji-Akondè-Honto
Gbèdji-Tokpanou Akpètè-Honto
Gbèdji-Gogankomè
Houéyogbé
Nahénou
Kpokomè Akron-Honto
Akron-Daglé Houessi-Honto
Akron Avèssan-Honto Gbèkon-Honto Gbèkon-Dangbo
Gbèkon-Goussanou Honto
4L— AGUEH GBENON
fétiche à lance qui ne rate jamais
sa proie. 42.— HEVIOSO
La foudre, idem. 43. —KPOTON-NOUNKOUN
Kanrin Mako, les animaux ne se
moquent pas d'un tigre aveugle. 44.— ADIE,
fétiche dont la résidence est à
Akron. Il fait gonfler et tue les
bandits.
45.— HEVIOSO,
La foudre, idem.
46.— ADANDOZAN
(voir explications au n° 38).
47.— ADIE
(voir ci-dessus n° 43).
48.— SOFECHA
(Coup de foudre). Roulement du tonnerre, fils de la foudre.
49.— HEVIOSO,
la foudre, idem.
50.— HOUNDJE ADAN (MA SE VE), le fétiche en colère ne pardonne pas.
51.— GANMAYIZO (No gro Ayato), le fer non rougi au feu ne peut être travaillé aisément par le forgeron.
52.— AHOLOU GBETO,
le Zangbéto du Roi ; Ainsi nom-. me parce que ce Zangbéto a été créé par le Roi Dè-Messè.
53.— HOUNZEDO,
un autre fétiche qui s'est créé.
54.— HEVIOSO,
la foudre, idem.
Gbèkon Agbonou
(Dè-Messi) Vèkpa Vèkpa
Vèkpa-Kokrogbèta
Adomè Lokossa
Zinkomè (Houèzounmè) Guévié (Houèzounmè)
Hrenkomè (Houèzounmè)
Aligbogodo (Houèzounmè)
Fièkomè
Attakè
Houèzounmè (Bodokomè)
Adogri - Honto (Houèzounmè)
55.— DEKPAMALIAGBA
(voir explications au n° 30).
56.— ADANDOZAN
(voir explications au n° 38).
57.— ZOHOULE
(le feu qui pétille, s'enflamme).
58.— AHOLO DJEGBE
(voir explications au n° 15)
59.— ZOMADODA
le feu fait vite des dégâts mais il est vite dompté.
60.— ADANDOZAN
(même explication qu'au n° 38).
61.— DEHOUDE,
l'égalité n'existe pas. Les hommes n'ont pas la même force ni la même qualité. Ce nom fait allusion à celui du Zangbéto d'Atakè qui s'intitule AHOLOU-GBETO (Zangbéto du Roi). Il veut dire : vous êtes, il est vrai, Zangbéto du Roi, mais nous créés par le Roi Micpon, nous le sommes plus que vous.
62.— TO-NKA
(voir n° 20).
63.— ADANDOZAN (voir n° 38).
64.— KINIKINI
le lion, Roi des animaux, plus fort que tous.
65.— TAKLAMADAHOUIAN
(voir n° 39).
66.— GANHOUMADO
(Ejèguidija), le vêtement en fer n'est pas commode à porter. Il est trop gênant.
67.— ALAYISSA
(Houan Hor-rou) Alayissa, ver dangereux (Roi des vers)..
Houèzounmè-Togbo Lassou-Honto
Goukomè (Houèzounmè)
Kossoukomè (Houèzounmè).
Aguékomè (Houèzoonmè)
Ahouantinkomè (Houèzounmè)
Hassoukomè (Houèzounmè)
SADOGNON
Déguèkomè
Zèbou Sligbo-Honto
Adankomè-
(Zèbou)
Zèbou-Massè
Zèbou-Aga Agboton-Honto
Adjina
68.— SO - OUNME,
si méchant que soit un fétiche, il Ouinlinda
ne peut affronter la foudre.
69.— HEVIOSO,
Idem. Djazin
70.— GBADJIZO TOH GAN,
la lagune reste indemne quand le Avakpa
feu brûle les herbes aux abords.
CONFRÉRIE DES ZANGBÉTOS - ORGANISATION
A l'établissement de Te-Agbanlin à PORTO-NOVO, pendant que la ville était sous son empire et qu'il en organisait la défense contre les invasions ennemies, il n'y avait, comme nous venons de le constater, que onze Zangbétos qui faisaient le guet autour du Palais et qui formaient la garde royale.
Peu à peu, au fur et à mesure que la ville se développait, d'autres Zangbétos naissaient et prospéraient.
Pour régler les rapports entre ces divers Zangbétos qui dépendaient les uns des autres, le roi s'était trouvé dans la nécessité de les grouper en une confrérie hiérarchisée, et de diviniser cette institution, pour la faire respecter, car chez l'indigène pour qu'une institution pieuse, charitable, comme l'est le Zangbéto, dure et soit honorée, il faut qu'elle soit mise au rang des fétiches. D'où le mystère qui entoure le Zangbéto et le nom de fétiche qui lui est conféré.
La confrérie englobe donc les Zangbétos de tous les quartiers de Porto-Novo et les Zangbétos des banlieues qui ont reçu l'investiture de KPAKRIYAOU (Zangbéto-Roi) et qui, forcés d'accomplir les mêmes actions, soumis aux mêmes règles, sont enchaînés par des liens d'une solidarité non seulement morale mais religieuse.
CASES DES ZANGBÉTOS
Au début, toutes les cases étaient garnies de feuilles sèches de bananier. Ces feuilles ne durant que deux ou trois jours, les cases étaient vite dégarnies. Les profanes pouvaient facilement en voir l'intérieur et pénétrer le secret de l'agencement ce qui pouvait diminuer le prestige du Zangbéto.
C'est pourquoi, il a été décidé de couvrir toutes les cases de raphia.
CASE DE KPAKRIYAOU (Zangbéto-Roi)
Kpakriyaou étant le Roi des Zangbétos, il se doit de se distinguer des autres Zangbétos.
Comme insignes, insignes que lui vaut son rang, son titre, il a seul le privilège d'avoir une case haute surmontée d'une couronne de feuilles de bananier en souvenir de la première case confectionnée par PADONOU HENNOUKOU, le fondateur du Zangbéto.
Les deux insignes du Zangbéto-Roi sont donc la case haute et la couronne en feuilles de bananier sur cette case.
CASES DES AUTRES ZANGBÉTOS
Sous peine d'encourir des punitions sévères, aucun autre Zangbéto ne peut porter les insignes du Zangbéto-Roi.
Leurs cases doivent être coniques, petites et couvertes de raphia.
Elles ne doivent pas se mesurer en hauteur, se rivaliser, avec celle du Zangbéto-Roi.
Leur hauteur ne doit pas dépasser 1 m. 50 ou 2 mètres.
INITIATION AU ZANGBÉTO LES PERSONNES QUI DOIVENT ÊTRE INITIÉES
A l'exception des femmes et enfants qui sont jugés incapables de garder le secret, la coutume fait obligation à tout adulte, à tout homme né sur le territoire de Porto-Novo et y établi, de s'initier au Zangbéto lorsqu'il en a les moyens et en est digne.
Celui qui, par orgueil, par sotte suffisance, ou par égoïsme, se refuse à se conformer à cette règle, est mis à l'index, exclu de la société et brimé quand il sort dans la nuit par les initiés. Il est, à tout bout de champ, en butte aux quolibets de ses camarades et ne peut tenir son rang dans la société.
Les brimades et vexations de toutes sortes ne cessent à son égard que quand il accepte d'être dans le giron du Zangbéto, c'est-à-dire d'être initié.
En général, les nagots, à cause de leur indiscrétion et de leur bavardage ne sont pas admis à s'affilier au Zangbéto, mais quand les notables, les zangans (chefs de la nuit) jugent certains d'entre eux qui, par leurs habitudes, leur caractère, leurs sentiments, se sont rapprochés des Gounous, et sont ainsi capables de s'affilier, ils peuvent être reçus au sein de la confrérie et initiés.
COMMENT ON EST INITIÉ
Pour être initié, on adresse sa demande accompagnée de deux bouteilles de tafia (alcool, gin ou autre) à un dignitaire (Zangan) du quartier où l'on réside. Le zangan en fait part au cours d'une réunion à tous les initiés (Gbétovis) enfants du Gbéto(ou Zangbéto).
On consulte le Fa (l'oracle) qui indique le jour le plus faste pour recevoir le récipiendaire. Ce dernier, la veille de la cérémonie, envoie à tous les initiés :
1 marmite de caloulou de poissons ;
1 marmite de caloulou de viande ;
1 marmite de caloulou de gombo mélangé avec du poisson ;
1 grand panier d'akasas ;
1 bonbonne de tafia ;
1 coq ;
1 bouteille d'huile de palme.
Au jour fixé pour la cérémonie, le récipiendaire accompagné de son parrain, se présente, les yeux bandés, devant le Zangbéto et les initiés qui chantent, dansent et font résonner leurs défenses de manière à l'effrayer.
On lui pose des questions auxquelles il doit répondre ex abrupto. Après ces questions, le Zangbéto lui dit : « Tu es maintenant un homme, un as. Tu es en mesure maintenant de connaître des « secrets inconnus des profanes ». On enlève le bandeau, on lui présente une défense, on lui apprend à s'en servir et on lui fait prêter le serment : « Tu ne dois jamais révéler aux femmes, aux enfants et aux profanes tout ce que tu vois ici. »
Le récipiendaire répond : « Je ne dirai rien à personne. Je le jure. »
Le Zangbéto continue : « Si jamais, tu dévoiles ce que tu as vu, les fétiches te tueront, tu auras la vie malheureuse, tu n'auras aucun succès dans tout ce que tu entreprendras, tes femmes, tes enfants seront malheureux et mourront. »
L'initié répond : « Je serai fidèle, je le jure. »
Puis au commandement des initiés, il roule sur le sol, se relève, et danse au battement des mains.
Après quoi, on lui fait creuser un trou de deux décimètres environ de profondeur. Il dit en bouchant ce trou :
« Je mets dans ce trou toute profanation, toute indiscrétion, tout ce qui est contraire aux usages, aux règlements du Zangbéto. Maintenant, tout est enfoui, je suis purifié. »
Après cette cérémonie, tous les initiés et le nouvel initié mangent et boivent ensemble ce que ce dernier a apporté.
C'est le repas communiel.
ENSEIGNEMENT DES RÈGLES DE LA CONFRÉRIE AUX INITIÉS
Après les épreuves subies, la révélation des secrets et le repas communiel, s'ouvre la période de cours particuliers à l'initié qui durent trois mois consécutifs.
Au début de ces cours, on lui donne un nom de baptême qui est communiqué à tous les initiés et que personne ne doit révéler aux profanes.
On l'autorise, à acheter deux défenses d'éléphant, l'une pour son usage personnel, l'autre à_garder pour l'apprentissage d'un nouvel initié.
Pendant les cours, on lui enseigne la langue secrète du Zangbéto, les rites secrets qui conditionnent la vie de l'initié, les devoirs et droits du Zangbéto, ses obligations et ses interdits, les sanctions auxquelles on s'expose en cas d'infractions à ces règles.
A l'expiration du délai de 3 mois imparti pour les cours, l'initié est classé parmi les anciens et donne à cette occasion un pourboire : 1 grand plat de haricots mélangés avec de la farine et si possible, de la bouillie de maïs, du caloulou et du tafia.
LES PORTEURS DE CASE
Les porteurs de case sont choisis parmi les anciens initiés, les mieux constitués physiquement, les plus forts. Ce sont ceux-là qui portent, actionnent les cases et représentent le Zangbéto. Lorsqu'ils sont dans les cases, ils sont des fétiches et ne doivent pas comme tels, tomber devant les profanes par une fausse manœuvre, leur chute étant susceptible de dévoiler le secret et de diminuer l'autorité attachée à l'institution.
Quand, par une maladresse quelconque, ils arrivent à tomber devant les profanes on leur inflige l'amende suivante :
1 porc vivant ;
1 marmite de caloulou de poisson ;
3 grands paniers d'Akassas ;
1 bonbonne de tafia.
DEVOIRS ET DROITS DU ZANGBÉTO
Les principaux devoirs et droits du Zangbéto sont : - Surveiller le quartier où il est en résidence de façon qu'il n'y
ait ni vol, ni assassinat de qui que ce soit, ni aucun acte repréhensible dans ce quartier.
- Maintenir par tous les moyens la sécurité et l'ordre publics.
- Faire respecter aussi les Princes, les Notables ainsi que toutes
les autorités administratives et judiciaires.
— Arrêter les malfaiteurs, les voleurs, les assassins qui ont perpétré leurs forfaits pendant la nuit et les livrer à l'autorité publique, seule chargée de leur infliger les châtiments qu'ils méritent.
- Refuser le laissez-passer à des gens interlopes, à des frau
deurs notoires.
- Pénétrer dans les maisons en cas de danger imminent pour
porter secours aux sinistrés, aux habitants en danger de mort.
Auxiliaire de la justice, le Zangbéto a aussi le droit de pénétrer au Palais du Roi à toute heure de la nuit pour signaler les forfaits dont il est témoin.
LES SANCTIONS QUE PEUT INFLIGER LE ZANGBËTO AUX CONTREVENANTS
Parmi les sanctions dont dispose le Zangbéto, celle que redoutent le plus les indigènes est la sanction éthique consistant à crier le nom du contrevenant partout et à mettre l'embargo sur lui et sur ses biens.
Autrefois, -l'indigène qui avait contrevenu aux règles édictées par les Zangbétos et qui était l'objet de leur anathème, ne pouvait sortir ni vaquer à ses occupations. .
Pour faire cesser les effets de l'anathème, le Zangbéto inflige une amende que le contrevenant est obligé de payer sous peine d'être poursuivi par l'autorité administrative.
ATTRIBUTIONS DE-KPAKRIYAOU
Le Zangbéto-Roi KPAKRIYAOU est aux Zangbétos ce que le Ministre des Cultes AKPLOGAN est aux féticheurs. C'est lui qui tranche, en dernier ressort, les différends entre les initiés ou entre ceux-ci et les profanes.
LE LAISSEZ-PASSER
Quand un individu passe, il doit, à quelques mètres du Zangbéto, crier : Ago ! c'est-à-dire : laissez-moi passer.
Le Zangbéto, après avoir demandé son identité et constaté qu'il n'a pas une allure suspecte, l'autorise à passer.
Le laissez-passer délivré, il passe, lorsqu'il est profane, en baissant la tête, pour ne pas voir les initiés (Gbétovis), qui, eux, n'ont pas de case.
Lorsqu'il est initié, il peut, après s'être fait connaître par des signes et des mots de passe convenus, entrer dans la compagnie.
Les règles du laissez-passer s'appliquent aussi aux Zangbétos mêmes quand ils quittent leur résidence pour se rendre dans celle de leurs collègues.
Ils doivent, avant d'entrer dans une autre circonscription qui n'est pas la leur, demander le laissez-passer, une fois. Deux fois quand il s'agit de la circonscription de leurs collègues ayant le même grade qu'eux. Trois fois : Ago ! Ago ! Ago ! lorsqu'ils veulent passer à Avassa, circonscription du Zangbéto-Roi « KPAKRIYAOU ».
CAISSE DU ZANGBÉTO RECETTES-DÉPENSES
La Caisse du Zangbéto est alimentée par les offrandes qui lui sont faites par le Roi, par les initiés et les non-initiés qui demandent son concours dans des fêtes.
Ces recettes constituent un fonds commun qui est employé à parer aux dépenses de la confrérie : acquisition des objets (raphia), bambous, etc., à utiliser pour la confection des cases, achat des denrées, à consommer dans des repas communs, et achat des victimes pour des sacrifices propitiatoires au cours des cérémonies.
CONCLUSIONS
De ce qui précède, il ressort que les Zangbétos ne sont pas une association de gens désireux de s'amuser en commun dans la nuit pour embêter le monde.
C'est une institution pieuse, charitable, qui a sauvé TE-AGBAN-LIN, le fondateur de Porto-Novo d'une mort certaine et qui est susceptible, si elle est bien organisée et expurgée de certaines coutumes barbares, contraires aux principes de la civilisation française.
Que certains d'entre eux aient, dans le passé, parce que non contrôlés, abusé de leurs pouvoirs de surveillance et de sanction
nul ne peut le contester, mais l'erreur étant inhérente à la nature humaine, errare humanum est, qui peut se vanter de n'en avoir jamais commise ?
N'a t-on jamais vu les agents de Police ou les gendarmes dévier de la route qui leur est tracée pour faire eux-mêmes certains actes qu'ils sont chargés de faire réprimer ?
A t-on, pour cela, supprimé les agents de police et les gendarmes ?
Quelle que soit donc la faute commise dans le passé par certains Zangbétos, l'utilité ou plutôt la nécessité de cette institution ne saurait être mise en cause.
Mai 1937.
Louis HUNKANRIN,
Ancien Instituteur, Ancien Chargé de VËtude des Coutumes
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