Cette carte est une image cliché du mythe de la parité Nord/Sud, érigé en réflexe qui structure la mentalité sociale et politique au Bénin. Le pays, comme on le voit sur la carte, s’étire du Nord au sud et semble ne vivre que dans cette opposition à l'exclusion de toute autre. Alors que ces deux régions n'ont ni le même poids démographique ni le même rayonnement sociologique et économique, une règle venue d'on ne sait où veut qu'il y ait sur la carte exactement autant de villes du Nord que de villes du Sud (six). Selon cette logique aveugle, qui est une insulte à l’idée de parité dans ce qu’elle suppose de pondération, s’il n’y avait que dix habitants au nord et mille au sud, et qu’on voulût sélectionner vingt Béninois pour une reconnaissance ou une faveur quelconque, tous les dix Nordiques seront choisis et dix autres Béninois choisis au sud viendraient compléter leur nombre. Ce faisant on confond parité et égalité par assimilation de la parité avec la parité homme/femme, alors que celle-ci entraîne égalité tout simplement parce qu’il y a deux sexes et qu’en général dans les groupes humains il y a pratiquement autant de femmes que d’hommes. Cette représentation erronée de la parité surgit à tous les coins de rue de la vie sociale et politique béninoise. C'est le cas par exemple dans une autre image-- vidéo cette fois-ci--ou un ballet musical à Cotonou, visiblement sudiste dans son identité, après avoir donné à voir toutes sortes de danses et de chansons essentiellement Aja et assimilé, amène sans transition la danse tèkè qui fait partie du répertoire des clichés de la technique gestuelle sur le Nord. La question qui vient à l'esprit est : où est la solution de continuité dans ce saut culturel vers l'autre ? Comment des gens qui viennent de vous abreuver d’agbaja, de sato, de tchinkounmin, d’akonhoun, de zinli, de toba, etc. sautent-ils sans autre forme de procès vers une danse du Nord--fût-elle l'une des plus célèbres--alors que visiblement ils ont rechigné même au sud à ouvrir leurs yeux sur des cultures voisines très riches comme celle des Yoruba, représentées par des musiques populaires comme le apala ou le fuji et d'autres. Où est la rationalité de cette ouverture vers l'autre lorsque l'on reste aveugle à son propre environnement dans sa diversité ?
Eh bien là aussi il va de soi que, présenter un spectacle du Nord c'est rester dans le politiquement correct en sacrifiant au sacro-saint mythe de la parité Nord/Sud.
Alan Basilegpo
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