Une avalanche de meurtres racistes anti-noirs se commet depuis quelque temps aux États-Unis de façon méthodique et assidue. Ils sont pour la plupart le fait de policiers agissant dans le cadre de leur statut et de leurs fonctions. Ces actes de violence meurtrière, se soldent presque souvent par un non lieu car ils bénéficient d'un jugement de légitime défense ou sont considérés comme involontaires ou accidentels. Mais pourquoi une avalanche de ces meurtres maintenant, à quelques mois de la fin du mandat présidentiel déjà fort affaibli de celui que l’Amérique a présenté au monde entier comme le premier président noir de son histoire ? Oui la question se veut directe et brutale, car sans barguigner, il faut dire que ces meurtres commis par des policiers blancs ont tout l’air de crimes symboliques à motivations politiques, qui ne sont pas sans lien avec l'émergence de la figure de Obama comme premier président noir aux États-Unis. Après le choc du 11 septembre 2001, et après ou avec les guerres d’Irak et d’Afghanistan, voulant se défaire de la mauvaise image d'une Amérique perçue comme anti-musulmane, raciste et anti-tiers-monde, les Américains ont trouvé astucieux de se donner un président d'origine kényane par son père, avec quelques nuances musulmanes, bien que de confession chrétienne. C'est ainsi qu'est née l’ère Obama avec laquelle l'Amérique a tenté de se réconcilier avec le monde, d’opter pour un profil bas et de redorer son blason d'humilité humaine. Dans l'enthousiasme de cet avènement à la fois original et audacieux, on a parlé aux États-Unis et dans le monde d'une ère prétendument post-racisme. Sans aucun doute les tenants de cette thèse euphorique sont allés un peu vite en besogne. Jusqu'à quel point cette thèse est-elle fondée dans les faits et les sentiments enfouis depuis des siècles ? Les meurtres racistes répétés de Noirs et au demeurant commis par des représentants de l'État donnent à cette question toute sa signification polémique et sceptique. En effet ces meurtres ne sont rien moins que symboliques et politiques. Avec la fin de l'ère Obama, l'arrivée au pouvoir du prochain président noir américain n'est certainement pas pour très bientôt. À côté de cela, l'Amérique profonde et réelle, celle de la majorité blanche est pressée de solder l'héritage et la jurisprudence éthiques de l'ère Obama. Les Noirs américains se sont peut-être intérieurement libérés avec l'arrivée au pouvoir d'un homme présenté à tort ou à raison comme l'un des leurs. Ils ont bénéficié d'une amnistie égalitariste historique. Or, la psychosociologie et l'histoire politique des États-Unis sont fondées sur le refus de cette égalité et le racisme anti-noir qui en sont l'expression ardente, en tant qu’ils consacrent la supériorité émotionnelle du Blanc sur le Noir, et la crainte de celui-ci. Les huit années de l'ère Obama-- dont le premier mandat était quasiment exempt de meurtres de Noirs--ont sans doute libéré intérieurement le Noir et débridé son espérance d'égalité. Or cette liberté et cette égalité sont en contradiction avec l'esprit profond et vivace de la psychosociologie politique américaine. C'est pour réaffirmer la résurrection de cet esprit et la fin d'une période d'amnistie égalitariste ouverte par l'ère Obama que ces crimes se commettent de façon répétée, non pas par des Américains blancs ordinaires, mais par des représentants blancs de la force publique, une espèce de ku klux klan laïc en uniforme. Le message que portent ces meurtres impunis commis par des policiers blancs est celui du retour de l'ordre de la domination blanche, celui de la fin de la récréation onirique dans laquelle les noirs se sont complus sous l'ère Obama à laquelle ces meurtres entendent mettre un point final.
Bill Atkinson
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