Depuis quelque temps il y a un type qui parle au nom de la jeunesse, qui pourfend les velléités de perpétuation au pouvoir de Yayi Boni. Il serait le président d'un groupe dénommé front pour l'alternance en 2016, FA2016 ; il a pignon sur rue dans nombre de médias. On le voit apparaître régulièrement et souvent de façon concertée dans les grands journaux de la place comme Nouvelle Tribune, le Matinal et sur certaines chaînes de télévision. La facilité qu'il trouve dans ces médias prouve les milieux financiers et les personnalités politiques qui sont derrière cette nouvelle figure préélectorale qu'insidieusement on essaye de vendre aux Béninois. Incontestablement ce personnage relève d'un casting qui participe d’une démarche politique plus ou moins concertée dans certains milieux. Pour lors, jeune homme, il a l'avantage d'avoir une bonne cause, puisque l'organisation dont il est le président milite pour l'alternance en 2016. Quand on voit le nombre de gens, ou d'organisations plus ou moins politiques qui luttent pour le même objectif, et dont aucun organe de presse ne s’acharne à parler, on reste perplexe à l'idée de savoir pourquoi les médias font fonds sur sa seule démarche, à l'exclusion de toutes les autres. Qui ne va applaudir des deux mains une telle démarche ? Même si on se doute que les mêmes médias qui font méthodiquement sa promotion ne se commettent pas pour les beaux yeux de sa jeunesse. La seule chose qui me chiffonne c'est la finesse du casting qui a présidé à son émergence, jusque et y compris dans son patronyme. Il s'appelle Homeky, un nom pas très courant ou entendu dans les oreilles béninoises. J'ai toujours une suspicion pour les acteurs politiques qui surgissent au devant de la scène publique au Bénin et dont c'est seulement à l'occasion de leur surgissement que j'entends le patronyme pour la première fois. Ce n'est pas tant qu’il s'appelle Homeky ou Bohiki qui me gêne, encore que passionné de généalogie et d'histoire des familles, je suis très curieux de situer l'origine du patronyme d’un personnage public. Non ce qui me chiffonne est dans ce genre de surgissement qui cumule l'apparition d’un personnage jusque-là inconnu et la rareté de son patronyme. Ce qui me gêne aussi c'est la façon implicite dont les organes de presse que, dans la plus pure tradition béninoise, on imagine grassement stipendiés à cet effet, essayent de pousser subrepticement le pion de la naturalisation de ce parfait inconnu, il y a quelques mois encore. Par-dessus tout, ce qui titille mon embarras et active ma perplexité c'est cette façon vicieuse qu'ont les manipulateurs politiques béninois de considérer que la figure portante de l'action politique, celle qui est vendable au pays tout entier avec l'assurance d'un plein succès et un taux d'adoption optimal est celle incarnée par un homme sortant de la cuisse de Jupiter et s'il le faut arborant un patronyme rare, exotique ou presque jamais entendu auparavant par la majorité de ses concitoyens. Qu'est-ce que nous avons contre les Amoussou, les Aho, les Orou, les Issifou, les Bankolé, ou les Avocè en politique ? Et pourquoi trouvons-nous plus valorisant, plus subtile et plus sexy de pousser au devant du public un patronyme exotique qui correspond presque toujours à une potentialité hasardeuse ? En fait, une part de la réponse à ces questions vient d'une culpabilité idiote héritée de l'histoire, notamment dans sa dimension coloniale. D'entrée de jeu, notre pays était confondu par le colonisateur avec l'espace politique et culturel des Aho, Amègan, Dansou, Sènou ou Bolaji. C'est pour cela que le colonisateur l’a nommé Dahomey. Du reste, au-delà de l'impression qu'a laissée ce royaume dans l'esprit du colonisateur, il est une évidence que la grande majorité de nos concitoyens relève plus ou moins fortement de ce giron historique. Or, quand dans une nation une entité se sent ou se sait majoritaire à plus d'un égard, deux logiques possibles orientent son attitude politique. Soit elle réclame et/ou impose en toute circonstance la part majoritaire qu'elle estime lui être due, ce qui en démocratie veut dire la première part, le premier rôle, etc. Soit au contraire elle se laisse envahir par la culpabilité, le remords du privilégié. Cette culpabilité corrompant son affectivité politique, elle a le sentiment que l'autre, le minoritaire est la figure par excellence de la médiation politique ; que la politique et le politique ne commencent qu'avec lui. La politique dans son esprit est conditionnée par le recours médiateur et auto-dénégatoire à l'autre. Un exemple clair de ce syndrome est donné par ce qui se passa en 1972 lorsque des jeunes cadres de l'armée, tous originaires du sud ont pris l'initiative d'un coup d'état dont la réussite allait inaugurer l'ère de la révolution. Pourquoi s'étaient-ils sentis obligés de se mettre sous l'égide d'un chef qui était en dehors de leur extraction historique pour ne pas dire régionale ? Eh bien parce que la représentation de la vérité politique passait chez le sudiste qu'ils étaient par un masque nordique. Quand un nordique est à la tête des choses politiques alors la majorité ethnique du pays a le sentiment de la vérité politique ; la politique retrouve sa figure de vérité et de noblesse. Alors que même majoritaire dans une culture de régionalisme triomphant, le sudiste n'est pas au mieux de sa forme éthique et politique tant qu'il n'a pas fait appel à un autre pour donner à son intention la forme politique nationale qu'elle requiert. L'autre, le nordique sert donc au sudiste de caution nationale. Il s'agit d'un complexe et comme tout complexe, cette attitude ne peut être entièrement expliquée par la logique. On peut toutefois en relever à la fois l'imbécillité et l'absurdité lorsque l'on sait que le nordique ne se place jamais dans une attitude réciproquement similaire, et qu'aucun nordique ne meurt d'attendre la caution nationale du sudiste au sommet de l'État.
En 2006, ce complexe nous a poussés à naturaliser l'émergence d'un parfait inconnu nommé Yayi sous prétexte qu'il était nordiste. Qui aurait accepté le premier Hounsou ou Sètondji venu de nulle part comme président de la république ?
Dans le cas par lequel nous avons introduit cette réflexion, peu me chaut de savoir si le soi-disant Homeky est sudiste, nordiste, oriental ou occidental. Mais force est de reconnaître deux choses dans sa geste subtile : 1° à l’instar d’une Madougou il y a une dizaine d’années, il danse bien au son du tam-tam de quelques acteurs politiques de l’ombre ; 2° dans le casting qui a prévalu à son surgissement médiatique, il n’est pas jusqu’à la résonance exotique de son patronyme qui ne participe subtilement à la rhétorique de la persuasion des Béninois
Dr Aboki Cosme
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En 2011,Oswald officiait sous la bannière ABT,donc il n'est pas si inconnu.et pourquoi se focaliser sur son patronyme,en vous lisant j'ai pas compris la subtilité à déchiffrer son nom.ce qui doit importer est ni plus ni moins ces idées.votre analyse n'y fait pas cas.en quoi c'est gênant,qu'il est un financier?si,il lui passait par la tête d'être président ou je ne sais quoi,ce pays se voulant toujours démocratique,alors il passera par l'aune des urnes.ainsi de ce fait,légitimer et légaliser son ascension et ces idées
merci
Rédigé par : Etienne d'almeida | 18 avril 2015 à 20:33