Quand Yayi Boni est venu en 2006, il nageait en plein dans le marigot de l’ethnie. Ses collaborateurs et Ministres les plus en vue, ses partenaires politiques étaient choisis avec subtilité selon le fil conducteur tribal, idéologiquement tissé autour de la revanche/renaissance de la nébuleuse nago ou assimilé. L’initiative est d’autant plus hasardeuse que, dans le fond, ethniquement parlant, il n’y a rien de géographiquement précis qu’on puisse appeler Nago. Le Nago au Bénin n’étant que la traduction de l’éclectisme géographique des Yoruba qui, sur la façade est longeant la frontière du Nigeria, se traduit, de Porto-Novo à Parakou voire au-delà, par un métissage avec des populations plus occidentales. C’est sur cette identité variable dont le seul dénominateur commun est la culture des Yoruba et la mémoire douloureuse du prix politique de leur insertion que spécule la revendication identitaire nago. Yayi Boni en a fait son cheval de bataille. Ses nominations inaugurales en portent la marque la plus fervente. De Edgard Guidibi à Soumanou en passant par les Koupaki et autre Fagnon, tous ceux qui, à un titre ou à un autre pouvaient se prévaloir de ce giron idéologique nago étaient incorporés dans l’arche de Noé politique de Yayi. L’idée c’est qu’en Afrique on ne peut pas faire de la politique et qui plus est, on ne peut pas être président sans avoir une ethnie ou une région. Et Yayi Boni avait son ethnie : Nago, et sa région : le « Nord » c’est-à-dire selon son acception, partout sauf là où se trouvent les Aja/Fon et assimilés. Même, il est fort à parier qu’un homme comme Nago qui, de fait appartient au groupe ethnique des Aja/Fon n’a eu grâce aux yeux de Yayi que sur la seule foi de son patronyme ! Selon son raisonnement aveugle, Yayi devrait avoir trouvé un au-delà historique à ce patronyme qui le relierait à sa filiation nago authentique. Ainsi, à sa grande satisfaction, les deux personnages les plus importants de l’état sous son règne étaient Nago : l'un au moins par son nom, l'autre par sa race. Et par-dessus tout, la croisade ethnique et la revanche/renaissance des Nago qui instruisaient la geste de Yayi étaient tout entier dirigées contre les Fon en tant que majorité ethnique du pays mais surtout considérés par lui comme les ennemis héréditaires des Nago avec lesquels il écumait intérieurement d’en découdre. Après ce grand départ en fanfare dans un marigot ethnique et régionaliste, Yayi Boni finit sa course présidentielle dans une baignoire familiale. Toute honte bue, le héros de la geste régionaliste se replie sur le périmètre familial et, ironie du sort, se voit obligé de mettre ses pas dans ceux de Soglo, qui soit dit en passant est un Fon. Comme Soglo, il pratique le regroupement familial en politique ; ne comptant maintenant pour survivre que sur ses cousins, ses fils, ses épouses, ses gendres et ses neveux… Que de chemin parcouru ! Quel honteux échec ! Fallait-il tourner à ce point le couteau dans la plaie du racisme régionaliste pour en arriver là ? Bachabi Ayninde |
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