Selon un préjugé qui a la vie dure, les gens ont tendance à penser que les Africains sont bêtes, et que c'est leur supposée imbécillité congénitale qui serait la raison pour laquelle ils n'arrivent pas à décoller, et végètent dans la misère sur fond de violence, de guerres et de coups d'état de tous côtés et à répétition. En fait, il s'agit d'un préjugé, d'une fausse représentation de la réalité africaine. Les Africains ne sont pas plus bêtes que les autres, ils ne sont pas plus imbéciles que les Asiatiques ou les Occidentaux, à une translation chronologique près de l'expression dynamique de leurs potentialités. En vérité, le problème africain découle de l’inversion du rapport politique entre l'imbécilité et l'intelligence d'une part, et entre la malhonnêteté et l’honnêteté d'autre part. Dans l’histoire de l’humanité, ce rapport, de tout temps et en tout lieu, n'a pas besoin d'être numérique--combien d'Einstein l'Occident a produit parmi ses millions de gens ordinaires ?--Non, ce rapport est avant tout politique. Dans les pays qui avancent ou tirent leur épingle du jeu de la modernité, le rapport politique intelligence/idiotie, Probité/malhonnêteté est positif. Cela veut dire que dans ces pays, ceux qui ont le pouvoir sont, dans leur grande majorité, des hommes intelligents et les hommes honnêtes. Alors qu'en Afrique il en va tout autrement. Dans un organisme biologique normalement constitué, et l’homme en est l’exemple le plus abouti, ce n’est pas les membres encore moins l’anus qui dirigent l’animal et soumettent le cerveau à leur ordre, mais au contraire c’est le cerveau qui dirige l’animal. En Afrique, ce rapport politique déterminant est purement négatif ou inversé. Cela veut dire qu'en Afrique, à tous les niveaux, le pouvoir est usurpé, possédé et détenu par une tourbe infecte de voleurs, de brutes, d'oligophrènes et de médiocres qui imposent l'ordre de leur médiocrité mais aussi le règne de leur bêtise à tout un continent avec souvent l'assistance cynique de ceux qui, dans le monde pour ne pas dire en Occident, ont défini leur réussite ou leur progrès comme antinomique au nôtre, et passant nécessairement par l'échec ou l’arriération de l'Afrique. Dans ce contexte absurde, les talents sont ignorés ou méprisés, les hommes de qualité, les génies, sont écrasés, éliminés, réduits au silence. Telle est la source principale du problème africain. La question de l'origine historique de cette inversion se pose et son examen rigoureux est une condition sine qua non du décollage africain. Mais une chose est sûre, les diverses influences symboliques mais surtout politiques et économiques que l'Afrique a subies par le passé depuis les périodes des esclavages jusqu'au colonialisme ont contribué à instaurer cette inversion du rapport politique en Afrique. Le coup de massue a été donné par le colonialisme, dans la mesure où ce qu'on a appelé décolonisation ou indépendance de l'Afrique n'a fait que codifier l’inversion du rapport politique dans l'intérêt des occidentaux. Quoi qu'il en soit, tant que les Africains n’auront pas pris conscience de cette situation absurde, afin d’y remédier au plus vite, l'Afrique continuera à végéter dans la misère, la souffrance, la sujétion et les difficultés qu'elle connaît aujourd'hui. Dr Zephyrin Aklassato |
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