Le fait que le Président des États-Unis ne soit qu’un prête-nom à un système oligarchique de systèmes de puissances et d’intérêts occultes, quoique bien compris, n’aura jamais été aussi bien illustré que sous la présidence bien lisse d’Obama.
Il est vrai qu’en démocratie, le pouvoir appartient formellement au peuple ; et celui-ci élit dans des conditions dont l’absolue liberté est sujette à caution un homme censé l’exercer en son nom. Mais la représentation du Président en Démocratie — et pas seulement du président démocrate — comme un homme tout-puissant et un magistrat plénipotentiaire qui décide des grandes orientations et opérations — économiques, politiques, diplomatiques et militaires — dont l’intelligence, la sensibilité, la volonté, le point de vue, mais aussi
les caprices et le bon vouloir priment tout, impulsent tout et impriment sa marque sur tout, cette représentation personnaliste et individualiste du Président aux États-Unis, dans le meilleur des cas, n’est qu’une illusion joliment entretenue. Une illusion que le faciès d’Obama, en dépit et peut-être surtout en raison de son intelligence, éclaire d’une limpide lueur…
Pour un homme politique sorti de nulle part comme Yayi Boni, en quête de terroir et épris de présidence à vie, le régionalisme est la voie royale, la solution idéale. Il se constitue à la fois par action interne et par réaction externe. L'action interne se réalise à travers le climat de préférence tribale, ethnique et régionaliste qui se diffuse dans les mille et un gestes et décisions de la vie politique de tous les jours. L'action externe est la réaction d'indignation des autres--ethnies ou régions laissées pour compte et frustrées par le climat de préférence ethnique et d'injustice nationale régnant. Cette réaction, attendue et provoquée, est traitée par le mépris et ce dans le but de confirmer implicitement la prépondérance ethnique ou régionaliste du président en quête de terroir et de région d'identification. Dans le cas de Yayi Boni il y a sous-jacent un faux discours de revanche ethnique, basé sur la réalité socio-économique et l'histoire. Et une justification qui tendrait à faire voir les actes de régionalisme comme des corrections volontaristes,
ou une discrimination positive par rapport à des injustices ou des inégalités inhérentes à la société. Le pire de cette justification frauduleuse consiste à tenir les victimes ou les laissés-pour-compte de ce climat de préférence régionaliste comme méritant leur sort parce que jusque-là privilégiés, sinon responsables du déséquilibre que le régionalisme ne fait que tenter de corriger.
Hier après-midi, allant rendre visite à un cousin habitant à Glo, sur la route à double voie de Godomey, je rencontre un long truck chargé d'une masse compacte de religieux en uniforme, dansant en diable et hurlant dans des haut-parleurs des incantations bibliques. On m'apprend que ce sont des évangélistes en tournée d'exhibition dans la ville. Ce matin, dès 2 heures, mon sommeil est interrompu par la longue voie du muezzin de la mosquée mitoyenne du lieu où je crèche. Absurdité qu'au nom du droit à la religion de quelques-uns, tout un quartier soit empêché de dormir. L'absurdité avait été naturalisée par la régularité de l’intervention deux à trois fois par nuit de la voix du muezzin mais la brièveté relative et la régularité de ces appels induisaient un effet d'accoutumance qui les rendait acceptables. Malheureusement, mon arrivée coïncidait avec la sainte période du ramadan, à laquelle, pain béni pour le parti pris clientéliste du régime, les médias d'État et les autres stipendiés s'en donnent à coeur joie d'accorder une ubiquité publicitaire et une couverture médiatique dont l'obscénité ne choque plus grand monde. Et la voix du muezzin ne connaît plus de répit. Ces interventions tonitruantes avaient aussi troqué leur rassurante régularité contre une occurrence fantaisiste qui ne permettait pas de se frayer le moindre petit sentier dans la dense forêt tropicale du sommeil sans être troublé.
À tout bout de champ, mes tentatives de creuser une sente paisible dans cette forêt était empêchée par les éructations bondieusardes du muezzin ; parfois brèves, parfois longues, et des prières dans lesquelles revenaient la rengaine : « Allah wakh’ba ! » et d'autres : « Laïla ilala. » Et d’un point de vue historique, l'absurdité était surtout dans cette dimension symbolique par laquelle, en pleine nuit à Cotonou, ville dont, au prix d'une guerre mémorable, Béhanzin a tenté de sauvegarder l'indépendance, on pouvait, un siècle plus tard, entendre ces voix aliénées et aliénantes aboyer des prières en langue arabe ! Misère des vicissitudes de l'histoire ! Farouchement soutenues par un régime dont l'un des objectifs à peine cachés est le renoncement joyeux aux valeurs autochtones, l'inféodation frénétique à l'étranger, l'aliénation symbolique et culturelle, conçue comme le seul moyen de se défaire de la prépondérance historique du sud qui gêne tant…
Le Ghana à beau être un modèle respectable de la démocratie en Afrique, – au pays des aveugles les borgnes sont rois -- l'état de cette démocratie nous force à reconnaître que ce modèle est loin d'être idéal. Notamment on doit à la vérité de reconnaître que les dernières élections ne sont pas exemptes de fraude, en dépit de la bonne volonté interventionniste du président en exercice de l'UA de l'époque, un certain Dr Yayi Boni tout de bleu vêtu… L'astuce et la fonction du jeu démocratique ont consisté à désamorcer l'explosion de la révolte sous prétexte de confier les plaintes de fraude de l'opposition au fonctionnement normal de la Cour suprême. Mais pense-t-on sincèrement qu'au terme de tous ses assises et délibérés, la Cour suprême ferait autre chose que de confirmer le verdict de la Commission électorale du Ghana ? Pense-t-on sincèrement que la Cour suprême du Ghana sortirait un avis qui dira au pouvoir de John Mahama : « eh bien cher Monsieur, après vérification des plaintes et justifications des un et les autres, il s'avère que vous avez été élu par fraude et il va falloir descendre de votre trône présidentiel » ? Évidemment non ! Et, conformément à l'évidence de cette réponse négative, le système manipulateur du peuple, aidé en cela par les intrusions en sous-main des puissances occidentales--qui ont tout intérêt au statu quo, fût-ce dans l'injustice démocratique contre le peuple, essaie de préparer celui-ci à avaler la couleuvre frauduleuse dont une partie avait déjà été enfoncée dans sa gorge.
De-ci de-là se diffusent des messages qui en appellent à la paix et à l'acceptation du verdict de la Cour suprême, quel qu'il soit. Un sommet national pour la paix est en cours d'organisation. Dirigé par le Rév. Emmanuel Asante, le conseil national de la paix est à pied d'œuvre. Les deux anciens présidents encore en vie du pays--John Jerry Rawlings et John Agyekum Kufuor doivent prendre la parole et s'exprimer sur la nécessité du dialogue en vue de faciliter la gestion du verdict de la Cour suprême ainsi que d'autres sujets ayant trait à la cohésion nationale et à la stabilisation de la démocratie au Ghana. Mais tout cela n'est que mise en scène du désamorçage d'une explosion potentielle consécutive à des fraudes avérées dont la tolérance et la dénégation institutionnalisée constituent le prix à payer pour continuer à qualifier le système politique du Ghana de démocratie. Dieu sauve le Ghana
Quand vous tolérez A, vous finissez tôt ou tard pas avoir Z à votre porte. Quand vous donnez un doigt au diable, il finit par prendre tout votre bras, dit un proverbe russe. Le Béninois est vraiment intrigant et se croit souvent plus malin ou plus intelligent qu'il n’est en réalité. On observe aujourd'hui dans la société une ébullition qui exprime l'opposition à l'initiative de révision opportuniste de la constitution entreprise de façon autistique par M. Yayi Boni. Les gens qui, hier, sponsorisaient, soutenaient Yayi, étaient dans le noyau dur de ses soutiens--financiers, intellectuels, idéologiques et politiques—de Talon à Tévoédjirè en passant par Agbo, Dossou et consorts, tous s'agitent, ou se taisent—ce qui est déjà beaucoup pour certains, quand on songe à la place qu'ils occupaient naguère dans le dispositif vital du régime. Or on n'avait pas vu une telle fièvre en amont et en aval du K.-O. électoral de mars 2011. Tous ces gens du sud qui soutenaient un Yayi qui n'était pas peu fier de s'affirmer nordiste, cette tourbe de renieurs de soi, pour qui la politique c'est l'autre ou tout sauf soi-même, cette venimeuse engeance d'égoïstes trouvait fort naturel de tenir l'un des siens et pas le moins compétent--Me Adrien Houngbédji pour ne pas le nommer--comme l'holocauste naturel, la bête sacrificielle idéale de leur haine de soi chevillée au corps et à l'âme. Ils ne peuvent pas dire qu'ils n'ont découvert la nature profonde de M. Yayi, sa personnalité de base qu'au tournant de sa volonté opportuniste de réviser la constitution. C'est que le crime politique du K.-O., dans leur esprit étriqué de haine, ne concernait ni le pays ni sa destinée mais un seul homme qu'ils en tenaient pour la victime expiatoire exclusive : Me Adrien Houngbédji. C'est pour cela qu'ils y ont œuvré avec acharnement.
C’est pour cela que certains avec malice ont joué le Cheval de Troie C'est pour cela qu'ils l’ont financé passionnément. C'est pour cela qu'ils l'ont admis à la Cour constitutionnelle. C'est pour cela qu'ils sont restés silencieux au lendemain du forfait. C'est pour cela qu'ils n'ont pas levé le petit doigt. Et la chose est passée devant leurs yeux comme une lettre à la poste.
Ce faisant, ils ont toléré A sans penser à B ni à C, encore moins à D… etc
Et voilà que le Z , le Z du zéro existentiel et politique est à leur porte. Alors, tous autant qu'ils sont, ils se mettent à pousser des cris d'orfraie. Et ceux qui criaient avant, à l'appui du régime se taisent, un silence de cimetière où ils essayent désespérément d'enterrer la honte de leur bêtise, que certains tenaient pour le summum de l'intelligence… Moralité de l'histoire ? Le Béninois n'est pas aussi intelligent qu'il le croit, il suffit qu’il fasse preuve de modestie pour s’en apercevoir. Et cette société où des ligues obscures et prétentieuses s'accaparent l'espace politique au nom d'une autorité imaginaire, cette société doit faire son examen de conscience. La démocratie n'est pas le règne d’un ramassis de prétentieux ou de connaisseurs autoproclamés de la chose politique ; la démocratie c'est le pouvoir ouvert de la multitude. À bas les soi-disant faiseurs de roi ou découvreurs d'oiseau rare. Béninois, l'ostentation dans le soutien à l'autre ne saurait cacher la haine du frère, sache-le et aie le courage de t’en amender. Il ne faut pas noyer le poisson de la haine de soi dans l’Océan de l’identité. Il y va de l'avenir du Bénin, de l'avenir de l'Afrique
En Grande Bretagne ou dans n'importe quelle Monarchie constitutionnelle civilisée, quand on change de Constitution on ne change pas de Royaume. Il n'y a que dans les Républiques--dans l'esprit des révolutions et tumultes politiques français--que le changement de Constitution entraîne de facto le changement de République. Le changement de République lui-même ne devrait pas intervenir après n'importe quelle modification de la Constitution. Pour qu'on parle, et pour qu'il y ait un changement de République suite à une modification de la Constitution, il faut, à défaut d'un changement de fond en comble, que les changements intervenus introduisent dans le fond un nouveau paradigme constitutionnel, politique et idéologique, une nouvelle ère politique. Si bien que dans nos Républiques plus ou moins bananières qui s'essayent cahin-caha à la Démocratie, se pose le problème de réfréner la tentation tenace pour certains dirigeants d'instrumentaliser des modifications opportunistes de la Constitution pour se prévaloir ensuite du changement supposé de la République pour se présenter à nouveau au suffrage présidentiel. Or, pourquoi ne pas tirer parti de la situation des Monarchies constitutionnelles civilisées ? Nous savons que dans ces Monarchies constitutionnelles, le changement de la Constitution, fut-il complet, n'entraîne pas le changement de Royaume et le système royal ainsi que le Roi gardent leur quiétude politique traditionnelle. Si le changement de Constitution n'entraîne pas changement de Royaume c’est que priorité a été donnée à la stabilité et à la continuité de l'État. Et cette continuité de l'État n'est pas l'apanage des seules Monarchies constitutionnelles, puisqu'elle est observée aussi dans les Républiques. Or, dans les Royaumes comme dans les Républiques, ce qui ne change pas c'est l'État. Le changement de la Constitution et même de la République n'affecte pas la continuité de l'État. Ainsi l'État béninois ne saurait se défausser de ses dettes -- qu'elles soient nationales ou internationales -- au motif que la République aurait changé. L'État est donc le même la veille comme au lendemain d'un éventuel changement de République--aussi polémique soit-il.
Chez nous au Bénin, il est heureux de constater que le Président de la République est aussi le chef de l'État. Ces deux fonctions sont solidairement liées par la Constitution. Si la République change et que l'État ne change pas, un homme qui avait assumé les deux fonctions constitutionnellement ne peut se prévaloir du changement d'un seul de ces fondements pour se porter candidat à la double fonction présidentielle dans une éventuelle nouvelle République. Car si la République est nouvelle, l'État, lui, reste inchangé. Donc dans le fond et à condition que ce soit clair, nous avons les moyens constitutionnels de désolidariser ce qu'on appelle changement de République et la tentation de se perpétuer au pouvoir qui, de la part de nos dirigeants, en est souvent la motivation. Modifier la Constitution ne devrait pas vouloir dire changer de Constitution. Si le changement de Constitution entraîne le changement de République, le changement de République quant à lui n'entraîne pas le changement de l'État qui jouit de sa pleine continuité.
Dès lors celui qui avait été le chef de l’État sous une précédente Constitution, en vertu du principe de limitation du nombre de mandats, ne saurait se présenter à une élection à la fonction de Chef de l’Etat au-delà de la limite impartie par ce principe.
« Entre partenaires, on n’espionne pas » aurait déclaré la commissaire européenne à la justice Viviane Reding. On comprend pourquoi l'Union Européenne et la France sont jusque-là restées coites lorsqu'il était question de la Chine. Les principes et les valeurs en jeu n’ont donc rien d’universel. Mais le mot espion est à vrai dire sujet à questionnement. Il ne correspond pas au scandale du SNOWDENGATE. L'espionnage est une recherche secrète sur un sujet ponctuel, dans un but précis dans le temps. Mais mettre en place un système de surveillance totale et permanente de l'autre, d'enregistrement systématique de ses faits et gestes de tous ordres porte atteinte à sa dignité et fausse le jeu de l'identité de chacun. Parce que si l'autre n'a aucune parcelle d'intimité, nous-mêmes nous serions atteints. Nous avons besoin d'une certaine distance vis-à-vis de l'autre, et cette distance se constitue en partie de tout ce que nous ne savons pas de lui. Or, si nous savons tout sur tout le monde tout le temps, c'est la mort de l'intimité et, par ricochet, la mort des identités.
Ce nouveau concept de surveillance totale et permanente qui prend prétexte de la lutte contre le terrorisme n'est qu'un prolongement d'une politique mise en place au lendemain du 11 septembre 2001.
Politique qui a justifié une guerre que l'on appelait alors préventive en Afghanistan. Le fait de surveiller tout le monde tout le temps, et sur toute chose, relève aussi de cette philosophie nouvelle de la prévention et de la méfiance qui enlève à la surveillance classique le caractère de ponctualité et de limitation dans le temps, dans l'espace et dans les thèmes qui était le propre de l'espionnage. Ce qui est à l'œuvre et que trahissent les révélations du SNOWDENGATE c'est plutôt un hyper-espionnage totalitaire dont les conséquences anthropologiques, politiques et géopolitiques sont inquiétantes.
BASHIRU et BELUCHI, ou Pourquoi Wole Soyinka n’était pas Présent aux Obsèques de Chinua Achebe.
L'histoire de BASHIRU, un Nigérian pilleur de pipeline m'inspire quelques réflexions sur les mentalités dans leurs rapports avec la politique et l’appartenance ethnique. L'histoire est racontée dans le PUNCH du 20/06/2013. BASHIRU MAJIYAGBE a connu la prison cinq années plus tôt pour cause de vandalisme sur les pipelines, fléau qui sévit au Nigéria, grand producteur de pétrole mais aussi pays où les revenus de cette manne sont inégalement répartis ; ou plus exactement font l'objet d'une répartition dont le caractère inégalitaire est d’une violence bestiale.
Libéré quelques semaines plus tôt, BASHIRU vient d'être à nouveau arrêté pour le même vandalisme et sera jugé sans doute plus sévèrement, vu que sa première expérience carcérale ne semble pas l'avoir instruit. Dans une interview au PUNCH, le récidiviste explique que depuis la prison, il a créé un gang qui opère sur les pipelines. Ce qui fait qu'une fois libéré, il n'a eu qu'à continuer à ciel ouvert ce qu'il faisait déjà derrière les barreaux… Le Nigéria est un pays très corrompu, marqué par une délinquance et une criminalité endémiques. Le taux de ces activités criminelles est plus élevé que cette normale dont les sociologues considèrent qu'elle définit une société saine. Dans les grandes villes, le vol à main armée est une banalité, et se solde souvent par des morts. L'une des caractéristiques de Lagos, la plus grande ville du pays, ce sont ces cadavres humains au coin des rues qui pourrissent, dans l’indifférence générale et que personne n'ose considérer comme tel, comme s'il s'agissait d'un cadavre animal ou d'un monstre abandonné par des extraterrestres en fuite. Quand on voit l'âge moyen des délinquants et autres area boys qui sévissent dans les quartiers ainsi que l'âge moyen des gangsters--une petite vingtaine au plus --quand on voit leur nombre à Lagos et dans les grandes villes du pays, quand on voit leur virulence et leur violence, la hargne implacable dont ils font montre, on se dit que tout cela traduit un échec de l’éducation. Si l'école avait fait son œuvre, à supposer qu'elle pût accueillir tous les enfants du pays et les conduire jusqu'à un âge certain ; si l'école, pour ceux qui en ont bénéficié, avait pu déboucher sur une formation et un emploi, il serait normal d'espérer que le grand nombre de déscolarisés ou analphabètes, abandonnés à eux-mêmes, les milliers de sans-emplois qui peuplent les villes, bref que tout ce beau monde ait mieux à faire que d'aller grossir les rangs des gangsters, des area boys qui infestent les villes et se livrent à des activités criminelles de toutes sortes : kidnapping, trafic de drogue et d'armes, arnaques sur Internet, vol à main armée, viol, recel de cadavres, etc...
Dans le caractère qualifié de béninoiserie, il y a un trait qu'on dénomme jalousie. Le Béninois, dans une sagesse douteuse, s'habitue à reconnaître ce trait chez son semblable. Mais la jalousie n’est pas exactement ce qui correspond aux comportements, tendances et manifestations que l’on place au Bénin sous ce terme. En fait ce qui est en jeu bien souvent est une forme d'intolérance aveugle, refus de s'auto-évaluer, une dénégation de sa propre valeur, ignorance de soi, ou refus de se regarder en face qui laisse la porte ouverte à toute comparaison avec autrui dès lors que les situations sociales instaurent une apparence de parité. Dire qu'on est jaloux, ou même se permettre de manifester de la jalousie vis-à-vis de quelqu'un dont la parité sociale n'est que formelle, subjective ou tirée par le cheveu, n’est pas de la jalousie mais une vanité pathétique et le refus de prendre conscience ou d’accepter sa propre valeur.
Cela ne veut pas dire que la jalousie n'existe pas entre Béninois. Elle existe comme chez tous les êtres humains mais ce que le Béninois met souvent en scène et que beaucoup d'entre nous qualifions comme telle n'est qu'une vanité pathétique de dénégation de la réalité de sa valeur, grimace de médiocrité qui fait semblant de s'ignorer. En fait, la vraie jalousie est un sentiment qu'on éprouve vis-à-vis de quelqu’un qui est un pair, quelqu'un avec lequel vous partagez les mêmes valeurs, quelqu'un qui a le même niveau que vous, et qui à ce niveau manifeste un style, une opportunité, un avantage, un don socialement reconnu, un talent qui s'impose et dont la reconnaissance
soudain menace la perception de votre parité et met en danger votre amour-propre. Le phénomène de vanité pathétique et dénégatoire très commun chez le Béninois peut faire illusion mais il n'est pas de la jalousie à proprement parler dans la mesure où la perception de la parité sociale sur laquelle elle est étayée est une perception délirante et sujette à caution. Un exemple dans le monde animal peut éclairer sur cette différence subtile, mais dont l'importance permet de cerner le caractère du Béninois. Le rhinocéros peut être jaloux de l'éléphant parce qu’il y a bien une parité objective entre ces deux mastodontes herbivores de la savane. Mais si le phacochère prétend qu'il est jaloux de l'éléphant--travers répandu chez le Béninois et qui participe de ce qu'on appelle béninoiserie--alors nous avons affaire à de la vanité pathétique à fonction dénégatoire
La date centrale de cette révolution est à coup sûr le 16 juin. A cette date, en 1979, l'ancien militaire et homme fort ghanéen Ignatius Kutu Acheampong a été abattu après que le Lieutenant d’aviation Jerry Rawlings a pris le pouvoir, à la suite d’un coup d’Etat. Acheampong lui aussi était venu au pouvoir par un coup d’état en 1972, dans un Ghana politiquement instable, et a dirigé le pays, entre populisme , démagogie et corruption, pendant ces années 70, période de crise économique et politique, jusqu'à ce qu’une révolution de palais dirigée par le général, Fred Akuffo l’eût renversé. Acheampong a été admis à la retraite dans son village d’Ashanti par le nouveau régime, mais il ne jouira pas longtemps de cette retraite dès lors qu’une révolution nationale mettait fin au règne d’Akuffo, le 4 juin, et amenait au pouvoir le sous-officier Jerry Rawlings.
Moins de deux semaines après que Rawlings a été installé en tant que nouveau chef d'Etat du Ghana, Acheampong a été exécuté sur une accusation de corruption. Mais il s’en fallait de beaucoup pour calmer la colère grandissante du peuple contre la clique militaire sortante. Colère dont Akuffo et cinq autres militaires feront les frais un peu plus tard dans ce même mois de juin de l’année 1979.
En Afrique, on oppose volontiers les intellectuels et les hommes politiques. Ces derniers, comme leurs semblables du monde, et peut-être plus qu’eux, feraient peu de cas de la pensée. Mais en Afrique l’opposition entre le politique et l’intellectuel est trompeuse. Car plus d’une similitude unit ces deux catégories d’acteurs que le sens commun oppose.
Par exemple, sur le plan éthique, nos intellectuels sont les premiers à profiter de l'impunité ambiante ; vu le peu de cas qu'ils font de la nécessité de rendre compte de ce qu’ils prétendent être. Car, bien souvent il leur suffit d'obtenir un titre, de se faire appeler « Docteur », « Maître », « Professeur ». Après ils n'ont plus rien à prouver. Tout le monde sait et eux les premiers, que les recherches sérieuses, les grandes découvertes qui transforment le monde viennent de chez les Blancs. L’Africain ne cherche même pas à adapter ses connaissances aux réalités spécifiques de sa société. Donc, peinard est le soi-disant intellectuel africain qui ne se croit pas obligé de prouver quoi que ce soit. Ce qui signifie qu'il n'entend pas rendre compte de ce qu'il prétend être. Cette attitude, traduite sur le plan juridique et éthique ressemble à l'impunité de l'homme politique qui n'a aucun compte à rendre de ses actions, de son bilan, de ses fautes sinon de ces crimes. De même aussi la posture d’aliénation et de servilité qui est la caractéristique de nos hommes politiques et que le néocolonialisme a codifiée, cette posture en fait n'est pas leur seul apanage. En vérité il s'agit d'un fait de culture hérité de l’historie que l’on retrouve chez les lettrés, les akowé et à plus forte raison chez l'intellectuel parvenu. Cette manière que la bonne volonté intellectuelle sous nos cieux a de
pactiser avec l'extraversion et l'hétéronomie ; que, fondée sur nos conditions historiques d'aliénation symbolique, nos intérêts intellectuels ainsi que nos œuvres ne prennent d'importance à nos yeux que lorsqu'elles sont reconnues par le Blanc, aussi peu objective que soit souvent cette reconnaissance. Combien de savants africains ne se considèrent comme tels que lorsqu'ils ont bénéficié d'un strapontin à Harvard, Massachusetts ou même Paris ? Combien d'écrivains ne se considèrent comme tels que parce qu'ils sont édités à Paris, Londres ou New York et qui n'hésitent pas de ce fait à mépriser leurs congénères qui n'ont pas la même opportunité ? Combien d'entre eux ne rêvent que de la reconnaissance de jurys occidentaux ?
Si en Afrique la tendance qu’ont les titres intellectuels de se suffire à eux-mêmes frise une forme d’impunité de la part de leurs détenteurs, l'hétéronomie compulsive qui caractérise l'intellectuel est l'équivalent de la servilité néocoloniale des politiques.
On peut mesurer l'image d'un personnage public par les commentaires que suscite un article en ligne sur sa personne. Un tel feed-back est pour l'opinion ce que l'onde de choc est pour une bombe. Le cas de M. Albert T est assez révélateur de la vérité des faits lorsque celui qu'ils concernent en a joué jusqu'à la corde. Albert T est un personnage qui a la réputation d'un renard parce qu'il serait rusé, retors et fin fabricant en usines à gaz politico-médiatiques. Mais ce caractère de renard ne concerne pas uniquement sa personnalité politique dont tout le monde sait, au soir de sa vie, qu'elle a été plus tissée de bluffs et de consensus frauduleux que de vérités. L’homme s’est en effet autoproclamé faiseur de rois parce qu'il avait d’abord acquis la stature très valorisée au Bénin de ceux qui ont squatté à l’envi les organisations internationales. Après avoir harcelé le régime politique au pouvoir au lendemain de l'indépendance, à coups de brûlots et d'articles venimeux dans la presse, il a fini par être coopté en son sein. Cet opportunisme espiègle basé sur le chantage à la virulence rhétorique lui a permis de fil en aiguille de se retrouver au Bureau International du Travail, BIT. Et de ce lieu international, il a acquis ce qui pour l'imaginaire extraverti du Béninois, constitue le sésame de l'influence politique, l'image de la grande personnalité qui s'imposa comme incontournable dans le paysage et le système des acteurs politiques. Il s'agit bel et bien d'une montée en puissance vicieuse, basée sur un stratagème circulaire : on fait peur au landerneau politique avec sa verve venimeuse ; celui-ci pour avoir la paix vous coopte, vous en profitez pour accéder à un poste international ; puis, de là vous revenez auréolé de gloire et de l'aura mystérieuse d'un « grand quelqu'un ».
La Sexualisation à Outrance de la Danse en Afrique, un Sida Colonial Florissant
En Afrique jadis, le corps était exposé. La danse était l'occasion d'une expression codifiée. On dansait pour les dieux, on dansait pour les cieux, on dansait pour la vie, on dansait pour transcender la mort. Ce qu'on a appelé manque d'écriture en Afrique était une interprétation erronée du regard occidental. Si l'écriture telle que le conçoit l'Occident a fait défaut, bien d'autres systèmes, au demeurant intégrés, y palliaient. Et la danse faisait partie du système d'écriture et d'expression corporelle de l'Afrique Noire. Les corps étaient nus jadis, ils se contorsionnaient, se trémoussaient, ils se rétrécissaient, s’ouvraient ; ils suaient, bougeaient et respiraient la vie. Par sa médiation, les deux sexes entraient en effusion vitale. Mais jamais le regard n'était fixé sur l'intention sexuelle. D'autant moins que, loin du regard lesté de culpabilité judéo-chrétienne qui caractérise la mentalité occidentale, le regard africain sur le corps était un regard d'extase, de joie, de communion et de communication vitales. Quand le blanc est arrivé, dans ce mouvement de la vie, il n'a vu que du sexe, de la luxure, du feu torride du diable. Dans les images qui nous viennent de la période coloniale et dont les auteurs étaient des blancs, on remarque cet étonnement et cet arrêt devant les corps, notamment les corps de jeunes filles pubères.
Pour les blancs, les gestes, les rapports, les expressions corporelles mis en jeu au cours de nos diverses danses ne pouvaient qu'être sexuels. Pour eux, cela ne faisait aucun doute. Et cette certitude a été élevée au rang d’une vérité génératrice à son tour d'images, de lieux communs, de préjugés et d'évidences qu’ils nous ont inoculés. Et ce dont nous n'étions pas conscients parce que tout simplement il n'existait pas pour nous, nous est renvoyé en miroir par la perversité tenace du blanc à travers le prisme réducteur et violent de la civilisation consumériste dominante qu'il a imposée au monde--à travers le seul rôle sérieux qu’il accorde aux Africains, rôle d'experts corporels( sport, danse, chant) rôle d'amuseur des races supérieures--et nous nous en sommes appropriés. Et comme des singes, nous avons commencé à agir selon la perception que le blanc se fait de nos expressions corporelles primitives. Et maintenant, dans une logique de violence symbolique, l’Africain revendique spontanément comme son exclusive caractéristique et sa raison d'être, la fixation sur l'élément sexuel comme le sens profond de la danse. Cette appropriation intériorisée du regard incident de l'Occident sur nous est maintenant devenue le fonds de commerce sinon la matière première des chorégraphies africaines modernes ou de tous ceux qui se réfèrent à l'Afrique : de Michael Jackson à la musique congolaise moderne. Et pourtant, sans vouloir verser dans la nostalgie de l'âge d'or, nos ancêtres n'étaient pas des obsédés sexuels comme la danse africaine standardisée moderne à la sauce et sous le regard occidentaux tend à le faire croire. Nos ancêtres communiquaient, communiaient, écrivaient s'exprimaient dans et par le corps mais jamais dans leur esprit, l'obsession sexuelle et la provocation à visée commerciale, cette dérive de la pornographie en transe tarifée n'était leur préoccupation. Dédiés au dieux et à la vie, jamais d'ailleurs la danse et son corolaire, la musique, n’étaient conçus comme un produit commercial. Il est urgent que l'Afrique s'arrache au poison de la dénaturation de ses valeurs, du sens profond de ses institutions et de sa mémoire. Il y va de notre survie et de notre liberté.
1. Métaphores de la Nation ; boule, jarre trouée et connaissance
De tous les hauts dignitaires venus du Palais le lendemain du départ des Blancs, l’héritier du trône seul fut gardé pour un entretien avec son auguste Père.
Ils s’enfermèrent dans la chambre du dernier sommeil d’Agonglo. Guézo s’installa sur le lit dressé pour le repos du roi défunt. Vidaho s’assit sur la natte qui était étendue au pied du lit. Les jambes croisées, les bras liés au corps, la tête baissée, le jeune prince écoutait dans cette attitude très humble les conseils dont il savait son grand-père Agonglo témoin.
Après un moment de réflexion, Guézo dit à son héritier :
« Tu es appelé à gouverner ce peuple dont tu as vu, ces jours derniers, tous les types assemblés par nos fêtes autour de mon trône.
« Ces fêtes ont été semées d'incidents regrettables pour le commun des mortels mais infiniment riches d'enseignements pour des esprits supérieurs comme les nôtres.
a. La nation comme une boule sacrée
« Pour le peuple qui ne doit connaître de certaines choses de ce pays que le côté merveilleux, le Danhomê est une boule sacrée qui doit demeurer cachée aux Danhomênous et que les rois se transmettent en se succédant sur le trône de Houégbaja.
b. Image Epistémique de la nation
« Le Danhomê n'est en réalité qu'une connaissance approfondie de l'âme très complexe et mystérieuse des Danhomênous.
« Cette connaissance n'est acquise que par le prince qui a pénétré dans le tréfonds du passé, des coutumes et des institutions de ce royaume.
« Je n'attendrai pas longtemps pour t'y promener, car la mort vient au moment où nous l'attendons le moins.
Bénin : Comment le Parti-pris Propagandiste du Pouvoir Appauvrit l’Esprit et Annihile la Liberté de Presse
Depuis 2006 en effet, nous avons un président qui use et abuse de la « communication ».La communication est l’Alpha et l’Omega de toutes les actions et pratiques politiques de ces sept dernières années. Tout y passe :grandes affiches aux grands carrefours avec effigie grandeur nature du président, spots publicitaires sur les télés et les radios, bandes défilantes pour préparer l’opinion à avaler la pilule amère des décisions impopulaires (limogeages de ministres ou de Dg ,le fameux K.O. aussi etc…). Meetings de sensibilisation. Messes et autres prières dans les églises et mosquées). La communication du président Yayi, par son côté tapageur et envahissant, étouffe la profession et inhibe dangereusement ses acteurs. Il y a eu l’épisode des contrats occultes signés avec les médias au début du premier quinquennat puis celle plus sournoise des articles préfabriqués venus tout droit, d’après les indiscrétions, des services de renseignements, comme ce prétendu gouvernement formé par les deux seuls putschistes interpelés dans cette histoire farfelue de coup d’état : un expert comptable sans histoire qui a le malheur de sortir d’une famille honnie et un commandant de gendarmerie sans troupe. Les montants de ses contrats secrets jamais démentis variaient selon qu’il s’agissait des médias audio-visuels fortement prisés et courtisés par le pouvoir ou de la presse écrite reléguée au second plan depuis 2006 par les agents communicateurs du palais de la Marina. Ces contrats ont été dûment dénoncés en leur temps. Mais les séides et autres thuriféraires du régime avaient la parade : il s’agit de donner de la visibilité à l’action gouvernementale. Le résultat est effarant : la création des titres aussi pauvres les uns que les autres a été multipliée par trois ou quatre depuis la fin de l’ère Kérékou II. Conséquence : des gens ont créé les journaux pour avoir… les contrats. Ainsi, quand une information est publiée dans tel ou tel quotidien, au lieu de l’amplifier par des enquêtes complémentaires comme cela se passe ailleurs ,on prend contact avec la personne incriminée pour arranger son image. Ainsi, on ne s’embarrasse plus d’envoyer des droits de réponse ou des démentis. On utilise allègrement, au nez et à la barbe des institutions gardiennes de la déontologie, le quotidien concurrent pour dire le contraire le lendemain ou parfois le même jour, selon la vigilance des services secrets très actifs dans la profession. Puis ,on paie la revue de presse pour diffusion. Les journaux servent de relais à des informations normalement frappées par le secret de l’instruction, sans que cela n’interpelle personne. La plupart des médias audio- visuels seuls invités avec le quotidien de service public, la Nation dans le saint des saints du palais de la Marina entonnent tous des refrains à la gloire de l’homme providentiel de 2006 qui a osé dire, pince-sans-rire , dans un passé encore récent qu’« après Dieu c’est moi ». Sur la télévision de service public, et même dans le quotidien officiel, toutes les émissions de débats contradictoires et des rubriques à polémiques ont été tour à tour supprimées et les animateurs renvoyés à des tâches de simples conteurs de « hauts faits » du président « refondateur ».Des journalistes vedettes de la télévision nationale sont en même temps des attachés de presse ou des chefs de service communication de la présidence ou des ministères. On se croirait à l’époque révolue et honnie du PRPB de sinistre mémoire.
News of Chinua Achebe’s passing struck me with a deep sadness; a sense that an era of Nigerian history is closing and that the guiding lights in the night sky of our national odyssey are dimming. The imagery is of a boat being set adrift from its trusty anchors. Achebe was one of those anchors.
Achebe did not stumble upon his craft by accident. He was initially admitted into the University of Ibadan on a scholarship to read medicine before electing to study English Literature, History and Religion instead. His decision cost him the scholarship but gained him his true vocation. He once declared that his calling as a novelist was “to help my society regain belief in itself and put away the complexes of the years of denigration and self-abasement.” Interestingly, the author most acclaimed as his natural successor, Chimamanda Ngozi Adichie, trod a similar path, leaving the University of Nigeria, Nsukka after a year and a half of studying medicine, to pursue her calling in writing. Finding one’s true place in the world often requires us to sacrifice the certainty of the popular paths to prestige and worldly wealth.
Christopher Okigbo the poet, Wole Soyinka the dramatist and Chinua Achebe the novelist constituted the literary trinity of their generation, all maestros in their chosen domains of artistic expression. Their travails at the hands of the state typified the perpetual battle between the realm of power and that of ideas. Okigbo took up arms for Biafra and was killed during the civil war, a death which deeply wounded Achebe. Soyinka, who had embarked upon a personal peace mission to the separatist regime in Biafra in 1967 in a bid to avert the war, was arrested by the Gowon regime and spent most of the war period in jail. In later years, he would flee into exile to escape the death squads of the Abacha junta. Achebe narrowly escaped assassination in the 1960s by forces who believed that his novel A Man of the People, which predicted the overthrow of the First Republic, indicated his complicity in treasonable activities. He was a Biafran functionary during the war. In 1990, a car accident in Lagos left him paralyzed from the waist down. Subsequently, he relocated to the United States where he held a teaching appointment until his passing last week.
Oddly enough, my first encounter of Achebe was not Things Fall Apart, the iconic novel and his best known work which earned him international repute and has been translated into dozens of languages. It was The Trouble with Nigeria, a stirring 1983 polemic brimming with righteous indignation at what his country had become. It was a searing indictment of his generation and his forebears and, as a work of social criticism, is startlingly relevant to our current struggles even though it was written thirty years ago. “We have lost the twentieth century,” he fumed; “Are we bent on seeing that our children also lose the twenty-first?” Soyinka would echo Achebe’s words in a 1984 essay in which he famously described his generation as a “wasted generation.”
Dans l'état actuel de la situation politique de l'Afrique--l'Afrique anglophone, mais surtout l'Afrique francophone--pour les peuples, il aurait mieux valu que l'Afrique ne fût pas déclarée décolonisée ou proclamée indépendante. Nous disons bien « déclarée » et « proclamée » parce que, dans les faits, même les aveugles voient que l'Afrique n'est pas décolonisée--ni dans sa mentalité, ni dans sa culture, ni dans ses institutions--et encore moins indépendante. Les sourds entendent les geignements d'un peuple dépossédé de lui-même, de son être et de son bien-être. Pourquoi ces déclarations et ces proclamations d'indépendance sont-elles encore plus ruineuses que l'état initial qu'elles étaient censées abolir ? Non pas que cet état ne fût pas aboli, du reste ; oui, hélas il l'a été mais dans le même temps, remplacé par un état bien pire et qui s'empire au fil du temps. Le colon a été remplacé par un négro qui au mieux singe celui-ci, au pire détruit ce que son œuvre peut avoir de positif sans rien construire à la place ; au mieux s'en fait le valet ou le chien couchant, au pire s'érige en potentat destructeur de sa propre race, pilleur des ressources de sa nation en commensalité avec le Blanc devenu son assistant en autodestruction. Ce qui est rageant dans cette substitution funeste c'est qu’une certaine rationalité de domination avec des responsabilités a été remplacée par une situation irrationnelle de domination sans responsabilité--ni celle du colon d'hier qui continue de coloniser et d'exploiter sans rendre compte à personne ; encore moins celle du négro qui n'a aucune idée de ce que responsabilité veut dire. Les Blancs sont partis, nous dit-on, et on a mis à leur place une petite classe (au Bénin d'un millier de nègres ou plus ailleurs) qui se relaient de génération en génération, souvent de façon héréditaire pour détruire allègrement sans construire.
Et le plus scandaleux dans tout ça c'est que, dans l'état actuel du transfert de légitimité, cette venimeuse engeance de singes destructeurs s’est érigée en caste intouchable, à l’impunité d’acier. Ils sont au-dessus de la loi ; ils sont la loi, et au fond, il s'agit d'une anarchie de fait, cachée sous les dehors de l'État de droit. Car même dans les tyrannies anciennes, il y a plus de culture et de pratique du droit que ce qui se passe dans les soi-disant états africains actuels. Dans le désordre, l'arbitraire, l'irrationalité, les crimes et les abus qu'elle nourrit, cette invulnérabilité de la classe héritière du pouvoir colonial d'hier n'a pas de limite, aussi bien dans ses fantaisies que dans sa bestialité et dans son égoïsme. Et c'est souvent le Blanc inhumain, raciste et cupide qui, si nous ne marchions pas sur nos têtes, aurait dû être en train d'expier les crimes monstrueux qu'il commet sur notre race depuis des siècles, c'est encore ce même blanc qui souvent vient mettre le holà à nos tyrans sanguinaires, à nos kleptocrates pansus, à nos satrapes érotomanes, en leur donnant des leçons de morale politique ou de retenue ! C'est là le grand malheur de l'Afrique
La fraude aux concours de la fonction publique agite l'opinion béninoise depuis plusieurs semaines. Elle constitue une source de déstabilisation à la cohésion nationale et ce en raison du double caractère délictuel de ces actes. Cette fraude est un délit grave, une forfaiture d’ État dans la mesure où elle est organisée par les représentants de l'État, fonctionnaires, directeurs de ministère voire même ministre de tutelle. Le seul fait de donner la place qui leur revient de par leur mérite à d'autres personnes moins méritantes ou pire, qui n'ont même pas participé au concours, cette préemption autoritaire et frauduleuse est un crime, crime contre le mérite, atteinte aux droits des citoyens, un encouragement à l'injustice et à la médiocrité. Elle doit être dénoncée avec la plus grande vigueur et punie dans les rigueurs de la loi conformément aux exigences d'un État de droit. Même si la possibilité de telles manipulations grossières laisse perplexe quant à l'effectivité d'un État de droit dans notre pays. Mais les fraudes incriminées ne sont pas des actes simplement frauduleux, car elles ne se sont pas bornées à substituer de façon aveugle un citoyen alfa non méritant, parent ou ami des initiateurs de la fraude, à un citoyen lambda méritant, choisi au hasard. La supercherie et la fraude sont d'inspiration régionaliste. Les gens qui en ont bénéficié sont tous du Nord, comme la ministre de tutelle et probablement ceux qui ont agi sur ses ordres.
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