27 mai 2008
ÉTÈWUTU Mathieu Kérékou, à quelques semaines de la fin de son dernier mandat, promut-il Azonhiho au grade de Général après l’avoir nommé ministre de la Défense ?
Pourquoi Mathieu Kérékou, à quelques semaines de la fin de son dernier mandat, promut-il Azonhiho au grade de Général après l’avoir nommé ministre de la Défense ?
Eh bien cette question est d’une importance capitale pour comprendre les dessous de la politique dans notre pays, et les conditions de survie de l’expérience démocratique qui, au Bénin, est placée sous le signe du Renouveau.
En apparence, cette promotion qui intervient à quelques semaines de la fin du mandat constitutionnel de Mathieu Kérékou peut ressembler à un geste d’amitié, pour réhabiliter son fidèle compagnon de lutte de la période révolutionnaire ; le réhabiliter et consolider sa situation administrative etc... Dans la mesure où après lui, il n’était pas sûr que son ancien bras droit pût bénéficier de la part du nouveau régime d’une quelconque bienveillance.
Cette promotion vient après la nomination du même Azonhiho comme Ministre de la Défense, en remplacement de Pierre Osho dont la démission, pour raisons politiques, volontaire ou forcée, tombe à point nommée dans le contexte examinée ici.
En vérité derrière ces deux décisions – nomination et promotion – qui ont créé la surprise et la consternation dans l’opinion, et que seuls les liens d’amitié n’expliquent pas, se profilent des intrigues politiques pour le moins inavouables, et dont le moins qu’on puisse dire est qu’elles portent à leur comble l’indignité des hommes politiques, leur égoïsme aveugle, le culte de soi et l’hypocrisie dont ils font montre dans leur rapport à la morale historique.
En toile de fond de ces intrigues, se trouve bien sûr la question qui a défrayé la chronique pendant des mois, à savoir le maintien ou non de Kérékou au pouvoir. Cette question a été au centre des discussions entre les partis, les groupes politiques et les citoyens de tout rang.
Ceux qui étaient légitimistes et strictement respectueux de la constitution voulaient que le Général ne touchât pas à la constitution et terminât son mandat comme prévu ; tandis que les nostalgiques d’une politique du règne perpétuel à l’africaine rivalisaient d’ardeur et de propositions pour maintenir Kérékou au pouvoir. L’un des arguments-massues de cette volonté de maintien de Kérékou au pouvoir était le coût des élections. Pour cela, ils préconisaient avec un semblant de sérieux ce qu’on appela « le couplage » des élections municipales et présidentielles ; ce qui signifiait ipso facto qu’on reculât celle-ci à la date de celle-là, prévue formellement pour deux années plus tard... Le temps de voir venir. Après moult tractations, et sous la pression de la société civile qui ne voulait pas que par ces manœuvres dilatoires il fût porté atteinte à l’image de modèle de la démocratie africaine de notre pays, le Général Kérékou promit qu’il ne sera pas touché à la constitution ; et allant plus loin, confirma qu’il ne se représenterait pas aux élections. Décision salutaire, qui fut saluée par tous les observateurs politiques et l’opinion béninoise et africaine comme exceptionnelle dans la galaxie politique d’Afrique constellée de dictateurs perpétuels et de Président à vie, et reconnue comme empreinte de sagesse et tout à l’honneur de l’image du Bénin comme modèle africain de démocratie.
Or, en dépit de cette garantie annoncée, l’intention de Kérékou de s’accrocher au pouvoir subsistait bel et bien. La décision de ne pas toucher à la constitution était à la fois une manière de changer son fusil d’épaule, de reculer pour mieux sauter et surtout d’endormir les consciences. En sous-main, la volonté de Kérékou de se maintenir au pouvoir plaçait en douce ses pions sur l’échiquier politique. La Promotion de son fidèle bras droit et maître des basses œuvres de la période Révolutionnaire, le colonel Martin D. Azonhiho n’était que l’acte premier de sa stratégie de maintien au pouvoir.
En fait, le principe de cette stratégie consistait à apparaître comme un recours providentiel et naturel dans un contexte politique porté au chaos et à la guerre civile pour cause de fraude électorale. Pour cela, en metteurs en scène astucieux, les partisans du maintien devaient mettre en place le décor du chaos projeté. Les partis en puissance dans ce conflit ne pouvaient qu’être du côté de l’homme politique qui avait légitimement attendu son tour pour présider aux destinées du pays : Maître Adrien Houngbédji. Donc la manœuvre consistait à susciter un conflit entre celui-ci et son adversaire. Dans cette optique et pour que le conflit fût ethniquement et géographiquement identifiable, il fallait trouver un adversaire tout aussi ethniquement identifiable. Or à ce critère d’identification ethnique univoque, le prétendant Yayi Boni, ne correspondait pas tout à fait. De fait, en raison de l’image cosmopolite de Yayi Boni, ses partisans n’étaient pas cantonnés, et une révolte, embryon d’une guerre civile, est plus facile à fomenter lorsque les ethnies sont en face à face politiquement et territorialement, comme peuvent l’être par exemple les partisans de la RB et du PRD, deux partis clairement situés dans le paysage politique et régional du pays. Mais la dynamique créée par la candidature de Yayi Boni sous-tendue par un besoin profond de changement – et ici changement signifie avant tout tourner la page Kérékou – ne pouvait plus être enrayée. Kérékou et ses hommes durent s’y plier, et même l’appuyer d’une ruse, dans la mesure où l’opposition qu’il affichaient bruyamment à la candidature de Yayi Boni cachait un soutien tactique, comme un éventuel remplaçant régionalement conforme et un novice en politique, qu’ils pourront le cas échéant manipuler à leur guise. Quoi qu’il en soit, Kérékou et ses hommes ne renonçaient pas à leurs vils desseins, malgré la hiérarchisation établie de leur préférences dans les issues possibles du combat qui se préparait, et la variété de leurs réactions en fonctions de celles-ci. Le processus électoral, sous la surveillance de la Cour constitutionnelle et des opinions béninoise et africaine continua alors son cours comme si de rien n’était.
Le deuxième acte de la stratégie de maintien de Kérékou était de nature médiatique. Dans un premier temps, on apprit que le Général Azonhiho et le petit parti qu’il représentait apportaient leur soutien à la candidature de Maître Adrien Houngbédji. Celui-ci, obnubilé par son désir de gagner les élections ne sembla a priori rien subodorer dans cette protestation de soutien pour le moins encombrante. De même, le Président du PRD semblait sous-estimer le caractère périlleux de sa stratégie de dauphin implicite de Kérékou alors que pour le peuple, le changement dont lui-même se faisait le chantre signifiait avant tout tourner la page Kérékou. Il est vrai que de par son parcours politique en zigzag dont le dénominateur commun semblait être l'ambition présidentielle, Maître Adrien Houngbédji s’entendait bien à ramasser la mise de l’héritier naturel de Kérékou ; un dauphinat implicite au titre duquel le soutien du sulfureux Général Azonhiho apparaissait in fine comme un adoubement autorisé, alors qu’en vérité il n’en était que l’estocade finale. C’est dans ce contexte médiatique qu’advient, lors du premier tour des élections, la deuxième scène de l’acte II du plan de maintien de Kérékou au pouvoir. Dans une déclaration faite à sa sortie de vote, le Président sortant fit savoir sur un ton amer, dans son langage obscur habituel et émaillé de sous-entendus menaçants à peine voilés, que les élections étaient truquées, et que le cas échéant il n’hésiterait pas à prendre ses responsabilités. Le ton était donné. On passa très vite des déclarations aux actes.
Dans la région de Porto-Novo, on suspecta l’un des cerveaux de la fraude comme étant le Professeur Albert Tévoèjrè, au domicile duquel la rumeur fit état de la découverte de toute un arsenal de fabrication de fausses cartes d’électeurs. Or le Professeur Albert Tévoèdjrè, n’était pas seulement le parrain attitré du candidat Yayi Boni mais aussi l’ennemi personnel d’un Adrien Houngbédji que pour rien au monde, il ne souhaitait voir accéder à la magistrature suprême. Dans ces conditions, les électeurs de Porto-Novo acquis majoritairement à la cause du PRD, et qui historiquement sont connus pour leur penchant à l’émeute politique à connotation ethnique étaient conditionnés à se révolter lors de la proclamation des résultats du 1er tour qui donneraient largement battu leur candidat.
Entre les deux tours et dès avant la proclamation des résultats du 1er tour des élections de mars 2006, Kérékou s’évertuait à jouer les pyromanes pompiers.
De source bien informée, il ressort qu’en tant que soutien apparent de Maître Houngbédji, Mathieu Kérékou avait pris d’assaut le téléphone de ce dernier et lui téléphonait en permanence pour d’une part lui rendre compte des informations de premières mains, qu’il tenait de ses services secrets, et selon lesquelles sévissait une fraude massive en faveur de Yayi Boni, et d’autre part afin de l’inciter à réagir. Réagir ! Tel était le maître mot, le sésame qui allait ouvrir le rideau de l’acte III de la stratégie de maintien : la révolte des Porto-Noviens. Cette révolte donnerait un prétexte en or aux deux Généraux de retrouver du service au moment même où le Peuple béninois ne désirait rien tant que les remercier de leur long service politique qui n’avait fait que plonger le pays dans les ténèbres de la misère, de la pauvreté et de la corruption.
Dans cette affaire, Yayi Boni est apparu comme le troisième larron de la fable. C’est lui qui a ramassé la mise de ce jeu espiègle qui visait avant tout à maintenir Kérékou au pouvoir, dans le rôle salvateur de recours pour la paix dans un pays en proie à la guerre civile. Mais l’acteur principal de cette paix reste incontestablement Maître Adrien Houngbédji qui, bien que longtemps obnubilé par le désir de remporter les élections présidentielles, a fini par se rendre à l’évidence des funestes desseins de celui dont il se croyait le dauphin. Il lui fallut alors déployer un trésor de sagesse et d’intelligence mais aussi d’abnégation pour éteindre le feu allumé sous ses pieds par de vieux Généraux acquis à la politique de Moi ou le Chaos.
Professeur Cossi Bio Ossè.
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Cet article relate bien les évènements de 2006 qui ont vu l’arrivée au pouvoir de YAYI BONI et surtout le départ de KEREKOU après les deux mandats où il a plongé le Bénin dans l’abîme. Ce qui apparait de prime abord, c’est le caractère retors de KEREKOU, ce diable d’homme que notre peuple a eu la malchance d’avoir enfanté un jour. Rien que de penser que certains continuent à présenter ce génie malfaisant comme un sage ou comme quelqu’un qu’on peut immortaliser donne la nausée. KEREKOU a fait trop de mal au Bénin et continue encore ses basses œuvres aujourd’hui. Ce qui apparait clairement aussi, c’est l’instrumentalisation du régionalisme qui est un poison aux mains des politiciens corrompus pour opposer les populations entre elles afin d’assouvir leurs intérêts égoïstes. L’auteur a néanmoins oublié une dimension dans ce drame qui s’est joué en avril 2006 à savoir l’intervention des puissances étrangères ; en effet la France et les USA suivaient la situation de très près et n’étaient pas intéressés à ce qu’un foyer s’allume au Bénin à ce moment- là ; en plus ils avaient choisi leur camp, puisque c’est un poulain des organismes financiers qui arrivait au pouvoir. Leur pressions ont été assez fortes pour obliger HOUNGBEDJI à accepter sa défaite afin de couper l’herbe sous les pieds du diable KEREKOU.
Rédigé par : Agbelehounko | 06 mai 2013 à 19:38
Analyse très probable, Dieu merci que le ciel était avec nous! Et que serait devenu le Bénin?!!
Rédigé par : Adeniyi de Kilibo | 06 mai 2013 à 14:38