Dans une affligeante dérive dualiste orchestrée par le pouvoir--car au fond une opposition raisonnée à un pouvoir politique est moins suspecte qu'une caution morale passionnée--l'Union islamique du Bénin se fait l’avocat de la volonté révisionniste du gouvernement. Elle apporte son son de cloche moral et le supplément d'âme dont a besoin M. Yayi après le déficit moral ouvert par la prise de position de la Conférence Épiscopale sur la question de la révision de la constitution. Manière de dire qu'un avis moral ou religieux en vaut un autre. Cette manipulation grossière, douteuse et malsaine, outre qu'elle divise le pays en opposant des religions--qui historiquement et culturellement étaient déjà perçues comme opposées--creuse un peu plus les lignes de césure à l'intérieur du tissu national. |
qu’on est ou fait soi-même(:Intolérance, régionalisme, ou instrumentalisation de la religion). Ce débat se fera dans la clarté de la raison et dans l'esprit de justice. Car la constitution d’un pays n’est pas affaire de passion mais de raison. En l'occurrence le bon sens recommande le principe de précaution lorsqu'il y a doute, incertitude, ou manque de consensus. Si, au lieu de prendre fait et cause pour le gouvernement, l'Union Islamique du Bénin avait abondé dans le sens de la Conférence Épiscopale on ne disposerait pas d'une preuve logique de l'inexistence du consensus. Or, par son opposition passionnée et cette manière frontale d'instaurer une dualité morale autour de la question, l'Union Islamique du Bénin a apporté la preuve performative que la révision de la constitution telle qu’initiée par le président de la république ne recueille pas le consensus national requis. Que demande de plus ceux qui ne souhaitent pas une révision opportuniste de la constitution ? Que demande de plus l’immense majorité du peuple qui ne veut pas d’une révision de la constitution dont l’unique bénéficiaire ne sera que M Yayi, futur candidat à sa propre succession dans une nouvelle République hypothétique ? Binason Avèkes |
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