Depuis 2006 en effet, nous avons un président qui use et abuse de la « communication ».La communication est l’Alpha et l’Omega de toutes les actions et pratiques politiques de ces sept dernières années. Tout y passe :grandes affiches aux grands carrefours avec effigie grandeur nature du président, spots publicitaires sur les télés et les radios, bandes défilantes pour préparer l’opinion à avaler la pilule amère des décisions impopulaires (limogeages de ministres ou de Dg ,le fameux K.O. aussi etc…). Meetings de sensibilisation. Messes et autres prières dans les églises et mosquées). La communication du président Yayi, par son côté tapageur et envahissant, étouffe la profession et inhibe dangereusement ses acteurs. Il y a eu l’épisode des contrats occultes signés avec les médias au début du premier quinquennat puis celle plus sournoise des articles préfabriqués venus tout droit, d’après les indiscrétions, des services de renseignements, comme ce prétendu gouvernement formé par les deux seuls putschistes interpelés dans cette histoire farfelue de coup d’état : un expert comptable sans histoire qui a le malheur de sortir d’une famille honnie et un commandant de gendarmerie sans troupe. Les montants de ses contrats secrets jamais démentis variaient selon qu’il s’agissait des médias audio-visuels fortement prisés et courtisés par le pouvoir ou de la presse écrite reléguée au second plan depuis 2006 par les agents communicateurs du palais de la Marina. Ces contrats ont été dûment dénoncés en leur temps. Mais les séides et autres thuriféraires du régime avaient la parade : il s’agit de donner de la visibilité à l’action gouvernementale. Le résultat est effarant : la création des titres aussi pauvres les uns que les autres a été multipliée par trois ou quatre depuis la fin de l’ère Kérékou II. Conséquence : des gens ont créé les journaux pour avoir… les contrats. Ainsi, quand une information est publiée dans tel ou tel quotidien, au lieu de l’amplifier par des enquêtes complémentaires comme cela se passe ailleurs ,on prend contact avec la personne incriminée pour arranger son image. Ainsi, on ne s’embarrasse plus d’envoyer des droits de réponse ou des démentis. On utilise allègrement, au nez et à la barbe des institutions gardiennes de la déontologie, le quotidien concurrent pour dire le contraire le lendemain ou parfois le même jour, selon la vigilance des services secrets très actifs dans la profession. Puis ,on paie la revue de presse pour diffusion. Les journaux servent de relais à des informations normalement frappées par le secret de l’instruction, sans que cela n’interpelle personne. La plupart des médias audio- visuels seuls invités avec le quotidien de service public, la Nation dans le saint des saints du palais de la Marina entonnent tous des refrains à la gloire de l’homme providentiel de 2006 qui a osé dire, pince-sans-rire , dans un passé encore récent qu’« après Dieu c’est moi ». Sur la télévision de service public, et même dans le quotidien officiel, toutes les émissions de débats contradictoires et des rubriques à polémiques ont été tour à tour supprimées et les animateurs renvoyés à des tâches de simples conteurs de « hauts faits » du président « refondateur ».Des journalistes vedettes de la télévision nationale sont en même temps des attachés de presse ou des chefs de service communication de la présidence ou des ministères. On se croirait à l’époque révolue et honnie du PRPB de sinistre mémoire.
D’après un édito de Vincent Foly dans la NT
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