Les Béninois qui souhaitent que Yayi Boni s'en aille en 2016, à la fin de son deuxième mandat visiblement constituent une majorité. En clair, se référant à la constitution à laquelle ils sont attachés, les Béninois souhaitent que ce deuxième mandat de M. Yayi soit son dernier. Or par révision de la constitution, le Docteur veut introduire, via le prétexte de l'avènement d'une nouvelle république, l'éventualité de se présenter à nouveau aux élections en 2016. Et c'est cela qui crée la panique et l'inquiétude chez les Béninois. Où se situe le problème ? Est-ce au niveau du bien-fondé d'une révision de la constitution ? Certainement pas, car si la constitution avait été parfaite, l'éventualité de sa révision n'aurait pas suscité tant d'inquiétude ; parce qu’elle aurait énoncé clairement les conditions et le cas échéant les interdictions spécifiques. Est-ce au niveau de l'avènement d'une nouvelle république consécutive à une révision de la constitution que se pose le problème ? Bien que le rapport de cause à effet entre révision de la constitution et nouvelle république ne soit pas sans débat, il va de soi que ce n'est pas cette dernière qui est en cause. Et si ce n'est pas l'avènement d'une nouvelle république — aussi discutable soit-elle — qui est en cause, ce n'est pas non plus le droit de tout citoyen, dans cette nouvelle république, de se porter candidat à l'élection présidentielle qui ferait problème. Alors pourquoi tant de tollé, tant de tensions et tant d’inquiétude autour de l'initiative de révision de la constitution, dès lors que, même sa motivation implicite — une nouvelle candidature de M. Yayi — ne constitue pas en soi un mal ou un danger ? En vérité là où le bât blesse c'est que le Bénin est bien entré dans la classe des pseudo-démocraties africaines de mascarade et de supercherie — c'est-à-dire en somme la quasi-totalité des pays d'Afrique Noire — où règne déjà la loi du titulaire. Cette loi qui veut que — du Burkina Faso au Togo en passant par le Gabon ou le Congo — le président sortant ne perde jamais les élections. Cette loi qui a été mise en défaut en 1996 de façon presque heureuse pour notre démocratie au point de la confirmer dans son authenticité, a malheureusement été mise en défaut en 2001 par les manigances et les fraudes électorales qui ont reconduit M. Kérékou dans son régime de médiocrité et de corruption. Mais c'est surtout avec le Docteur Thomas Boni Yayi et le K.-O. électoral de mars 2011 que le Bénin a
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perdu tout espoir de faire partie des quelques rares exceptions à la loi du titulaire qui sévit en Afrique. Aujourd'hui, dans l'état actuel des choses, il va de soi qu’un troisième mandat pour Yayi Boni est synonyme de réélection de Yayi Boni et c'est plus cette réélection mécanique qui est redoutée que l'opportunité d'une révision de la constitution elle-même. Après tout, s'il existe comme c'est le cas en effet une écrasante majorité de Béninois qui ne veulent pas entendre parler de Yayi Boni comme président en 2016, pourquoi ne le rejetteraient-ils pas tout simplement dans les urnes en lui infligeant une belle raclée électorale qui le renverrait aux oubliettes de l'histoire ? Comme lorsqu'on tape juste et fort sur un moustique qui essaie de vous piquer et qu'on l’envoie à ad patres. Le Sénégal, un pays démocratique d'Afrique de l'Ouest, avec certes un peuple solidaire et épris de sacrifices, une jeunesse vigilante et prompte à l'action protestataire, le Sénégal a connu le même problème avec Abdoulaye Wade et auquel il a donné une solution électorale franche et nette que le monde entier a saluée. Mais le Bénin sait qu'il est incapable de renvoyer Yayi Boni à ses chères études par les urnes. Au Bénin une troisième candidature présidentielle est synonyme d'un troisième mandat pour Yayi Boni.
Et c'est là où le bât nous blesse...
Binason Avèkes
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