Dans l'état actuel de la situation politique de l'Afrique--l'Afrique anglophone, mais surtout l'Afrique francophone--pour les peuples, il aurait mieux valu que l'Afrique ne fût pas déclarée décolonisée ou proclamée indépendante. Nous disons bien « déclarée » et « proclamée » parce que, dans les faits, même les aveugles voient que l'Afrique n'est pas décolonisée--ni dans sa mentalité, ni dans sa culture, ni dans ses institutions--et encore moins indépendante. Les sourds entendent les geignements d'un peuple dépossédé de lui-même, de son être et de son bien-être. Pourquoi ces déclarations et ces proclamations d'indépendance sont-elles encore plus ruineuses que l'état initial qu'elles étaient censées abolir ? Non pas que cet état ne fût pas aboli, du reste ; oui, hélas il l'a été mais dans le même temps, remplacé par un état bien pire et qui s'empire au fil du temps. Le colon a été remplacé par un négro qui au mieux singe celui-ci, au pire détruit ce que son œuvre peut avoir de positif sans rien construire à la place ; au mieux s'en fait le valet ou le chien couchant, au pire s'érige en potentat destructeur de sa propre race, pilleur des ressources de sa nation en commensalité avec le Blanc devenu son assistant en autodestruction. Ce qui est rageant dans cette substitution funeste c'est qu’une certaine rationalité de domination avec des responsabilités a été remplacée par une situation irrationnelle de domination sans responsabilité--ni celle du colon d'hier qui continue de coloniser et d'exploiter sans rendre compte à personne ; encore moins celle du négro qui n'a aucune idée de ce que responsabilité veut dire. Les Blancs sont partis, nous dit-on, et on a mis à leur place une petite classe (au Bénin d'un millier de nègres ou plus ailleurs) qui se relaient de génération en génération, souvent de façon héréditaire pour détruire allègrement sans construire.
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Et le plus scandaleux dans tout ça c'est que, dans l'état actuel du transfert de légitimité, cette venimeuse engeance de singes destructeurs s’est érigée en caste intouchable, à l’impunité d’acier. Ils sont au-dessus de la loi ; ils sont la loi, et au fond, il s'agit d'une anarchie de fait, cachée sous les dehors de l'État de droit. Car même dans les tyrannies anciennes, il y a plus de culture et de pratique du droit que ce qui se passe dans les soi-disant états africains actuels. Dans le désordre, l'arbitraire, l'irrationalité, les crimes et les abus qu'elle nourrit, cette invulnérabilité de la classe héritière du pouvoir colonial d'hier n'a pas de limite, aussi bien dans ses fantaisies que dans sa bestialité et dans son égoïsme. Et c'est souvent le Blanc inhumain, raciste et cupide qui, si nous ne marchions pas sur nos têtes, aurait dû être en train d'expier les crimes monstrueux qu'il commet sur notre race depuis des siècles, c'est encore ce même blanc qui souvent vient mettre le holà à nos tyrans sanguinaires, à nos kleptocrates pansus, à nos satrapes érotomanes, en leur donnant des leçons de morale politique ou de retenue ! C'est là le grand malheur de l'Afrique
Adenifuja Bolaji
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