« Entre partenaires, on n’espionne pas » aurait déclaré la commissaire européenne à la justice Viviane Reding. On comprend pourquoi l'Union Européenne et la France sont jusque-là restées coites lorsqu'il était question de la Chine. Les principes et les valeurs en jeu n’ont donc rien d’universel. Mais le mot espion est à vrai dire sujet à questionnement. Il ne correspond pas au scandale du SNOWDENGATE. L'espionnage est une recherche secrète sur un sujet ponctuel, dans un but précis dans le temps. Mais mettre en place un système de surveillance totale et permanente de l'autre, d'enregistrement systématique de ses faits et gestes de tous ordres porte atteinte à sa dignité et fausse le jeu de l'identité de chacun. Parce que si l'autre n'a aucune parcelle d'intimité, nous-mêmes nous serions atteints. Nous avons besoin d'une certaine distance vis-à-vis de l'autre, et cette distance se constitue en partie de tout ce que nous ne savons pas de lui. Or, si nous savons tout sur tout le monde tout le temps, c'est la mort de l'intimité et, par ricochet, la mort des identités.
Ce nouveau concept de surveillance totale et permanente qui prend prétexte de la lutte contre le terrorisme n'est qu'un prolongement d'une politique mise en place au lendemain du 11 septembre 2001.
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Politique qui a justifié une guerre que l'on appelait alors préventive en Afghanistan. Le fait de surveiller tout le monde tout le temps, et sur toute chose, relève aussi de cette philosophie nouvelle de la prévention et de la méfiance qui enlève à la surveillance classique le caractère de ponctualité et de limitation dans le temps, dans l'espace et dans les thèmes qui était le propre de l'espionnage. Ce qui est à l'œuvre et que trahissent les révélations du SNOWDENGATE c'est plutôt un hyper-espionnage totalitaire dont les conséquences anthropologiques, politiques et géopolitiques sont inquiétantes.
Professeur Cossi Bio Ossè
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