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La Théorie des Trois Docteurs Ou Comment fabrique-t-on un Président Béninois.
Par Binason Avèkes |
Critique de la bonne volonté sociologique Depuis le 1er août 1960 jusqu’à nos jours, le Dahomey puis le Bénin a connu un nombre relativement élevé de Présidents. Avec des retours et des durées variables, 13 hommes ont présidé ou tenté de présider aux destinées du pays. Ce sont : Hubert MAGA, Sourou MIGAN APYTHY, Justin AHOMADEGBE, Christophe SOGLO, Tahirou CONGACOU, Iropa Maurice KOUANDETE, Alphonse ALLEY, Emile Derlin ZINSOU, Paul-Émile de SOUZA, Mathieu KEREKOU, Nicéphore SOGLO, Thomas Boni YAYI. De ce fourmillement d’hommes politiques au sommet de l’état, s’est dégagé peu à peu le type de Président politiquement agréable pour l’électeur béninois. Tributaire des valeurs élitistes enracinées dans l’imaginaire national, ce type traduit aussi la part fondamentale et active que prend dans la politique le facteur intellectuel. L’homme d’état politiquement rassurant pour le Béninois apparaît donc sous la figure du Docteur, qui n’est que l’un des déterminants de son type. C’est l’examen critique et analytique de ce type qui fait l’objet de la présente étude. I. Le Vrai Docteur A. Histoire et acteurs de la Présidence. Marquée pendant une première période par l’instabilité chronique, la Présidence béninoise a connu pendant douze ans des formes variées. Ainsi à sa naissance en tant que nation indépendante, le Dahomey a-t-il connu un régime démocratique de type présidentiel, avec un Président démocratiquement élu, un Vice-président nommé, face à une Assemblée nationale tout aussi démocratiquement élue. Mais ce bel édifice ne tardera pas à vaciller sous les coups de boutoirs des intrigues tribalistes, des logiques régionalistes et des ambitions personnelles, source de discorde dans une nation jeune qui n’avait pas reçu l’unité en héritage. Dans son noyau interne, la Présidence était exposée à de vives tensions personnelles et politiques. La Vice-présidence devint itinérante en 1963 avec la nomination de Sourou MIGAN APITHY dont le poste n’était pourtant pas déclaré vacant comme Ambassadeur du Dahomey en France. Cette mise à l’écart n’empêcha pas la présidence d’être exposée à de nouveaux soubresauts. La Présidence devint militaire pour la première fois avec l’accession au pouvoir du Chef d’Etat-major de l’Armée, le colonel Christophe Soglo. Mais cette présidence s’est voulue provisoire, et en 1964, fut remplacée par une Présidence à nouveau démocratique, en la personne de Monsieur APYTHY. Il y avait aussi un Vice-président en la personne de Monsieur Justin AHOMADEGBE, qui était aussi chef du gouvernement. Mais le 17 novembre 1965, par un coup de poker pseudo-populaire, et anticonstitutionnel, la présidence fut accaparée par le Vice-président, Monsieur Justin AHOMADEGBE. Cette saisie fit long feu. Sous la pression de l’Armée, le noyau présidentiel en conflit fut dynamité : Président et Vice-président durent rendre leur tablier, en une démission âprement négociée. La Présidence devint alors intérimaire le 29 novembre 1965 en la personne de M. Taïrou CONGACOU qui jusque-là était Président de l’Assemblée nationale. Mais le 22 décembre 1965, même et peut-être parce qu’intérimaire, la Présidence fut acculée à la démission par des forces politiques hostiles, manipulées dans l’ombre par des hommes obsédés d’exercer la fonction, et qui étaient prêts à tout pour atteindre leur but. Dans ces conditions, la Présidence devint militaire derechef, le 22 décembre 1965, sous la houlette bien pensante du Général Christophe |
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Mon Cher Pancrace,
Tu me demandes dans ta dernière lettre comment comprendre la fuite de Me Lionel Agbo : “Est-ce de l’héroïsme ou de la couardise, de la désobéissance civile ou du réalisme politique ?” Je te remercie pour ta réaction à cet événement, qui accentue l’atmosphère de tension politique du Bénin depuis 2006. Pour ma part, j’y vois d’abord la preuve d’un courage exemplaire, qui se traduit en trois actes, révélateurs de l’homme et de son parcours. Sur sa photo, Me Lionel AGBO apparait calme, souriant, presque charmeur. Séducteur, il l’a certainement été, si on considère son métier, son parcours professionnel, politique et social. Avocat à la cour, il a été vocal et s’est illustré dans maints combats socioéconomiques comme en témoigne sa lutte pour les abonnés du GSM, etc. Par ailleurs, Lionel Agbo est candidat malheureux aux élections présidentielles et législatives de 2006 et 2011, respectivement. Bref l’homme a sans doute investi à fond, et pas forcément à fonds perdu tout son savoir-faire de rhéteur et de bretteur, ainsi que son talent d’avocat. Quand il a été appelé par Monsieur Yayi comme son porte-parole, c’est, on l’imagine, en reconnaissance de ce talent, de son bagou. Le Président voulait qu’il défende sa cause, vende sa soupe, la faire mieux aimer de ses compatriotes comme il a su le faire sur d’autre théâtres, à d’autres moments et niveaux de la vie sociale, politique et économique. Alors au vu du caractère impondérable et douteux de M. Yayi, on aurait pu penser que Me Lionel AGBO allait refuser l’offre. Mais s’il avait refusé saurions-nous même jamais qu’une telle proposition lui a été faite ? Car l’annonce publique de telles propositions est toujours consécutive aux accords entre les intéressés. Mais comme l’a rappelé un autre Ouidanier célèbre – O.B.Q. pour ne pas le nommer – Me Lionel Agbo n’est pas seulement Béninois mais un digne fils de Ouidah, et un fonnouvijiji. Or dans la langue fon, il y a un proverbe qui dit qu’on ne refuse pas l’appel, bien qu’on puisse refuser ce qui suit l’appel. Et de fait, l’exercice de sa fonction de porte-parole du Président Yayi a surpris plus d’un. Était-ce déjà une façon de refuser ce qui a suivi l’appel ? Les choses qu’il découvrait jour après jour dans l’entourage du Président, les pratiques et les excès dépassant l’entendement. Les Béninois s’attendaient à un exercice vocal, ponctué de plans média, d’interventions tous azimuts dans la presse écrite et surtout audiovisuelle, de la mise en jeu et en œuvre de son bagou, de son talent de rhéteur et de porte-parole, de la part de celui qui somme toute en était un maître par profession. En fin de compte, l’exercice fut des plus discrets possible. Me AGBO porta le silence plutôt que la parole. Et ce silence paraissait par moment criants. Que cachait-il au juste ? Nul ne le sait. Et le mystère plongeait les Béninois dans un océan de conjectures où certains buvaient la tasse tandis que d’autres se noyaient. Le silence devint institutionnel et, paradoxalement, finit par définir son passage à la Marina. Il dura tant et plus. Nul ne sut d’ailleurs quand exactement le président prit la décision de se séparer de son porte-silence, quand il se sépara de son porte-parole devenu le maître incontesté de la parole non-portée. A mon avis, mon cher Pancrace, il y avait déjà un acte de courage dans cette attitude de circonspection d’un observateur participant épris de justice et d’amour pour son pays, qui découvrait des choses qui lui en bouchaient un coin. Et alors qu’il était payé pour parler, c’est-à-dire, dire le contraire de ce qu’il voyait, transformer le plomb de la corruption et du régionalisme moyenâgeux en l’or du changement et de l’émergence, Me Lionel AGBO eut le courage de se taire. Silence éloquent et parlant d’un beau parleur. Était-ce pour ce premier acte de courage, refus de ce qui suit l’appel, qu’il fut remercié en catimini, presque clandestinement alors qu’il avait été nommé tambour battant ? Nul ne le saura jamais ! Puis vint l’heure du second acte de courage. Quand en citoyen libre, profitant de son droit à l’expression libre reconnu dans la Constitution, il dévoila succinctement quoique de façon elliptique voire métaphorique un pan de la déviance éthique et pratique dont il avait été témoin. Ce qui souleva l’ire du Président. C’était comme si, novice initié du kouvito, qui venait de « voir le awo », il était allé raconter sur la place publique et aux non-initiés, comment cela se passait au couvent, qui était derrière tel ou tel masque, de quelle chair et de quel sang étaient faits les os dansants… Mais la Présidence de la République dans un État de Droit est-elle un gbalè d’egungun ou de oro? Et ceux qui y ont fait leur entrée ont-ils fait vœu d’opacité ? Doivent-ils être traités comme des traitres lorsqu’au nom de l’intérêt général, ils exercent leur Devoir de Transparence ? Le troisième acte de courage de Me Lionel AGBO a été de ne pas accepter le verdict bidon d’une parodie de justice. Ce faisant, il nous a décillé les yeux. Quand Talon avait fui, il n’avait pas été jugé, et son acte était préventif et ne nous permettait pas de prendre conscience de notre situation éthique et morale. Comme l’a dit Jean Paul Sartre les Français n’étaient vraiment libres que sous l’occupation : un homme ne devient libre que quand il a été jugé. Libre en son for intérieur d’accepter le jugement d’une justice impartiale ou de ne pas accepter la parodie de procès d’une justice aux ordres. Or tout le monde sait qu’avec Yayi Boni, depuis 2006, tout est régi par l’ordre pervers d’une facticité parodique : la Cour Constitutionnelle est une parodie de Cour ; le Parlement est une Caisse de résonnance parodique ; les élections, notamment la dernière élection présidentielle, sont une parodie d’élection ; la HAAC avec sa hache de guerre de la pensée unique et du conditionnement pour le culte de la personnalité est une parodie d’instance de régulation. Et la Justice elle-même, entre incarcérations arbitraires et procès sans suite est une parodie de justice. Les Béninois peu à peu étaient en train d’accepter que leur vie soit régie par un système autocratique de parodie. Comme si cela était une fatalité synonyme de politique. Or, comme nous l’ont montré de grands Africains, comme Kwame Nkrumah, Nelson Mandela, et Thomas Sankara, la Politique est plus noble, plus libératrice, moins faite de médiocrité, de peur et de résignation. En refusant d’obéir à ce diktat, en ne se soumettant pas à l’oukase de la justice parodique à la solde du pouvoir, Me Lionel Agbo se fait l’avocat de notre conscience endormie et de notre liberté emberlificotée. Me Lionel Agbo nous apprend à dire non à la chloroformisation des esprits qui sévit au Bénin depuis 2006. De par sa formation et sa profession, l’homme est suffisamment averti du droit pour savoir le sens éthique et politique d’une décision de justice. Et en refusant la parodie de justice qui le condamne en toute innocence, c’est nos inhibitions qu’il bouscule ; c’est un signe d’appel à notre réveil qu’il nous fait. Et il le fait au prix de sacrifices personnels dont la lourdeur est incommensurable. En cela, Me Lionel AGBO mérite notre respect, notre soutien et notre admiration. Bien à toi, et que Dieu sauve le Bénin ! Binason Avèkes |
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Béninoises, Béninois, Levons-nous Tous Pour Combattre le Terrorisme d’État du Pourvoir Dictatorial de Yayi Boni
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De la Responsabilité Objective et Morale de Yayi Boni dans les Crimes Économiques et Politiques qui Secouent le Bénin.
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L’Éthique de Mitoyémè ou Pendant combien de temps l’Afrique Continuera de Jouer les Figurants sur la Scène du Monde
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LE NOUVEL ORDRE NEOCOLONIAL BRUTAL ET SANGLANT QUI SEVIT EN AFRIQUE
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LE NOUVEL ORDRE NEOCOLONIAL BRUTAL ET SANGLANT QUI SEVIT EN AFRIQUE
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Les récents évènements intervenus sur le continent africain ont éclairé d’un jour nouveau la situation que vivent ses peuples depuis des siècles. La colonisation des pays africains a fait suite à la barbarie de la traite négrière afin de maintenir dans la continuité le système économique qui a fait développer les industries des pays occidentaux pendant plusieurs siècles. En 1960, l’indépendance accordée à la plupart des pays africains francophones par le Général De Gaulle était assortie d’accords de coopération politique, économique et de défense militaire. La nomination d’un dictateur à la tête de chaque pays avec l’installation d’une base militaire française à proximité pour veiller aux intérêts de la puissance colonisatrice après son départ, ainsi que la monnaie Franc CFA propriété de la France, sont les moyens par lesquels les peuples sont maintenus dans la pauvreté et la misère malgré l’immensité de la richesse minière et agricole de ces pays. Sans compter l’obligation qui leur est faite de déposer plus des 50% de leur réserve d’argent dans le trésor français. Cf. « Le Franc CFA et l’Euro Contre l’Afrique » Editions Menaibuc. du professeur Nicolas Agbohou...
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Dits et non-dits d’un Discours
Dans son discours sur l’intervention militaire au Mali, François Hollande, dit que la France répond à la demande d’aide d’un pays ami, le Mali, demande qui lui a été adressée par son homologue malien, etc… Même un Président de gauche normal qui avant d’accéder à la fonction avait la dent dure contre le paternalisme néocolonial des rapports de la France avec ses anciennes colonies, se voit aujourd’hui dans l’obligation de mettre ses pas dans ceux qui depuis des décennies ont tracé le sentier peu lumineux de l’intervention française en Afrique. On chercherait en vain l’équivalent de telles interventions du côté de Londres, bien que l’Angleterre, à l’instar de la France possède aussi d’anciennes colonies sur le continent. Aussi salutaire soit-elle, cette intervention française au Mali, comme celles du passé ailleurs sur le continent, a toujours une odeur de soufre qui la précède. Soit parce qu’on considère que les malheurs actuels du Mali résultent du vide créé par l’élimination léonine de Kadhafi, et l’appel d’air chaud qu’elle a induit dans la sous-région. Et on voit tout aussitôt que la France n’est pas toute blanche dans cette affaire, de même que son président, aussi normal soit-il. En effet, qui mieux que la France, son président d’alors et quelques intellectuels hystériques se sont faits les vedettes forcenées de cette géopolitique de l’élimination ? Mais l’absurdité de la position de François Hollande n’est pas seulement dans cet héritage qu’il assume au moins au nom de la continuité objective de l’État en tout État de droit et de cause. Mais elle est dans ce non-dit de la prise de responsabilité. Car avouer que l’on intervient au Mali parce que l’on comprend que ce qui s’y passe aujourd’hui est la conséquence d’actions préalables dans lesquelles la France a eu un rôle et non des moindres, c’est pointer du doigt la survivance de la logique néocoloniale incarnée par la Françafrique que renie François Hollande. |
Alors le langage devient le gage de la bonne foi idéologique et éthique. La rhétorique plus précisément qui brosse un tableau égalitariste des rapports d’amitié entre deux États amis et leurs chefs dont l’un demande amicalement de l’aide à l’autre. Une Françafrique horizontale et empathique se substituerait-elle à la Françafrique verticale prédatrice d’hier ? Quoi qu’il en soit, le mystère de l’équation françafricaine de François Hollande est tout entier dans cette rhétorique de l’égalité. Pourquoi la France est le seul pays à être sensible aux cris de détresse du Mali ? Parce qu’elle est généreuse ? Pourquoi la Russie ou l’Inde par exemple y sont au contraire si sourdes ? Il y a là des évidences qui en disent long sur la permanence d’une culture et d’une volonté. Des évidences que les dits ne disent pas, et que les non-dits disent haut et fort… Adenifuja Bolaji |
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Un voyageur amoureux de Cotonou qui décide de sillonner les rues de notre capitale économique à pied ou en vélo se prépare à bien des surprises. S’il n’a pas foulé le sol de la ville depuis un certain temps, il découvrira des choses nouvelles. Cela va de soi. D’un tempérament nostalgique, il regrettera certaines et mettra d’autres sur le compte du progrès. Mais au fur et à mesure qu’il avance au cœur de la ville, au milieu des taxis-moto, des engins à deux roues et autres voitures de fortune qui circulent en masse, il se rendra compte que la qualité de l’air qu’il respire laisse à désirer. Le signe de ce constat arrive brutalement au premier carrefour lorsque la masse des motos de toutes cylindrées attend le feu vert pour redémarrer. Des dizaines de pots d’échappement vrombissant déversent dans l’air des volutes d’une fumée âcre. Certains passagers tentent de retenir leur respiration, d’autres se couvrent le nez avec un mouchoir mais inutile de se voiler la face : la fumée qui incommode n’est qu’un échantillon de ce qui est dans l’air ambiant. Lorsque le feu passe au vert, on lit sur les visages un réel soulagement. C’est comme si la nuisance que l’on fuit avait sa source au carrefour. Or le mal est dans l’air. La concentration de gaz qu’on ne supporte pas au carrefour n’est que le signe éphémère de ce mal de l’air urbain que l’on ressent dès qu’on est à Cotonou. La mauvaise qualité de l’air représente un danger pour la santé des habitants et un énorme problème pour la nation tout entière. Les responsables de cet état de chose ce sont les voitures et surtout les engins à deux roues fortement représentés par les taxi-moto, dits Zémidjan. Le visiteur est frappé par leur ubiquité mais au-delà du nombre, il y a surtout ce qui a permis leur existence : l’essence frelatée, le fameux kpayo. Les Zémidjans sont en habit jaune. Il suffirait de revêtir de rouge les revendeurs de kpayo pour rendre visible la symbiose désastreuse du couple Zémidjan/Kpayo à l’origine du changement de la qualité de l’air à Cotonou. Alors on verrait à l’œil nu le jaune et le rouge du drapeau national, dans une entente funeste, se liguer contre le vert, couleur de la vie même. Mais comme c’est souvent le cas, l’imaginaire populaire a jeté son dévolu sur la cause immédiate, préférant laisser dans l’ombre tout le reste. Chacun s’entend à pointer un doigt accusateur sur le Zémidjan. Bien sur, le Zémidjan a sa part de responsabilité et non des moindres dans la pollution de l’air. Mais il y a quelque chose d’insidieux à en rester là. Dans un regard plus objectif, on pourrait mettre en relief la nébuleuse des acteurs qui gravitent autour de l’économie des moyens de transport à deux roues motorisés que sont : le vendeur de kpayo, le revendeur de motos, le trafiquant de pièces détachées, le mécanicien, l’agent véreux, l’usager, etc. Mais la diabolisation du Zémidjan est commode ; elle permet de ne pas ouvrir la boite de Pandore des causes sociales du mal. Or, loin d’être une génération spontanée, le Zémidjan est l’émanation de la société, il a une histoire, il est une histoire. Dans le sud du pays, le vélo a été un moyen de déplacement communal. Pratique, résistant, autonome et n’utilisant que l’énergie humaine, elle reste accessible au paysan. Toute personne ayant grandi à Porto-novo dans les années 60 a vu l’ancêtre du Zémidjan. A l’origine, existaient les taxis-kannan. De grandes bicyclettes de marque "Raleigh" affectées au transport des vendeuses d’Akassa et de leurs marchandises entre le marché d’Adjarra et la ville de Porto-Novo. Les conducteurs étaient de véritables athlètes ; fils du terroir, ils avaient une bonne connaissance de Porto-Novo et de ses environs. Avec le temps, ce moyen a conquis toute la ville : Akpassa, Houeyogbé, Vèkpa, Zèbou-aga, Kandévié, Adjina, etc. Et il n’était pas rare de voir le taxi-kannan dans les coins les plus reculés de l’agglomération de Porto-Novo. Il n’y avait pas que les vendeuses d’Akassa qui les sollicitaient. Bien que les usagers de ce moyen de déplacement et de trait fussent en majorité des femmes, tout le monde pouvait l’utiliser. Les facteurs déterminants de son utilité étaient son côté pratique, son adaptation aux sentiers tortueux des villages, aux rues boueuses et son bas prix. On peut alors se demander pourquoi le taxi-kannan n’a pas conquis Cotonou ? Et pourquoi est-il resté un phénomène typiquement portonovien ? Sans doute pour maintes raisons : par exemple le fait que les VON ensablées de Cotonou se prêtent moins à l’usage de la bicyclette ; le standing différent de la ville ; l’économie plus florissante de Cotonou aspirait à un niveau moins artisanal, etc. Les changements sociaux apparaissent dans des conditions objectives. Lorsque ces conditions sont réunies, le changement arrive. C’est ainsi qu’est né le taxi-moto, qui n’est qu’une évolution du l’antique taxi-kannan. A l’origine de cette évolution, il y a des causes morales, économiques et politiques. Dans les années 70, le régime marxiste au pouvoir a bénéficié d'une bonne conjoncture économique. Mais au début des années 80 cet équilibre s’est rompu et l’économie a commencé à battre sérieusement de l’aile. Porto-Novo, ville de sagesse mémorable, a flairé la crise et y a répondu de manière originale. Si l’économie s’était développée normalement, les taxi-ville n’auraient pas régressé dans la capitale au point que l’esprit de débrouille du Portonovien en vienne à lui substituer le système du taxi-moto. Aujourd’hui, allez dire à un habitant de Porto-Novo que la mauvaise qualité de l’air de Cotonou est née dans sa ville, il vous regardera d’un œil plutôt étonné. Moi même qui vous parle, je suis né à Porto-Novo et j’y ai grandi jusqu’à 20 ans ; mais je ne me retrouve pas dans cette manière d’associer les effets et la cause. Pourtant, il n’y a rien de plus vrai. Ancêtre du Zémidjan, le taxi-moto s’est répandu dans notre ville sans crier gare. De Ouando à Djassin, de Sème à Drègbé, de Katchi à Adjarra, il s’était imposé comme un compromis pratique entre le taxi-kannan qui tirait sa révérence, et les taxis devenus rares et chers. Entre le moment où le taxi-moto a constitué une curiosité bien portonovienne et le moment où, en 1986, à la faveur de la crise économique et de la hausse du prix de l’essence, le taxi-moto prend la direction de Cotonou pour s’y répandre comme une traînée de poudre, il s’est passé bien de choses. Franz Fanon disait : « chaque génération doit, dans une relative opacité, découvrir sa mission, la remplir ou la trahir » En amont de cette vision missionnaire de l’action, il y a un impératif qu’on peut traduire comme suit : « chaque génération doit, dans une absolue clarté, regarder en face son devoir de survie, l’assumer ou mettre en péril sa descendance. » En 1988-89, le Bénin était dans un état de faillite bancaire et de banqueroute totale. Les trois banques du pays étaient K.O. La BCB avait perdu quarante-trois fois son capital ! La crise des finances publiques, déjà sensible depuis 1983, a atteint son point culminant fin 1988 avec l'accumulation des dettes intérieure et extérieure et la cessation de paiement de trésor public. Cette faillite paralyse l’activité économique dans son ensemble. L'accumulation des arriérés de salaire dans la fonction publique, le contrôle puis le gel des retraits bancaires portent à son comble la paralysie. Dans la mesure où la masse des fonctionnaires et la classe moyenne qui en sont les usagers n’ont plus de quoi se le payer, le taxi-ville est condamné au reflux et à l’extinction inéluctable. A l’évidence, avec une telle faillite, l’impératif du pacte social est trahi. C’est dans ce contexte d’anomie qu’est né le Zémidjan à Cotonou. Le slogan de l’époque « Compter d’abord sur nos propres forces » devient un mot d’ordre de sauve qui peut général. Face à l’incurie des pouvoirs publics, les individus l’ont compris comme une injonction à peine codée à se débrouiller eux-mêmes, à trouver solution à leurs problèmes. Et l’instinct d’imitation du Béninois aidant, le phénomène s’est diffusé de manière spontanée. à suivre Binason Avèkes. |
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Une aubaine des tenants du pouvoir en Afrique, y compris et surtout dans le contexte de ce qu'on appelle démocratie --et le cas béninois actuel en est révélateur -- se trouve dans le rapport entre l'information et l’éveil de la conscience du peuple. Sur un sujet particulier ou en général l'opportunité de former son opinion et de s'informer à travers ce qui peut s'écrire, se révéler par écrit sur les affaires de la cité. |
nombre de ceux qui lisent et pour qui, au-delà des usages sociaux immédiats, la lecture est un apport d'enrichissement dynamique, de curiosité critique et analytique, ce nombre se compte sur les doigts d'une main. Cette réserve et cette limitation de l'aptitude lettrée peut s'expliquer en effet par l'origine étrangère d'une langue qui n'exprime rien à l'âme de l'africain. L'information pâtit de la schizophrénie linguistique et intellectuelle dans laquelle est enfermé le lettré africain, qui trouve dans la langue du colon un moyen immédiat d'exhibition de sa bonne volonté intellectuelle mais qui au-delà de ce vernis ostentatoire est vite lassé, et n'adhère pas au fond de son âme et au plus profond de sa libido sciendi. La sclérose de la libido sciendi, dans son rapport dynamique à la langue, son essoufflement, à travers l'usage de la langue étrangère est ce qui assure au pouvoir autocrate la quiétude de l'ignorance du plus grand nombre à l'ombre de laquelle il prospère politiquement et continue à dominer sans coup férir. On comprend alors aisément pourquoi par exemple au Bénin les pouvoirs successifs, y compris celui qui parle de changement ou de refondation, ne se hâtent pas de mettre en place une politique d’utilisation pratique de nos langues nationales ; pourquoi l’Internet est dans un piteux état, et l’indigence numérique proverbiale : car tout ce qui peut bénéficier à l’éveil de la conscience du peuple, constituer une alternative d’édification de sa conscience autonome est une source d’angoisse pour l’autocrate. Babatundé Arèmu |
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Par Prof. Joseph John-Nambo
Résumé
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Gabonais. Professeur d’histoire du droit et des institutions à la Faculté de droit de Libreville a enseigné l’histoire des droits africains au XXe siècle à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne. Ses recherches actuelles portent sur la construction de l’État au Gabon. Parmi ses publications : – « Jalons pour une histoire de l’État au Gabon », Les Épisodiques, 8, 1997 ; – « Le contrat de vente immobilière entre citoyens français et indigènes en Afrique noire coloniale (Sénégal, Gabon, Cameroun) », Penant, 829, 1999 et 832, 2000 ; – « Religion et droit traditionnel africain », in É. et J. Le Roy (sous la dir.) Un passeur entre les mondes. Le livre des Anthropologues du Droit disciples et amis du Recteur Michel Alliot, Paris, Publications de la Sorbonne, 2000. * Université de Libreville, Faculté de Droit et des Sciences Économiques, BP 3886, Libreville, Gabon. <[email protected]> |
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Ceux qui réfléchissent--et Dieu merci, il y en a de plus en plus en Afrique-- penseront que Ouattara est une honte historique pour l'Afrique. Ce en quoi ils n'auront pas tout à fait tort. Car quel Africain digne de ce nom ne se pincerait le nez au passage de cet invendu de l’histoire, parce que vendu à l'Occident et particulièrement à la Françafrique ? Quel Africain digne de ce nom ne fermerait les yeux pour ne pas voir ce concentré d'ignominie de notre race : notre race, j’entends celle qui, parce qu’elle n’a pas inventé la poudre, a soupé de toutes les violences de ce monde ; celle qui a subi pendant des siècles la traite négrière, traitée en animal, vendue, encaissée dans les soutes obscures des négriers, par tonnes sur les mers implacables et salées de sueurs, de sang et de souffrance ! Notre race, celle qui a ployé l’échine sous le joug inhumain de l’esclavage, aux Amériques et aux Antilles, dans les champs de coton et de cannes à sucre… Notre race, celle qui tout de suite après la fin officielle de l'esclavage, s'est vue soumise au joug dictatorial du colonialisme qui ouvrait l’ère infâme d'une exploitation des ressources et des hommes de notre continent au nom de la Civilisation ! Notre race qui après le simulacre d'indépendance, offerte aux soi-disant nations africaines, devait continuer d'être sous l'oppression politique de l'Occident, la France, sinistre pionnière du néocolonialisme en tête. Comme cela a été le cas tout au long de l’histoire invraisemblable de l’Afrique, C'est à ceux-là que M. Ouattara a fait appel pour arbitrer la dispute qui l’opposait à son frère. Et maintenant il occupe le fauteuil de la présidence de Côte d'Ivoire, lui qui aurait pu tout aussi bien présider le Burkina Faso ! A priori quelle honte historique constitue celui qui vend la maison pour acheter le champ ! Aminou Balogun |
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Éléments de l’Histoire Politique du Bénin
d’après une analyse de Pascal Fantondji
La politique, avons-nous dit, c’est du ping-pong par dessus les nuages ; en tout cas telle qu’elle se fait en Afrique soumise à la pression néocoloniale. Cela veut dire qu’elle est régie par les lois du théâtre d’ombre. Et les acteurs, qui s’étripent pour leurs intérêts personnels ou de clans, ne correspondent passouvent aux rapports d’opposition qu’ils affichent. De ce point de vue, il est difficile de savoir qui est qui en politique. En effet, d’une part le système des intérêts est en perpétuel mouvement, et d’autre part il est dans l’intérêt des acteurs de ne révéler ni leur vraie nature ni leurs intentions réelles. Il ne s’agit pas seulement du caractère de la démagogie, ou même de la tromperie inhérent à la culture politique même dans les plus grandes démocraties, caractère qui a contribué à déprécier le mot politique, au point qu’il soit souvent confondu avec "politicien". Au Bénin et plus généralement en Afrique francophone la situation est tout autre. Le basculement du destin politique de la condition d’entité dépendante à celle de nation dite indépendante relève d’une fabuleuse supercherie, tout entier régie par les lois du théâtre d’ombre. En fait, nous n’avons jamais été indépendants. Ni économiquement, ni symboliquement, ni culturellement encore moins politiquement. Et la France – pour citer cette nation européenne très acharnée dans sa volonté à nous tenir en laisse – n’a de cesse de tenir toutes les ficelles de la marionnette que nous sommes. Dès lors, la démagogie, la tromperie et le donné à croire ne sont pas des caractères de la politique en Afrique : ils en constituent la nature même. Le loup néocolonial ne cesse de hanter la bergerie des peuples Africains. Le vautour de la domination symbolique, culturelle, économique et politique française, plane dans le ciel sombre de la politique béninoise. Pour comprendre cette politique, il faut donc avoir présent à l’esprit la donnée du harcèlement néocolonial. Ce qui implique que nous autres Noirs nous n’avons pas le droit de vaquer à nos affaires sans que les Blancs aient à les régler dans leurs intérêts. La politique est fondée sur le principe implicite que tout ce qui se passe en Afrique doit être assujetti à la sauvegarde des intérêts des Blancs ( c’est sans doute ainsi qu’il faut comprendre le terme de “sale Blanc” utilisé par Robert Mugabe, le Président du Zimbabwe, que les Occidentaux, selon leur stigmatisation manichéenne, qualifient de dictateur – par opposition aux Gnassingbé, Houphouët Boigny et autres Bongo dont les Français, notamment s’honorent d’être les répondants en Afrique noire. Or au Bénin, si le néocolonialisme français est en toile de fond de la politique, l’autre personnage incontournable par la durée et l’influence est Mathieu Kérékou, un homme qu’on ne présente plus. Pour ne prendre que la situation politique actuelle qui s’articule autour de l’idée du changement, on peut dire que le changement en 2006, a été nécessité pour mettre fin au long règne criminel de ce dictateur, kleptocrate qui a su se mouler dans le jeu démocratique pour mieux ruiner le pays, sa morale et son économie. L'histoire retiendra les crimes ( de sang et économiques) de cet homme obscur dont l'innocence mythique est inversement proportionnelle au désordre moral, au culte insidieux de la personnalité et à l’étendue des réseaux mafieux. Or, pour se faire une idée de ce qui se passe sur le théâtre d’ombre de la politique béninoise, certes il faut comprendre le rôle capital de l’emprise néocoloniale, qui est le milieu ambiant initial, mais il faut aussi retenir et prendre conscience de la centralité diabolique du personnage de Mathieu Kérékou. Et ce à travers l’histoire politique de notre pays depuis ce qu’on a appelé son indépendance. C’est cette mise en lumière nécessaire du personnage de Kérékou qu’ a essayé de faire Monsieur Pascal Fantondji, 1er Secrétaire du PCB. Dans son “ ADRESSE AUX RESPONSABLES D’ORGANISATIONS PATRIOTIQUES ET AUX PATRIOTES”, le dirigeant politique qui n’a pas sa langue dans sa poche a brossé à grands traits l’œuvre au noir de Monsieur Kérékou. Il a mis en lumière les faits et les agissements que les hagiographes et autres thuriféraires mettent cyniquement dans l’ombre pour propager le mythe contre-nature d’un Kérékou bâtisseur de nation, et homme d’équité ou de probité. Bien sûr, par certains côtés ce portrait sent le vitriol, et nous ne parions pas sur l’objectivité idéologique ou politique de son auteur. Mieux encore nous pensons que pour mieux rendre raison de ce discours, il faut tenir compte de l’histoire des rapports conflictuels du sujet et de son objet. Pour autant, ce discours qui participe d’une saine déconstruction du mythe de Kérékou à un moment où se joue sur la scène politique un retournement paradoxal qui met le changement en porte à faux, ce discours sans concession mérite d’être porté, entendu et compris à sa juste valeur. C’est pour cela que Babilown, en a extrait 20 éléments qui méritent le détour. Binason Avèkes
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Rédigé à 22:17 dans Essai, histo, Memory | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Le bonheur d’être Dictateur c’est la possibilité d’ériger des vessies en lanternes, ses rêves en réalité, ses fictions en histoires collectivement homologuées. Kérékou l’a montré avec l’histoire réelle de l’assassinat du capitaine Michel Aïkpé transfiguré en récit fictif d’un adultère qui aurait mal tourné. Mais le paradigme de l’érection de la fiction en réalité par le Dictateur dans notre sous-région du Bénin est fourni incontestablement par le criminel monstrueux Gnassingbé Eyadema, père de l’actuel régnant. C’est entre autres choses pour couvrir ces crimes monstrueux que le fils avant même que le cadavre du père ne refroidisse avait été fait président avec la bénédiction des grands acteurs de la Françafrique. Le mythe de l’accident de Sarakawa est l’idéaltype réalisé de cette transfiguration de la fiction en réalité. De quoi s’agit-il ? Officiellement un avion militaire supposé transporter le Général Gnassigné Eyadema et quelques membres militaires ou civils de son régime s’écrase lors de son atterrissage à Sarakawa le 24 janvier 1974. De cette version officielle qui ne résiste ni au bon sens ni à la réalité, la seule réalité indiscutable est celle de l’avion écrasé dont certains occupants ont été tués. Mais de la version officielle le régime d’Eyadema a tiré le mythe d’un complot des milieux impérialistes français contre son régime, histoire pour ce ludion du système françafricain de paraître plus blanc que neige, de mettre en scène les dissensions qui ne manquent de surgir entre corsaires conjurés du pillage de l’Afrique. Or comme le révèle un témoin haut-placés « l'avion présidentiel transportait ce jour-là des cargaisons de matériaux de construction pour la résidence privée de Pya et comportait des tonnes de ciment, des tonnes de barres de fer, des tonnes de sable et des tonnes de graviers bien lavés. N'ayant aucune idée de la surcharge de l’avion, les pilotes militaires avaient pour destination Niamtougou. Eyadéma n'était pas à bord, il était à Kara quelques jours avant l'expédition de ces produits, pour bien les réceptionner. » C’est ce montage cousu de fil blanc qui est la réalité que le régime Eyadéma a transformé en mythe ; mythe de son invincibilité miraculeuse ; mythe de sa pureté de combattant africain pour les intérêts du peuple du Togo, mythe de son amour pour le Togo contre ses ennemis et exploiteurs blancs. La distance qui sépare le mythe de Sarakawa de la réalité se structure sur trois niveaux de vérisimilitude. |
Au premier niveau, il y a le fait brut d’un crime crapuleux, qui consiste à faire un montage centré autour d’ un accident d’avion meurtrier. Deuxièmement, il y a le fait que l’accident peut être considéré comme un accident banal, comme tout avion peut en subir, et dont le Dictateur qui n’était pourtant pas au nombre des passagers sera érigé en l’unique survivant, au détriment des vrais survivants, véritables miraculés de son complot-sacrifice. Enfin le troisième niveau consiste à retourner ce crime en attentat contre la personne du Dictateur alors qu’il en est lui-même le cerveau… Cette érection de la fiction en réalité avec les moyens d’information et d’objectivation dont dispose un État est un idéaltype, modèle déposé qui porte la marque de fabrique du régime Eyadema au Togo. Or Monsieur Yayi qui a intériorisé le modèle Béninois et Togolais n’a de cesse de les reproduire. L’affaire de l’empoisonnement autour de laquelle Monsieur Yayi et ses thuriféraires mobilisent le peuple et abuse de sa candeur au lieu de le mettre au travail, cette affaire aussi absurde et pathétique qu’il paraît, appartient au genre du récit de transfiguration politique qui fait le bonheur des Dictateurs. Être dictateur c’est pouvoir se payer le luxe d’accrocher dans la conscience collective quelques tableaux fictifs dont on décrète le statut de réalité en dépit de leur nature grotesque. Prof. ATSIKE Bonaventure |
Rédigé à 21:42 dans Essai, haro, Pamphlet | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Depuis que le vent mauvais de Yayi a commencé à souffler sur le Bénin, la prison est entrée en scène comme lieu stratégique d’évacuation de l’obstacle politique. Cette technique a présidé à l’avènement du pouvoir actuel. Sans qu'on soit parvenu jusqu’à présent à déterminer la manière dont la chose a été manigancée un peu à l’orée de 2006, c’est cette technique qui a permis d’éliminer Rachidi Gbadamassi du circuit politique du Nord. Elimination carcérale à double détente, puisqu’un crime a été commis dans un premier temps, et le sujet-obstacle désigné a été, dans un deuxième temps suspecté d’en être l’instigateur, et des lors jeté en prison. Ce qui ouvrit la voie à, et facilita l’accaparement politique du Nord par Yayi Boni. Comment dans ce cas, surtout au vu du piétinement de l’enquête sur l’assassinat du juge Coovi, ne pas suspecter ceux qui avaient intérêt à voir éliminé le suspect désigné, d’être in fine les vrais instigateurs de ce meurtre mystérieux aussi crapuleux que politique ? Et, continuant – comment changer une technique qui a montré son succès ? – sur la même voie prémonitoire à son entrée en scène politique, Yayi Boni, devenu Président de la République, manie la prison sans retenue. On ne compte pas le nombre d’ennemis plus ou moins imaginaires, d’empêcheurs de fantasmer en rond qu’au nom de la lutte contre la corruption ou de la bonne gouvernance Yayi Boni a envoyés en prison. De Sefou Fagbohoun à Pierre-Simon Adovèlandé en passant par Clément Gnonlonfoun, et autre Andoche Amègnissè. Et ces derniers jours, les Talon, Agbo, Todjinou, et autres Moudjaïdou ont eut maille à partir avec la manie d’emprisonnement de Yayi Boni, à des titres divers et des durées plus ou moins longues. Le plus souvent, pour des motifs controuvés, spécieux, douteux ou rocambolesques. L’une des instrumentalisations la plus crapuleuse de la prison à des fins politiques opérée par Yayi Boni est celle qui, d’une manière écœurante, et proprement révoltante, à la veille des fêtes de Noël, envoya Simon-Pierre derrière les barreaux, et ce sans aucune nécessité formelle, quel que soit ce qui pouvait être reproché à l’intéressé. De même, Pascal Todjinou le chef syndicaliste vient de goûter aux joies de l’embastillement autoritaire sous Yayi pour des raisons tirées par le cheveu. Ce qui aurait pu au pire faire l’objet d’un avertissement ou d’une amende donne lieu à l’application de lois obsolètes sur lesquelles le Gouvernement et ses tenants s’arcboutent comme s’ils n’avaient rien d’autre à faire que de recycler les vieux parchemins de la loi. Le but de ces mesquineries autoritaires est de sévir contre ceux qui empêchent ou pourrait empêcher les tenants du pouvoir d’exécuter leurs projets antidémocratiques et tyranniques, de tripatouillage de la constitution pour s’éterniser, voler l’argent public, piller les biens de l’Etat en toute impunité ! Et, comme la médiocrité de leur bilan saute aux yeux, il faut éliminer, autant que faire se peut |
tous ceux qui apparaissent comme son révélateur ou une alternative crédible. Comme dans un rêve on élimine par tout moyen tout ce qui nous empêche de jouir, ou qui menace notre tranquillité – depuis Freud, on sait que le rêve est le gardien du sommeil. Alors fidèle à son autoritarisme nocturne et à son noctambulisme autistique, Yayi Boni fait recours à la prison, comme jadis les rois faisaient des sacrifices humains pour assurer la paix de leur règne. Dans sa main, la prison devient un paramètre d’épuration politique, un frigidaire ou même une fourrière politique. La belle preuve du caractère politique des emprisonnements opérés par Yayi depuis 2006 c’est leur inspiration régionaliste. Comme par hasard toutes les victimes ou presque de sa compulsion à emprisonner se recrutent parmi les Sudistes : Sefou Fagbohoun, Andoche Amègnissè, Clément Gnonlonfoun, Pierre-Simon Adovèlandé, Todjinou, Talon, Somassè, Agbo, etc.. Quelles que soient les raisons invoquées, aucune de ses victimes n’est ni du Nord, ni de son camp politique. Et pourtant la corruption ou le mal, sinon le crime ne sont l'apanage ni d'une région ni d'un camp : ils ne sont ni politiquement ni ethniquement déterminés. Nous sommes tout simplement en face d’un arbitraire, une dérive tyrannique des principes de la Démocratie, une personnalisation du pouvoir soumis aux caprices oniriques d’un prince ténébreux. Toutes choses qui mettent à mal l’unité nationale et la paix. L’instrumentalisation des institutions de la République à des fins politiques est antidémocratique. L’usage de la prison comme fourrière politique au mépris des libertés individuelles est un crime moral et anticonstitutionnel. Aminou Balogoun |
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Le Choix du nom Bénin Pour le Dahomey : ses Raisons et ses Conséquences Politiques |
« Le Nigéria n'acceptera pas de violence post-électorale à sa porte, car nous partageons une longue frontière » déclarait M. Goodluck Jonathan, le président du Nigéria, le 18 mars 2011. L'une des raisons avancées et qui alors paraissait faire sens, c'était que le nom Dahomey provenait du nom du royaume du Danhomê, qui n'était qu'un royaume parmi les nombreux autres que comptait la colonie du Dahomey, devenue en 1960, république du Dahomey. Tous les citoyens ne se reconnaissant pas dans ce nom, au demeurant porteur de rancœurs héritées du passé, en raison de la puissance prédatrice du royaume Danhomê, il était temps de trouver un autre nom qui ne rappelât aucune ethnie particulière, aucun royaume intérieur au pays, et un nom qui fît l'unanimité. C'est de là que les pseudo-historiens de la mouvance militaro-marxiste qui régentait les affaires du pays ont choisi le nom de Bénin, avec la dénomination « république populaire du Bénin ». Cette dénomination, par les vicissitudes politiques du renouveau démocratique, deviendra « république du Bénin ». Binason Avèkes. Copyright, Blaise APLOGAN, 2011,© Bienvenu sur Babilown Toute republication de cet article doit en mentionner et l’origine et l’auteur sous peine d’infraction
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Le problème de l’assimilation a été au cœur des rapports entre les Africains et leurs colonisateurs européens. Marqué par le soupçon d’infériorité des Africains et l’ethnocentrisme des Européens, il a pris plusieurs formes : politique, économique, culturelle, symbolique et même ontologique. Et son approche a varié d’un colonisateur à l’autre. Ainsi la France, dans la droite ligne de l’acception ethnocentriste que les Européens se faisaient de ce concept qui met en jeu leur paternalisme et le complexe du “white man burden” la France disons-nous est apparue comme championne de l’assimilation, là où l’Angleterre en avait une approche et un usage modérés. Entre Africains et Européens, il y a deux sortes d’assimilation. Et le concept, en dépit qu’il en aie, n’est pas chargé a priori de la négativité que stigmatisent ses contempteurs encore moins des promesses d’évolution qu’invoquent ses promoteurs les plus zélés. L’assimilation de A par B n’est pas la même chose que celle de B par A. Pour l’Africain, la bonne assimilation, c’est de savoir ce qu’on est, voir ce qu’est l’autre, et choisir chez lui sinon en lui les éléments qui nous sont utiles. Au passage, cela suppose de se débarrasser des choses en nous qui empêcheraient de profiter des choses utiles en l’autre ou chez l’autre. Un exemple de ce type d’assimilation est fournie par le Japon dans son rapport avec l’occident. Mais pour les Européens – et cela a été la philosophie française de l’assimilation, il s’agit plutôt d’une démarche ethnocentriste et paternaliste de mise aux normes. l’Africain assimilé ou à assimiler est celui qui, sans savoir qui il est, en cessant d’être lui-même est amené à ressembler souvent en surface à l’autre, son maître, et à imiter ses comportements. Il s’agit d’une idée raciste qui, sous les dehors humanistes nie l’humain. Cette idée part du principe que l’Africain est un sous-homme, un être inabouti, un sauvage, un être à part. Et chaque fois qu’on découvre parmi son espèce un individu dont les qualités contredisent ce principe, on décrète qu’il s’agit d’un être d’exception, qu’on peut assimiler. Senghor est l’exemple de ce type de démarche. C’est la même philosophie qui prévaudra en Afrique du Sud, avec le concept frelaté de “honorary whilte”, où entre deux extrêmes de valorisation de l’ontologie sociale – le Noir et le Blanc – le système a ouvert la possibilité à l’être du blanc honoraire. D’une certaine manière l’assimilé ainsi conçu fait du Noir un homme honoraire. Cette assimilation imposée aux Africains est la mauvaise sorte d’assimilation. Mais l’idée d’assimilation n’est pas en soi mauvaise, à condition qu’elle soit prise à bras le corps par l’Africain lui-même. En Afrique, un exemple de cette appropriation est donnée par les Ibo du Nigeria, qui ont élaboré une ontologie synthétique fondée sur l’assomption de leurs valeurs et l’assimilation du système symbolique du colon. En littérature et pensée africaine, Chinua Achebe est à la fois un produit un producteur de cette synthèse Prof. Ajayi Barnabé |
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Éthique du Lien Social et Esprit d'Entreprise dans le Golfe du Bénin
Au Togo on a les Mama Benz, au Nigéria on a les Fayawo, et les gros commerçants et commerçantes yoruba qui rayonnent dans toute la sous-région et même au-delà. Mais entre les deux pays, et plus précisément entre les Ewé/Guin/Mina d'une part et les Yoruba, entre Adja et Ayo, cette capacité d'organisation et cet esprit d'entreprise n'ont plus cours. Pourquoi ce désert de l'esprit d'entreprise ? On constate que les Togolais du sud qui sont proches des Adja du Bénin et assimilés sont très unis ; c'est d'ailleurs de ce côté-là que vient le concept de nonvitcha qui est une fête annuelle ayant pour but de resserrer les liens de fraternité au sein d'une communauté ethnique ou régionale. Ces peuples sont donc solidaires, ils ont le sens de l'entraide. La capacité d'entreprendre et la réussite se fondent sur un groupe ou une famille, une ethnie ou une religion, etc. au sein de laquelle se développe un esprit de solidarité. |
Telles sont les valeurs intériorisées par les membres de ces agrégats ethniques. Et, comme ils forment le groupe démographique le plus grand du Bénin, en tout cas du sud du Bénin, cela a tendance à marquer tout le pays du sceau fatal de manque de lien social, et contribue à l'atmosphère de défiance et de chacun pour soi qui y règne. Anjorin Badarou |
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François Hollande, comme tous ses prédécesseurs depuis Giscard d’Estaing, a promis de mettre un terme aux pratiques de la Françafrique, appelant à des relations décomplexées, «sans ingérence, mais avec exigence». Le Président français a notamment annoncé la fin des «émissaires, intermédiaires et officines», lesquels trouveront désormais «porte close à la présidence de la République française». Il a également évoqué une révision des accords de défense entre la France et les pays africains : ils seront désormais négociés, c’est promis, sans clauses secrètes. Mais si de Giscard à Sarkozy cette promesse n’a jamais été tenue, pourquoi le serait-elle avec François Hollande ? Comment la France de François Hollande dérogerait-elle à la règle énoncée par De Gaulle selon laquelle la France n’a pas d’amis mais des intérêts ? La preuve de ce que dans son essence la Françafrique restera inchangée, et que le statu quo perdurera est symbolique, et en politique les symboles ont force d’évidence et de vérité. François Hollande avant d’aller présider la réunion de la francophonie qui se tient à Kinshasa a fait son premier voyage sur le sol africain en tant que président de la République à Dakar. Or le choix de Dakar, du Sénégal ne se justifie pas si on raisonnait dans l'optique rénovée d’une Afrique totalement libre et libérée des rapports et liens coloniaux, voire précoloniaux. Avant la colonisation les Sénégalais servaient de tête de pont à la percée française en Afrique. C’est parmi les Sénégalais que les Français recrutaient les soldats qui servaient à réprimer les royaumes résistants à la conquête coloniale. Ils étaient aussi la chair à canon. Avec la colonisation, cette fonction a continué de manière plus formalisée. Les révoltes, les résistances dans les colonies étaient réprimées grâce au contingents de Sénégalais, utilisés comme de véritables chiens de chasse coloniaux. Cette fonction a culminé avec le personnage mythique du tirailleur Sénégalais, qui comme d’autres a été utilisé sans complexe durant les guerres européennes, baptisées « guerres mondiales. » En cette matière, comme c’est toujours le cas, -- l’être humain étant toujours pressé de se venger du bien qu’on lui a fait -- le maître Français n’a pas toujours été à la hauteur de la dignité et de la justice pour les sacrifices consentis par ses recrues noires : le cas de Thiaroye où des soldats Sénégalais qui avaient combattu pour la France durant la 2ème guerre mondiale furent froidement massacrés d’avoir demandé leur paye, en est un exemple parmi bien d’autres. L’organisation territoriale des colonies avait fait du Sénégal son centre, tout au moins en Afrique de l’Ouest. Tous les autres gouverneurs des autres territoires étaient des lieutenant-gouverneurs qui dépendaient du Gouverneur-général du Sénégal. C’est dans cet esprit de ce que les révolutionnaires africains appelleront « chiens couchants » du système colonial -- les Haoussa joueront le même rôle pour la colonisation anglaise -- que le Sénégal, à l’instar des autres pays d’Afrique, accèdera à ce qu’on a appelé indépendance, qui n’est en vérité qu’une supercherie de façade, qui a placé les africains dans une situation d’exploitation sans appel et sans responsabilité, contrairement à ce qui se passait sous la colonisation, où l’exploitation allait de pair avec la responsabilité du colonisateur. C’est dans cette euphorie théâtrale et de supercherie que le Sénégal, pays musulman dans sa grande majorité émergera soi-disant indépendant avec un |
président chrétien, grammairien poète, qui chante les merveilles de la femme noire mais est flanquée dans sa vie intime d’une femme blanche, française. Ce modèle du président sénégalais obligé d’épouser une blanche française ne changera véritablement que récemment avec Macky Sall qui consacre la chute du vicieux autocrate octogénaire nommé Wade. Depuis lors donc la France a entretenu une tradition de relation privilégiée avec le Sénégal fondée sur l’histoire de la soumission de celui-ci, de sa promptitude à jouer les jeux géopolitiques français en Afrique et dans le monde, de son utilisation comme tête de pont dans la manipulation culturelle et idéologique des Africains en général et des Africains francophones en particulier. Pour la France, à l’instar de la Côte d’Ivoire qui a été érigée en capitale économique de la Françafrique -- situation transitoirement menacée par l’arrivée au pouvoir de Gbagbo et que la France n’a eu de cesse de rectifier -- le Sénégal fait office de capitale politique de la Françafrique. Donc c’est pour cela que sans y réfléchir, alors même qu’il promet de rompre avec la Françafrique, François Hollande s’y rend en premier. Alors que s’il voulait se donner la peine de regarder l’Afrique telle qu’elle s’exprime dans sa volonté institutionnelle autonome, ce n’est pas le sol de Dakar que le nouveau Président Français foulerait en premier mais Cotonou, l’actuelle capitale de la Présidence de l’UA ou Addis-Abeba, son siège. Le fait même de n’avoir pas résisté à l’appel de l’histoire et de ses réalités qui lui paraissent non seulement aller de soi mais inaliénables, François Hollande trahit le fait qu’il n’est pas et ne sera pas une exception dans la pérennité indécrottable de la Françafrique.Tout au plus mettra-t-on la Françafrique au goût du jour, en lui faisant quelque ravalement de façade, en l’émondant comme le font les jardiniers municipaux pour que son feuillage corresponde au ramage stylistique du président actuel. Car dans un monde où elle est en perte d'influence, la France n'a pas d'autre choix que de s'agripper à sa poule aux oeufs d'or : pour la France, la Françafrique est une seconde nature. Aminou Balogoun |
Rédigé à 20:17 dans Essai, porque | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Il y a une idée selon laquelle la politique doit être nécessairement politicienne ; l’application concrète de laquelle fait que peu importe la manière dont on accède au pouvoir suprême : il est valorisé et naturel d’y accéder par la violence et la fraude, car cela donne de vous l’image prestigieuse d’un vrai homme d’état, mystérieux, irrationnel et au-dessus des lois. Cette idée prévaut largement en Afrique. Et, au Bénin, elle a la faveur de M. Yayi pour qui elle tient lieu de philosophie politique. C'était en tout cas la seule ressource du novice en politique. Se rabattre sur les voies simplistes vaut toujours mieux que se creuser la cervelle pour savoir le sens élevé des choses. Aussi y va-t-on en brute et en canaille. Ses adversaires sont considérés comme des indignes, qui ne méritent pas respect et à qui on s'imposerait de toutes les façons possibles quelle que soit la situation. Le peuple lui-même est tenu pour docile potentiel et quantité négligeable. La démocratie, de ce fait, fait l'objet d'un apriorisme sans surprise au terme duquel les buts et les résultats des élections présidentielles sont fixés d'avance avant même la tenue de ces élections. Et rien ne peut en changer la donne. C’est ainsi, de la téléologie violente et personnaliste, ça s’appelle la politique en Afrique. Il y a un Nord et un Sud, c’est déjà bon comme ça. Si ce n’est pas pour soi qu’on prend le pouvoir, on le prend pour ne pas perdre le Nord… La politique de la terre brûlée qui sied plus facilement au nordiste –quel sudiste se laisserait aller à semer la guerre au sud, à Cotonou dans une ville dont l'histoire, le nom lui parle au plus profond de son âme ?--, cette politique de la terre brûlée permet de faire la différence. A l’instar de leur modèle Eyadema, MM. Kérékou et Yayi n'ont pas peur d'instaurer la zizanie au sud et à Cotonou si l'a priori de leur volonté de se maintenir au pouvoir devait être contrecarré : coup d'état, insurrection, désordre, assassinat, divisons fratricides, barbarie et violence en tout genre sont au menu, autant de composantes de la panoplie des menaces brandies pour terroriser le pays, décourager l'adversaire du sud : égblémakou ! |
Non, c’est trop lui demander. L’homme politique Africain, qu’il s’appelle Mobutu, Eyadema, Obasanjo, Yayi, NGuesso, Biya, etc… ne se pose pas de question. Il est Président et c’est tout, et peu importe si l’Afrique avance ou recule. La politique en Afrique est politicienne en ce qu’il se résume à un enjeu personnel, bestial et idiot. Ainsi réalise-t-on un holdup, des fraudes, une confiscation de pouvoir pour accéder au sommet de l'État ou pour y rester. Et le mal est fait. Il peut toujours rêver mais la réalité montre qu'il n’en a jamais été ainsi. La responsabilité du président fraudeur est tout entière. Entière est sa naïveté d'espérer qu'après son crime inaugural tout sera blanc comme neige, juste et droit. Car, le crime inaugural du Président fraudeur est un crime au sommet de l’état, un crime total Adeyemi Bosande |
Rédigé à 21:08 dans Essai, haro, Pamphlet | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Contrairement à ce qu’on peut penser, ce n’est pas la nature morale et intellectuelle des Africains qui est source des malheurs du continent, mais une culture opportuniste du pillage, tributaire du colonialisme et calquée sur son modèle éthique et politique. La source du malheur des Africains réside dans la logique vicieuse qui fait que les gens qui accèdent au pouvoir à tous les niveaux de la vie sociopolitique et économique sont fatalement les plus vicieux, les plus médiocres, les plus méchants, les plus crapuleux, pendant que les bons sont marginalisés, piétinés, éliminés par une tourbe infecte de fornicateurs, une venimeuse engeance de pilleurs sans foi ni loi, d’opportunistes qui ne pensent qu’à eux-mêmes, n’ont aucun sens ni aucune pitié du collectif, aucune générosité de cœur et d’âme, et qui pince sans rire se tiennent pour les premiers moutardiers du pape ! Et se passent avec malice le pot de génération en génération. De l’Italie au Brésil en passant par la Chine ou le Japon, la culture de mafia n’est pas nouvelle. Mais dans aucun conti-
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nent au monde, aucun pays au monde, aucune culture au monde ce type de logique de renversement du bien par le mal où les mauvais se hissent naturellement au sommet et marginalisent, piétinent ou éliminent violemment ou subtilement les bons, ce type de logique n’est à ce point triomphant et systématique. Tributaire de l’éthique et du modus operandi du colonialisme, cette logique a été récupérée, naturalisée, adaptée et portée à son firmament par l’élite africaine, heureuse de mettre ses pieds dans les vieux souliers du maître colonial. Dans une telle condition, comment veut-on que l’Afrique se développe, comment peut-on espérer que malgré ses richesses matérielles et culturelles immenses, elle cesse d’être à la traîne, la pitié sinon la risée du monde ? Ayindé Bolaji |
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Alekpehanhou- a na zé so ahossou
Dans la production musicale béninoise il y a la pratique de l’hommage publicitaire ; il est souvent pratiqué par les artistes de la musique traditionnelle. Zinli, Tchinkounmè, Akpala, Agbadja, etc. Il consiste à clore un album ou une représentation par un morceau spécial qui déroule l’identité d’un certain nombres de personnages, que l’artiste met en valeur par ses louanges, ses félicitations et ses bénédictions. Ces personnages ressortissent d’une large variété sociologique ; et c’est cette variété qui donne à la prestation son autonomie en tant que genre. Ce sont souvent des hommes politiques en vue ou en quête de notoriété, des hommes d’affaire, des religieux, des notables, des commerçants, etc, amis de l’artiste, et qui à un titre ou à un autre contribuent à son soutien matériel et financier ; ses sponsors ou mécènes, à qui, en retour, l’artiste exprime sa reconnaissance, apporte sa voix, dans le cadre de son art proprement dit. Il ne s’agit pas d’une plage publicitaire dans une série de titres d’un album ou dans une
représentation.
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Mais la diversité et la structure sociologique des personnages loués dans la chanson, la qualité de la chanson, son orthodoxie formelle, le fait qu’elle ne se distingue en rien dans les manière et l’art de créer font de cette prestation partie intégrante de l’art. Et dans le cas des œuvres gravées sur des supports, l’effet publicitaire de la prestation est assurée. Ici, Alèkpéhanhou, Grand Prince Incontesté du rythme Zinli d’Abomey, sacrifie au genre de l’hommage publicitaire qu’il élève avec maestria et panache au niveau d’une créativité savoureuse tout à fait éblouissante : |
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Ayidohouédo Benoît
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Consécutif à l'alternance de 2006, un changement est bel et bien intervenu au Bénin ; à ceci près que, véritable serpent de mer, il n'est pas de la nature qu'on attendait. Son promoteur miraculeux, le fameux docteur Yayi qu'on ne présente plus, avait promis un changement de nature économique. Avec à la clé le radieux rêve de l'émergence. Tout cela, soutenu par le symbole du cauris, qui était jadis celui de l'argent et de la richesse. L'homme était amené par de fiers experts, connaisseurs chevronnés en oiseaux rares qui, au Bénin, sont préférables aux hommes politiques de métier, blanchis sous le harnais des partis politiques institutionnels. |
Rédigé à 22:04 dans Essai, Pamphlet | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Oui, cette variété est conforme. La liste des victimes des Coutumes du Danhomè est composée d'êtres humains, d'un crocodile, d'un chat et d‘un faucon. Ces divers êtres ressortissent de genres différents : il s'agit d'un animal social--l'homme, d'un animal aquatique, le crocodile ; d'un animal de la brousse, le chat ou le félin. (Au Danhomè la panthère étant sacré c'est le chat qui le remplace) ; et enfin du faucon, un oiseau c'est-à-dire un animal des airs. |
Comme on le voit, la variété de la liste des victimes des coutumes au Danhomè avait sa cohérence. Celle-ci est en rapport avec une vision et une division du monde. Mais des considérations morales ou politiques ont exacerbé et isolé l’élément du sacrifice humain pour en constituer l'un des griefs majeurs élevés contre le royaume du Danhomè. Cette surdétermination des coutumes par l’élément du sacrifice humain n’est pas seulement un prétexte moral des conquérants occidentaux pour faire main basse sur le royaume du Danhomè, à l’orée du 19ème siècle après qu’ils en ont toléré la barbarie pendant les siècles phare de l’esclavage. Elle traduit aussi la myopie épistémologique de l’ethnocentrisme occidental qui allait de pair avec l’entreprise colonialiste Bapé Anselme |
Rédigé à 00:19 dans Essai, porque | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Je cherchais à me préciser l’origine du footballeur Essien ; parce que son nom me disait quelque chose. Par rappel de la chanteuse nigériane Christy Essien-Igbokwe, je me demandais s’il n’était pas du Nigeria et plus particulièrement de l’ethnie Ibibio. Et ma recherche sur Wikipedia me renseigna qu’il était d’origine ghanéenne. Du reste le fait qu’il soit ghanéen n’infirme pas l’hypothèse de son appartenance à l’ethnie Ibbio, car comme le précise la documentation, “les Ibibios sont un peuple d'Afrique de l'Ouest, surtout présent dans le sud-est du Nigeria (État d'Akwa Ibom), mais également au Ghana, au Cameroun et en Guinée équatoriale”. Voilà pour ce qui est de mon intuition, quant à l’origine ethnique ou nationale du célèbre footballeur. Mais telle ne fut pas l’origine du petit choc que m’a procuré mes recherches, et que j’aimerais partager avec le lecteur. En fait j’ai regardé sur deux pages de wikipedia : une en anglais et l’autre en Français. D’abord celle en français, qui commence par me dire : “Michael Essien, né à Accra au Ghana le 3 décembre 1982, est un footballeur professionnel évoluant au club du Real Madrid”, etc. Cette présentation ne me disait pas ce que je cherchais. J’apprenais seulement que Mickael Essien était né au Ghana. Mais on pouvait être né au Ghana sans être Ghanéen, indépendamment de l’idée ambigüe du droit du sol chère aux Français. Après tout Marcel Desally était né au Ghana… Alors, comme je subodorais qu’il était du Nigéria et que c’était par rapport à ce soupçon que je m’étais mis à faire ma recherche, je décidai de pratiquer l’entrée en anglais correspondant. Et je tombai sur ceci “Michael Kojo Essien (also known as Mickaël Essien; born 3 December 1982) is a Ghanaian footballer who plays for Real Madrid” Alors vous voyez la différence ! D’abord la version française ne fait pas mention du prénom africain du joueur : elle l'a purement et simplement escamoté. Et pourtant, eussé-je reçu cette information que j’aurais compris sans autre forme de procès que le footballeur était Ghanéen. Donc la version française ne voulait pas de ce prénom, et il a été amputé. Il ne fallait pas trop multiplier les références à son identité africaine. Le fait qu’il est noir était déjà suffisant pour qu’il s’appelle Essien. Et peut-être qu’avec cet Essien, on pourrait le placer dans la catégorie d'un Desally. Parce que pour les Français, un Noir lorsqu’il est bon ne doit pas être laissé dans le giron obscur des Noirs. «Le nègre, disait Ernest Renan, est fait pour servir aux grandes choses voulues et conçues par le Blanc». Ils doivent donc être apprêtés pour être à leur service ; les blancs sont nos recycleurs, et nous devons être prêts à être enrôlés par eux : pour soutenir leur société, économie et avenir. Alors on peut penser que ce procès sur un petit détail est un
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procès en sorcellerie pour le moins délirant. Mais votre honneur, je voudrais déposer devant la cour que vous présidez, un autre détail qui ne manque pas d’importance : Pourquoi la version anglaise dit explicitement que Essien est un footballeur ghanéen tandis que la version française se contente de faire référence à sa naissance au Ghana ? Il y a là un fait troublant qui peut paraître anodin à ceux qui n’ont pas compris le poids de l’idéologie assimilationniste française et ses implications sur la réalité quotidienne. Pour les Français, Essien est un joueur de classe internationale ; esclave du ballon rond que les Mercatos du foot s’arrachent et s’échangent à volonté. Pour cela, selon l’esprit assimilationniste français, il ne s’appartient pas, il n’a pas d’identité originale ; il est fait pour servir la volonté des Blancs qui sont supérieurs aux Noirs, et qui décident de leur vie et de leur destin. Et pour qu’il soit ainsi blanchi, il faut déjà blanchir tout ce qui rappelle son origine. D’où l’oubli de son prénom Kojo, et l’escamotage subtil de son origine nationale, plongée dans un flou insidieux. Cette idéologie assimilationniste qui vient de l’époque coloniale, à quoi s’appose le pragmatisme libéral anglo-saxon de l’indirect rule, a aujourdhui son pendant philosophique : c’est l’universalisme dont encore une fois les Français sont les champions. Avec cet universalisme, les Français sont capables de prendre un ourson à la mère ourse et en faire un Français qui danse à leur rythme. Car l’universalisme c’est aussi l’occasion de nier l’origine particulière de quelqu’un pour le faire atterrir dans l’identité de ceux qui organisent et dominent le monde. Et la violence espiègle de cette conception anthropologique des rapports internationaux, surtout dans sa dimension symbolique, est l’une des choses dans lesquelles, dans son combat d’arrière-garde de nations qui ont mangé leur pain blanc dans ce monde-tourniquet, la France excelle le mieux… en gros mais aussi en détail. Aminou Balogun
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Rédigé à 18:41 dans Essai, haro, Pamphlet | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
La signification d’une courbette dépend entièrement de la situation, de la profondeur et de la longueur de temps consacrés. Faire la courbette au Japon vise à témoigner du respect à la personne ou la chose à la quelle on fait la courbette. La hiérarchisation sociale au Japon est très importante. Si vous êtes d’un rang social plus élevé que quelqu’un, vous remarquerez qu’elle vous parlera d’une façon plus polie, s’inclinera devant vous plus profondément. Les courbettes sont seulement l’une des nombreuses façon de montrer respect et humilité devant une autre personne. Tout dépend de à qui est adressée la courbette, on peut s’incliner plus profondément, plus longtemps, ou même ne pas s’incliner du tout. Au-delà de l’humilité, on peut s’incliner pour toutes sortes de raisons. On peut s’incliner pour saluer, remercier, présenter ses excuses, pour féliciter quelqu’un, et bien d’autres circonstances. Voici une typologie succincte des courbettes japonaises : 1. La Courbette du-chef ( 5°). Il s’agit tout juste d’un geste de la tête légèrement inclinée vers l’avant. Cela se fait entre amis. Il y a une autre situation où cette courbette peut être utilisée. Si vous êtes d’un rang plus élevé( social, professionnel, etc. ) que la personne à qui vous le faites en manière de reconnaissance 2. La Courbette de Salutation, Eshaku (会釈), (15°). Elle sert à saluer essentiellement des connaissances ou des gens considérés comme pairs. La courbette du-chef est un peu similaire, mais se veut plus familière. Cette courbette en revanche est réservée à des gens connus mais dont le degré de familiarité est limité 3. La Courbette de Respect, Keirei (敬礼), (30°). A ce stade, la courbette exprime le respect. 30 degrés ce n’est pas négligeable. Cette courbette est réservée à votre patron/ou à d’autres personnes de rang supérieur que vous. L’angle d’inclinaison peut être un peu plus élevé que 30°, le cas échéant. En tout état de cause on ne doit pas faire usage d’une telle courbette avec des familiers ou des parents ( sauf s’il s’agit d’une blague) |
4. La Courbette de plus Grand Respect, Saikeirei 最敬礼, (45°). Disons que vous avez fait une bévue monumentale, quelque chose de grave, ou vous avez accusé un grand retard à une réunion avec vos supérieurs et vous souhaitez vous faire pardonner, ou alors vous êtes en face de l’empereur. C’est la courbette idoine, parce qu’elle montre le plus grand respect ( ou regret) possible ( tout au moins quand vous n’êtes pas amené à vous mettre à genoux). En principe vous n’aurez pas besoin de ce type de courbette très souvent, du moins si vous avez de la chance. 5. La Courbette à genoux, la tête touchant le sol ( ce qu’on appelle en fon “ donudo”) . Ce type de courbette n’est plus fréquent de nos jours C’est le genre de courbette que l’on voit faire dans les films de Samurai, sur le passage d’un daimyo. Si vous avez commis une bourde dont vous avez peur et voulez vous excuser, vous pouvez tomber sur vos genoux et frapper votre tête contre le sol en guide de repentance. Mais le plus souvent ce type de courbette est rarissime dans la réalité, à moins que ce ne soit dans les cérémonies d’arts martiaux ou au théâtre. Amida Bashô |
Rédigé à 14:18 dans Essai, Ethic | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Lire la suite "Lettre à Pancrace sur Pourquoi Yayi est Stressé en ce Moment et Crie au Complot " »
Rédigé à 15:09 dans Essai, Lettre, Pamphlet | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Jours se sont écoulés depuis le holdup odieux perpétré par la bande des pilleurs diri gée par Yayi, valet-zombie de la Françafrique en terre du Bénin |
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