Dits et non-dits d’un Discours
Dans son discours sur l’intervention militaire au Mali, François Hollande, dit que la France répond à la demande d’aide d’un pays ami, le Mali, demande qui lui a été adressée par son homologue malien, etc… Même un Président de gauche normal qui avant d’accéder à la fonction avait la dent dure contre le paternalisme néocolonial des rapports de la France avec ses anciennes colonies, se voit aujourd’hui dans l’obligation de mettre ses pas dans ceux qui depuis des décennies ont tracé le sentier peu lumineux de l’intervention française en Afrique. On chercherait en vain l’équivalent de telles interventions du côté de Londres, bien que l’Angleterre, à l’instar de la France possède aussi d’anciennes colonies sur le continent. Aussi salutaire soit-elle, cette intervention française au Mali, comme celles du passé ailleurs sur le continent, a toujours une odeur de soufre qui la précède. Soit parce qu’on considère que les malheurs actuels du Mali résultent du vide créé par l’élimination léonine de Kadhafi, et l’appel d’air chaud qu’elle a induit dans la sous-région. Et on voit tout aussitôt que la France n’est pas toute blanche dans cette affaire, de même que son président, aussi normal soit-il. En effet, qui mieux que la France, son président d’alors et quelques intellectuels hystériques se sont faits les vedettes forcenées de cette géopolitique de l’élimination ? Mais l’absurdité de la position de François Hollande n’est pas seulement dans cet héritage qu’il assume au moins au nom de la continuité objective de l’État en tout État de droit et de cause. Mais elle est dans ce non-dit de la prise de responsabilité. Car avouer que l’on intervient au Mali parce que l’on comprend que ce qui s’y passe aujourd’hui est la conséquence d’actions préalables dans lesquelles la France a eu un rôle et non des moindres, c’est pointer du doigt la survivance de la logique néocoloniale incarnée par la Françafrique que renie François Hollande. |
Alors le langage devient le gage de la bonne foi idéologique et éthique. La rhétorique plus précisément qui brosse un tableau égalitariste des rapports d’amitié entre deux États amis et leurs chefs dont l’un demande amicalement de l’aide à l’autre. Une Françafrique horizontale et empathique se substituerait-elle à la Françafrique verticale prédatrice d’hier ? Quoi qu’il en soit, le mystère de l’équation françafricaine de François Hollande est tout entier dans cette rhétorique de l’égalité. Pourquoi la France est le seul pays à être sensible aux cris de détresse du Mali ? Parce qu’elle est généreuse ? Pourquoi la Russie ou l’Inde par exemple y sont au contraire si sourdes ? Il y a là des évidences qui en disent long sur la permanence d’une culture et d’une volonté. Des évidences que les dits ne disent pas, et que les non-dits disent haut et fort… Adenifuja Bolaji |
Depuis le 10 janvier 2013, et l’intervention massive de l’armée française au Mali, les peuples africains se retrouvent face à une dure réalité : ils ne sont pas indépendants. Au lieu que cette situation nous fasse réfléchir pour voir pourquoi nous sommes tombés si bas, on assiste à (des) débats qui vont dans tous les sens en oubliant complètement les causes de la situation que nous vivons.
Il y a un an exactement, le Mali était présenté comme l’un des pays les plus démocratiques du continent, avec des élections à date fixe, un parlement multipartite avec au sommet de l’état, Amani Toumani Touré (ATT), qui paradait dans les conférences internationales avec ses grands boubous en « général démocrate ». Le Mali, dont l’armée était présentée comme une des plus puissantes de l’Afrique de l’ouest avec ses 400 généraux ( !), était donc désigné comme l’exemple à suivre ; les élections se préparaient pour une nouvelle alternance ; bref tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes.
En 2011, en Libye, suite à la révolution tunisienne et à la chute de Ben Ali, les populations libyennes veulent aussi jouir de leur libertés ; elles commencent à contester le pouvoir du colonel Kadhafi ; c’est une aubaine pour les puissances occidentales qui trouvent là, l’occasion rêvée pour se débarrasser de ce colonel fantasque et empêcheur de piller en rond le pétrole de son pays. Pour cela, un tour de passe-passe à l’ONU suffit pour obtenir l’autorisation de la « Communauté internationale ». Comment alors, faire chuter à moindres frais le régime du colonel ? N’oublions pas que les peuples rechignent à voir leurs enfants embarqués dans des guerres qui ne les concernent pas. Il faut se contenter des frappes aériennes et éviter des combats au sol qui entraineraient beaucoup de morts dans les rangs des militaires de la « Communauté internationale ». Un deal a été fait avec les touaregs composants la garde rapprochée du colonel Kadhafi : « Vous prenez l’engagement de ne pas vous battre et on vous autorise à vous retirer dans le vaste désert malien avec vos armes, votre argent, vos voitures rutilantes etc.… » C’est ce qui fut donc fait ; car personne ne peut nous faire croire que les avions français qui bombardent ces gens aujourd’hui, n’avaient pas la possibilité, ensemble avec ceux des anglais et des américains qui étaient sur place de le faire pendant leur repli sur le Mali. ( lire la suite...[http://blaisap.typepad.fr/mon_weblog/2013/01/lintervention-francaise-au-mali-une-honte-et-une-humiliation.html])
Rédigé par : Gilbert. K. | 16 janvier 2013 à 18:49
L'élimination léonine de Kadhafi n'est pas sans conséquence ; les troubles du Mali en sont un exemple immédiat. C'est comme si un Dictateur qui se croit au-dessus des desseins de la nature ( comme d'ailleurs en fait foi l'idéologie occidentale) décidait de supprimer tous les vautours et autres charognards de la savane, sous prétexte qu'ils sont laids et détestables... Après leur disparition, c'est toute la savane qui deviendra détestable, et invivable...Nous y sommes...Kadhafi n'avait pas que des défauts...
Rédigé par : Ashanti K. | 14 janvier 2013 à 15:33