Étèwutu.com : Métamorphose du Pouvoir, Pouvoir de la Métamorphose
.
« Un chef militaire porté malgré lui par ses pairs aux responsabilités d'homme d'Etat le 26 octobre 1972 et qui, sur la base de ses valeurs intrinsèques, incarnait aux yeux de sa hiérarchie et de ses subordonnés, l'exemple du courage et de la rigueur. Rien, a priori, n'indiquait au départ que ce militaire qui faisait montre d’une grande sensibilité humaine se révélerait, plus tard, non point un meneur d'hommes à la manière des illustres figures que furent Kwamé N'Krumah, Thomas Sankara et Jerry Rawlings, mais un véritable acrobate calculateur dont l'ego n'aura pour corollaire que sa méconnaissance des dimensions humaines de l'homme et son insensibilité à la souffrance d'autrui.
Trois étapes dans l'évolution de Mathieu Kérékou permettent de comprendre la métamorphose intervenue dans son comportement.
Premièrement :
Kérékou de la période du 26 Octobre 1972 à Juin 1975 où s'affichaient en lui les valeurs de courage, de rigueur et de droiture.
Deuxièmement :
a) Kérékou dans l'Affaire dite Kovacs et la trahison de
Janvier Assogba avec son coup de force des 21, 22
et 23 Janvier 1975 qui visait la liquidation du
mouvement révolutionnaire.
b) La dislocation du noyau familial de Kérékou, suite à
la tragédie du 20 Juin 1975 ayant entraîné le décès
du capitaine Michel Aïkpé.
c) L'agression armée du dimanche 16 Janvier 1977 où
il était le principal homme à abattre par l'armée
des mercenaires.
Troisièmement :
Le retour de Kérékou aux affaires en 1996.
II faut signaler, en amont des événements ayant marqué ces étapes, une enfance mal vécue du fait d'un besoin d'épanouissement vainement attendu du côté paternel, malgré l'aisance relative de son environnement maternel. Ne dit-on pas, en effet, que toute la vie d'un homme s'explique par son enfance ?
Précisons que [ le conflit avec] (...) Janvier Assogba au travers de l'Affaire Kovacs avait marqué une rupture radicale avec perte de confiance entre Mathieu Kérékou et ses compagnons d'armes. Cependant, cette perte de confiance n'était rien comparée à la plaie profonde et incurable que fut [l'élimination ] (...) de Michel Aïkpé ayant entraîné la dislocation de sa famille qui constituait la chose la plus chère dans la vie du Président Kérékou. Dès lors Mathieu Kérékou avait cessé de croire en l'Homme, particulièrement en ses compagnons d'armes auxquels il avait Définitivement tourné le dos. Cela explique qu'il ne se soit préoccupé que peu ou prou de la qualité de vie et îles conditions matérielles de sa corporation militaire, laissée désormais pour compte et qui peine au dernier rang dans le concert des armées de la sous-région, malgré l'appréciable contribution des forces armées béninoises à la consolidation politique et socioculturelle du Bénin. »¹
Si la métamorphose de Mathieu Kérékou peut s’expliquer surtout par la longue durée de son règne, quid du cas de son successeur dont le changement a été aussi rapide que violent ? Si le pouvoir change plus ou moins nos présidents peuvent-ils encore se targuer de vouloir changer quelque chose ?
Professeur Cossi Bio Ossè
¹Extrait de Mathieu Kérékou, Mythe et Réalité, Lt.-colonel Philippe AKPO, les éditions du Flamboyant, 2007
Copyright, Blaise APLOGAN, 2008, © Bienvenu sur Babilown
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.