La dernière victime carcérale de Yayi Boni a un nom et un visage : c’est Maître Lionel Agbo. Au Bénin, pays qui porte le creux héritage de quartier latin, les gens qui ont été à l’école, tant qu’à faire aiment bien le faire savoir en dégotant vaille que vaille des titres intellectuels consacrés. Docteur ou Maître sont les plus en vue. Avec le verdict qui vient d’être prononcé dans l’affaire dite d’offense au chef de l’État, on peut dire qu’un Docteur a incarcéré un Maître. « Tant pis, ça lui apprendra au Maître de s’accoquiner avec un Docteur dont il ne sait rien, alors que rien ne l’empêchait de faire équipe avec le chaman d’à côté… Les gens vont chercher des présidents loin dans la brousse au lieu de choisir celui qui est tout près d’eux, dans l’espoir qu’ils pourront manipuler à loisir l’étrange étranger. Et la chose peut tourner mal…lorsque le chichavi supposé devient chicha si ce n’est chichagan » Voilà le genre de réflexion qui vient à l’idée lorsqu’on voit jour après jour s’allonger la liste des victimes carcérales de Yayi Boni. Car parmi elles, aucune n’est de la région d’identification imaginaire de Yayi Boni, le nord. La chose est surprenante, et on se perd en conjectures sur ses raisons. Dans la mesure où nombre d’entre eux sont allés derrière les barreaux pour des affaires de corruption, on peut se demander si les gens du sud ne sont pas de fieffés malhonnêtes, détourneurs de deniers publics, corrompus ? La plupart sont de sexe masculin et portent des noms chrétiens : Guy, Alain, Pierre-Simon, Armand, etc.… L’hypocrisie de la culture chrétienne que les gens du sud ont intériorisée plus tôt, plus spontanément et plus massivement que leurs frères du nord, remonte-t-elle à la surface, et trahit-elle sa nature vicieuse ? Sociologie de bas étage, dira-t-on... D'autant plus que la victime du jour, à l’instar d’autres qui l’avaient précédée, n’a pas été incarcérée pour des raisons de corruption, mais pour un délit d’opinion : offense au chef de l’Etat. Tel fut aussi à peu près le cas de Andoche Amègnissè, qui fut incarcéré parce qu’il avait écrit dans son journal que Yayi Boni battait sa femme. Lorsqu’un homme comme Yayi Boni réagit aux propos de ses concitoyens en leur assénant le gourdin d’une peine carcérale, on pourrait penser que plus forte est sa réaction, plus il est innocent de ce dont on l’accuse et que, aussi vive soit sa réaction, elle est légitime. Si ce raisonnement est vrai, on pourrait en déduire que les allégations de Maître Lionel Agbo qui lui valent le fouet carcéral de son ex-employeur d’État, sont fausses. A savoir que l’entourage de Yayi Boni, comme il l’avait laissé supposer dans sa conférence de presse diffusée sur Canal 3 n’était pas corrompu et que Yayi Boni n’avait pas l’intention de tripatouiller la constitution pour se maintenir au pouvoir. Raisons à peu près similaires à celles au nom desquelles M. Talon a été mis en fuite et accusé de tentative d’empoisonnement du Chef de l’Etat. Mais c’est un secret de Polichinelle de bruiter que Yayi Boni ne boit que de l’eau ferrugineuse, et n’est pas tendre tous les jours avec sa femme… et c’est peut dire… Or pourtant cela ne l’a pas empêché de réagir et de sévir violemment contre Andoche Amègnissè pour avoir dit tout haut ce que nombre de gens savaient. La conclusion de cette démonstration par l’absurde ? Eh bien c’est que Yayi Boni a tendance à réagir violemment lorsque les choses dont on l’accuse sont vraies et ne réagit pas lorsqu’elles sont fausses. Il y a quelques jours, la presse a fait état de ce que le président aurait affrété un jet privé pour aller faire le tour de certaines capitales africaines en vue de solliciter la prolongation de son mandat de Président de l’UA dont il a joui au sens hédoniste et politique du mot. Aussitôt sans aller jusqu’à mettre les impertinents indiscrets en prison, son service de presse est monté sur ses grands chevaux pour démentir vertement l’information. Là aussi, il apparaît que la nouvelle a de forte chance d’être vraie, et c’est parce que la démarche de quémandeur de prolongation initiée par le Chef de l’Etat a fait long feu que l’on a jugé utile au niveau de la présidence de faire une mise au point de démenti.
Mais revenons à notre liste des incarcérés : dans la mesure où la raison invoquée pour l’incarcération de la plupart de ces personnes est la lutte contre la corruption, et puisque la totalité d’entre elles sont du sud, on est face à une alternative logique : soit les gens du Sud sont malhonnêtes, soit Yayi Boni est un régionaliste et un menteur ! Qui croirait sérieusement le premier terme de cette alternative ?
Nom Prénom |
Région |
Photo |
Religion |
Lionel Agbo |
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Séfou Fagbohoun
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Alain Adihou
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Andoche Amègnissè
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Pierre-Simon Adovèlande
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Clément Gnonlonfoun
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Armand Zinzindohoué
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Constant Amoussou
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Guy Akplogan,
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Firmin Akplogan
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J-Marc Akplogan
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Clément Sohounou
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Patrice Adonagbo
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Ezéchiel Bodjèrènou
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Vivien Kougnimon
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Ernest Tété
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Etienne Djihoundjro
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Eric Hounyet
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Michel Agbonon
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Albéric Agboli-agbo
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Justin Dimon
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André Tinkpon
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Emile C. Tègbénou
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Grégoire Ahizimè
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Codjo Houngbédji
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Bonaventure Boko
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Nicolas Houngbèmè
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Ludovic P. Dohou
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Adenifuja Bolaji
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