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Yayi Boni, le Passé d’une Illusion
Que les institutions de contre-pouvoir ou de régulation ne soient pas autonomes sous le régime de Yayi Boni vient d’être démontré par l’insolite décision de la HAAC de fermer une radio d’envergure sous des raisons qui laissent perplexe et chagrinent tout esprit éclairé et épris d’équité.
De même il y a peu, la presse a rendu publique la preuve de l’intervention du pouvoir dans le maintien en détention d’un maire accusé de larcin mais qui en réalité avait le tort de ne pas être du côté du pouvoir et de ne pas s’en cacher. Ces genres d’agissement totalement impairs et antidémocratiques caractérisent le style, la personnalité et la gouvernance de Monsieur Yayi. Jusqu’ici, ils étaient en partie excusés et mis au compte du pragmatisme d’un homme dont on disait qu’il était soucieux des fins que des moyens. Et comme la fin était l’émergence du pays, l’opinion semblait tolérer ces entorses aux règles de base de notre Démocratie. Or non seulement le Bénin n’émerge pas sous Yayi, non seulement il s’enfonce dans la misère, la corruption et le blocage politique mais les entorses aux règles sont de plus en plus monstrueuses et de plus en plus nombreuses : elles deviennent même la règle de gouvernance. Voilà un homme qui en 2006 a été élu dans le respect de la démocratie. Un vieux général au pouvoir depuis 10 ans qui ne demandait pas mieux que de s’éterniser a même été obligé de s’effacer dans le strict respect de notre Constitution. Or voilà que son remplaçant élu à une écrasante majorité dans l’euphorie d’une espérance de changement pour notre pays et sa démocratie, après avoir promis, cauris, richesse et émergence, s’enlise dans un autoritarisme idiot et moyenâgeux qui confine à la tyrannie et s’en donne à cœur joie de violer les règles les plus élémentaires de la démocratie. Peut-être parce qu’ayant été élu à 75% il a du mal à comprendre la portée de son pouvoir et se croit désormais au-dessus de la constitution. Dès lors dans une prodigieuse naïveté, sinon dans un splendide aveuglement au bon sens, il confond pouvoir personnel et pouvoir d’État, fantasme et règle constitutionnelle, et trahit une pathétique allergie à la libre pensée. Dans une obscure bravoure il se met en tête d’instrumentaliser toutes les institutions de la République, à seule fin de se perpétuer au pouvoir par le jeu des faits accomplis, des passages en force, des consensus frauduleux et des apparences de légalité. De cette manière, il est parvenu à conformer toutes les institutions délibératives et régulatrices à l’image de ses fantasmes d’accaparement et de gestion solitaire du pouvoir. Le culte de la personnalité est sa culture de base, son crédo et son mémento. La dithyrambe est son genre apprécié. Ceux qui chantent sa gloire sont adoubés, protégés, remerciés tandis que ceux qui le décrivent tel qu’en lui-même dans sa médiocrité paysanne complexée, ou ceux qui osent le critiquer sont punis, réprimés emprisonnée, voire !
Où est donc passée l'espérance incarnée par l’élection de Yayi Boni en 2006 ? En l’espace de quelques années tout ce capital a été dilapidé, comme les milliards de la nation gaspillés en propagande et projets hâtivement conçus et mal élaborés à seule fin d’illusionner le peuple. Non seulement Monsieur Yayi n’a rien fait émerger au Bénin, mais il participe activement à immerger le peu d’acquis démocratique dont s’honore notre pays ; cette image positive que le monde entier nous reconnaissait !
L’enfer de l’Espérance était pavé d'illusions. Yayi Boni se révèle un piètre économiste, un médiocre développeur et pour tout dire un tyran masqué, qui finit par jeter le masque. Tout à coup l’homme d’avenir à qui on aurait dit Banzai sans hésiter est devenu le passé d’une illusion.
Éloi Goutchili
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