Idéogramme 119 : De quoi Obama est-il la Preuve

Mon Idéo, Va, Court, Vole et Tombe sur...

L’Inégalité Empirique des Noirs

Je me demande si les États-Unis ont fait du bien à l’Afrique et aux Noirs en général en élisant Barack Obama comme Président. La question se pose dans la mesure où ce geste accroît un peu plus dans l’esprit des Africains la confusion facile entre les capacités individuelles et les performances collectives. Confusion qui, jusqu’ici a été au cœur du raisonnement des Africains par rapport à la thématique de l’égalité vis-à-vis des autres races, notamment de celle que l’histoire a consacrée comme étant leur contraire, à savoir les Blancs.

Mais la question de l’égalité n’est pas qu’une question d’individus. Et en Afrique, on doit s’arrêter un peu et réfléchir à cette vérité. Oui, il n’y a aucun doute que, placés dans les mêmes conditions, tous les individus humains, indépendamment de leur race, ont naturellement la capacité d’exprimer les mêmes virtuosités intellectuelles, les mêmes dispositions cognitives, etc. Mais parce que les êtres humains en réalité n’ont pas la chance d’être placés dans les mêmes conditions, l’égalité des individus n’empêche pas d’observer et de juger les performances collectives de leurs groupes d’appartenance sous le rapport des formations collectives historiques, cultuelles et naturelles.

Et de ce point de vue, le faciès qu’offrent les Noirs en tant que collectivité, à partir d’un moment donné de l’histoire de l’humanité, comparé à ceux d’autres races, pose bien dans ses performances la question de l’inégalité ; même si un certain aspect de cette inégalité résulte aussi des effets négatifs des interférences entre les groupes humains.

Donc cette manière d’écarter d’un revers de main la problématique de l’inégalité collective en excipant de l’égalité évidente existant potentiellement entre les individus est une ruse lénifiante que les Noirs adressent à eux-mêmes et aux autres. Une ruse que vient consolider sur le mode de l'euphorie l’élection d’un Barack Obama comme président des Etats-Unis.

Or, l'égalité individuelle n'est pas l'exacte négation de l'inégalité collective. L’égalité formelle ne doit pas servir de masque à l’inégalité empirique. L’égalité empirique est le résultat de notre propre action. Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front, à dit Dieu. On pourra parodier ce commandement divin en disant “ Tu seras égal aux autres à la sueur de ton front “ Certes, tromper les autres est de bonne guerre, mais le faire au prix de se tromper soi-même, est dangereux. Si la fierté que nous procure l’élection d’Obama en tant que Président des États-Unis signifie qu’un Noir peut être aussi doué, aussi intelligent qu’un Blanc ou un Jaune – encore que je ne sache qu’il faille être particulièrement intelligent pour être Président dans quelque pays que ce soit, et surtout en Amérique où l’exemple de Bush nous le prouve sans nuance –, la chose est entendue ; mais de là à dire que les Noirs, les Blancs, les Chinois, considérés à l’aune de leurs performances sont empiriquement égaux, il y a un fossé qu'il ne faut pas franchir sans précaution, au risque de s'y laisser ensevelir.

Éloi Goutchili

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