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Similitude Symbolique
Il y a une similitude paradoxale entre l’avènement d’Obama, premier Président Noir des États-unis et Mandela, premier Président Noir de l’Afrique du Sud. Cette similitude s’inscrit dans une analogie dont les éléments sont inverses. En effet Obama, en tant que président Noir des États-unis, est d’un groupe ethnique minoritaire dans un contexte sociopolitique où le clivage Noir/Blanc, bien que
déterminant, est noyé dans une multiplicité de réalités ethniques caractéristiques du fameux melting pot américain. Alors que de l’autre côté, Mandela, en accédant au pouvoir était le président issu de la majorité noire, jusque-là opprimée dans un contexte où le clivage Noir/Blanc reste la ligne dominante sinon exclusive de polarisation du conflit politique. Et là où la similitude apparaît entre ces deux personnages et contextes distincts c’est, au-delà des symboles qui les rapprochent, l’effet réel et ultime de leur surgissement providentiel sinon dans la sphère politique, du moins au sommet de l’État. En effet, si l’élection d’Obama constitue un signe majeur et inédit dans l’affirmation d’une société ou d’une époque postraciale en Amérique, il n’en demeure pas moins vrai qu’il y a loin de l’espoir, des symboles, et des émotions à la réalité, à l’ordre du réel, à la raison d’une histoire, d’une société, d’une culture et d’un rapport de force racialement structurés où le Blanc depuis des siècles est dominant et le Noir est dominé. De même, en Afrique du Sud, peut-on constater que si l’évènement de Mandela consacre la fin officielle et formelle de l’apartheid, les conséquences mais aussi les structures de cette idéologie de domination raciale sont loin d’avoir disparu. Et que, passé l’euphorie de la liberté, la prise du pouvoir par la majorité noire en Afrique du Sud n’a toujours pas débouché fondamentalement sur l’égalité et la justice économiques.
Enfin de compte, la similitude entre les deux événements et personnages historiques que sont Obama et Mandela porte sur les limites de l’effet réel de leur émergence historique, par rapport aux attentes mais aussi aux croyances naïves dont elle est investie. D’un point de vue positif, la ressemblance entre les deux hommes est dans leur pouvoir symbolique. Et, eu égard à l’histoire violente des rapports entre Noirs et Blancs, dans le réel, force est de constater que la similitude est négative.
Éloi Goutchili
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