Mon Idéo Va, Court, Vole et Tombe sur...
« Qui change quoi ? Avec qui ? »
Après tout, on ne peut tenir rigueur à Yayi Boni de n’avoir pas tenu sa promesse électorale majeure, le changement, résumé en son slogan phare « ça doit changer, ça va changer ! » Oui, ça a changé ! Et ça se voit comme le nez au milieu de la figure. Il y a eu du changement, on ne peut le nier. Et pourtant, une précision faisait défaut que sur le coup personne ou presque n’a tenu à exiger, ou – lorsqu’elle le fut – à entendre : c’est la précision portant sur le sens et la nature du changement. Sans vouloir faire de l’ironie, on doit à la vérité de reconnaître que, rapportée à ses slogans qui ont fait mouche, la promesse du candidat Yayi ne dit rien du sens ou de la nature du changement promis. " Ça va changer " ce n’est pas la même chose que " Ça va changer en bien ", et
Et en raison de toutes ces omissions ce qui devait arriver arriva. A sa manière, Yayi Boni a apporté le changement. En l’espace de trois ans, par rapport à l’époque Kérékou, le changement saute aux yeux, même des aveugles. Nous avons assisté à une formidable régression des libertés – publiques, individuelles, de la presse et d'expression. Sur le plan de la moralisation de la vie publique, la corruption a changé d’échelle, les ordres de paiements anarchiques, l'abus des fonds spéciaux, le népotisme dans les nominations, le harcèlement fiscal sont devenus systématiques. Beaucoup de tristes records ont été battus par le régime du changement : limogeage, remaniements ministériel, effectif du gouvernement, voyages présidentiels, débauchages d’élus, anarchie budgétaire, actes de régionalisme, etc... Bref, il n’y a pas à dire, Yayi Boni a bien tenu promesse !
Moralité, le changement est un cercle : il peut être vicieux ou vertueux. Tout dépend du sens dans le quel il est parcouru. Le peuple doit apprendre à faire violence à son enthousiasme et ne pas tomber dans le piège des slogans ambigus ou des mots d’ordre insidieux. Car ils sont une arme à double tranchant. Ce n’est pas faire preuve de malice que de demander à tel homme politique si le changement qu’il promet sera en bien ou en mal. Et lorsque, à contre courant de l’euphorie électorale, un autre eut le courage de demander « Qui change quoi ? Avec qui ? », il aurait fallu prêter un peu plus attention à cette interrogation énigmatique, qui plus que dans l’oreille d’un sourd, tomba dans les abysses de l’enthousiasme populaire…
Éloi Goutchili
Copyright, Blaise APLOGAN, 2008,© Bienvenu sur Babilown
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.