Idéogramme 143 : Ainsi va le Maniement du Remaniement

Mon Idéo Va, Court, Vole, et Tombe sur…:

Immanence de l’Imminence

Depuis des mois le remaniement est annoncé comme imminent. Dans le  même temps, il n’y a rien d’officiel à son sujet. Le président ne dit rien. C’est la presse qui bruite l’événement, qu’elle soit d’obédience ou d’opposition. Le remanieur lui-même se tait et se terre dans des intrigues politiciennes plus ou moins farfelues. Y a-t-il une loi qui demande et organise les remaniements dans une démocratie ? Certainement pas, mais des habitudes et des moments bien précis consacrés par l’histoire des remaniements démocratiques de par le monde. En l’occurrence y a-t-il une nécessité intrinsèque du remaniement ?  Pourquoi depuis quelques mois en est-il venu à être une évidence quasi biblique ? Si, comme dans une démocratie saine, le gouvernement n’avait d’autres buts que d’œuvrer au progrès du pays, les seules raisons et moments de remaniement ne seraient que les raisons de son efficacité interne ou les moments charnières dans les options de développement.

Malheureusement, au Bénin, avec les néophytes au pouvoir depuis 2006, et notamment le premier d’entre eux, agité, instable au possible, imbu de soi, soucieux de se donner une épaisseur politique qu’on n’a pas, le tout politique est devenu la norme, l’occupation exclusive. La politique surdétermine tout. Les actes de développement, d’orientation éthique pour un vrai  changement, quand ils existent, lui sont subordonnés. Il n’y a qu’à voir la cacophonie, la précipitation et le parti-pris de la propagande et du culte de la personnalité qui les caractérisent pour s’en convaincre. Le jeu biaisé des institutions, la suite farfelue donnée aux affaires genre CENSAD, modèle déposé de corruption sous le régime Yayi, l’option décomplexée du deux-poids-deux-mesures viennent compléter avec insolence ce parti-pris de la politisation à outrance. Politisation pour se faire une santé politique sur le dos de la nation tout entière, par détournement de l’esprit des acquis du Renouveau Démocratique. Cette politisation généralisée a hélas un double effet funeste : elle décuple la corruption et conforte la bonne conscience des dirigeants ; car à l’enrichissement personnel dont l’unité de compte est passée en trois ans du million au milliard, elle ajoute la justification d’une dimension circulaire de la politique au service de la politique. « Pourquoi êtes-vous élu en 2006,  Mister Président ? – Eh bien, hum…dit-il en se raclant la gorge, et à grands renforts de gestes désordonnés, eh bien, je suis élu en 2006 pour me faire réélire en 2011.» Absurde !

Et pendant ce temps, le développement réel du pays attend. Il attend que l’homme politique novice ait acquis de l’épaisseur politique. Qu’il se fasse sa cagnotte de but en blanc. Il attend que le gladiateur politique ait transformé l’espace politique en un champ de ruines jonché des cadavres sanglants de ses ennemis politiques.

Le nouvel héros de la politique rêve des grands soirs de plébiscite où le peuple dans la misère et la débrouille chroniques, ventre affamé, les pieds dans l’eau des inondations,  à l’ombre du baobab de la corruption et de la régression démocratique chante en chœur sa gloire suprême de constructeur de ponts et chaussées, de donateurs aux roitelets et autres religieux de tout poil. Et pendant ce temps, comme en un long entracte théâtral, on annonce l’imminence du remaniement. Une imminence qui dure des mois, une année, voire !  Et c’est ainsi qu’on arrive même à changer le sens intime des mots. Au Bénin, sous Monsieur Yayi, l’imminence du remaniement peut durer une année. Et à force d’être imminent depuis des mois, le remaniement devient immanent, à la misère politique du gouvernement et de son chef, remanieur en diable… Ainsi va le  maniement du remaniement…

Éloi Goutchili

Copyright, Blaise APLOGAN, 2009,© Bienvenu sur Babilown

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Comments

[Rédigé par : B. A.]

S'il n'y a pas de changement comme vous dites, les gens qui parlent de changement devraient aller se pendre ; à commencer par le premier d'entre eux : vous êtes d'accord ?

[Rédigé par : Thomas coffi]

je vous cite:

====car à l’enrichissement personnel dont l’unité de compte est passée en trois ans du million au milliard======

Detrompez vous cher ami: Ne tombez pas dans cette manipulation d'opinion: le theoricien des cuilleres et louches, grand maitre dans l'art de leur maniememt nous a fait croire que l'échelle de la corruption a changé
Or il en a toujours été ainsi: le million n'est que l'aune des petits plantons obscurs sans mentor haut placé "
Thomas Coffi