Idéogramme 152 : Ce que Nous Devons à Ceausescu

Mon Idéo Va, Court, Vole et Tombe sur…:

Kaméléon

   

Le monde se souvient de l’exécution sommaire du dictateur Nicolae Ceauşescu. 20 ans déjà ! Cruel anniversaire ! Cette exécution inhumaine dont les images passèrent en boucle sur tous les écrans du monde, eut un impact insoupçonné sur l’évolution de la politique mondiale dans cette période de tempête accélérée par la chute du mur de Berlin.

Dans le monde tous les petits dictateurs qui ne pétaient pas plus haut que leur cul, furent ébranlés dans leur fondement… La peur de crever comme un chien, d’être pendu par les couilles,  peur dont les images étaient devenues rares depuis Mussolini, s’empara d’eux. Beaucoup retrouvèrent un brin de raison égoïste. Leurs yeux tombèrent sur leur nez, comme on dit en fon. Mieux vaut sauver sa peau et la fabuleuse fortune accumulée que de servir de bouc émissaire à une logique interne d’épuration politique dont les adeptes n’étaient autres que ceux-là qui naguère vous tenaient le crachoir et agitaient pour vous l’encensoir.

En Afrique, les Dictateurs qui n’avaient pas l’étiquette honteuse de “communiste” restèrent plus ou moins cois, comptant surtout sur l’assurance-vie de leurs maîtres néo-coloniaux et capitalistes pour service rendu à la pérennisation trompeuse de leur domination. Mais pour ceux qui se vantaient d’avoir le label communiste ou marxiste, rien n’était assuré. C’est-à-dire que le pire était à craindre.  Pour sauver sa peau, il fallait fuir (Comme Ceausescu à Târgovişte ), ou ramper et innover dans la mutation, c'est à dire faire le Caméléon. Mais comme le montre le cas de Ceausescu, la fuite était à  terme vouée à l’échec dans un monde qui sonnait le glas du cloisonnement au rythme de la mondialisation. En revanche, faire le caméléon, innover dans la mutation, étonner, coopérer, s’amender spontanément étaient la seule façon de prendre de court la tempête de règlement de compte interne qui agitait la sainte bannière de libération du joug communiste, la seule façon d’éviter d’être l’holocauste d’une classe décidée à tout prix à persévérer dans son être y compris par le sacrifice suprême.

Au Bénin, Mathieu Kérékou, caméléon politique inné, eut l’intelligence d’avoir perçu la menace et d'y avoir répondu à bon escient. Aujourd’hui si l’histoire reconnaît sa sagesse qui permit le miracle du Renouveau ; s’il apparaît comme l’un des rares dictateurs à s’être rendu à l’évidence de la démocratie sans effusion de sang, il serait tout aussi juste et intelligent de souligner ce qu’il doit sous ce rapport au sacrifice de son camarade de lutte, Ceausescu ! Et par-delà Kérékou, ce que le Bénin doit à Ceausescu ….

Éloi Goutchili

Copyright, Blaise APLOGAN, 2009,© Bienvenu sur Babilown

Tout copier/collage de cet article sur un autre site, blog ou forum, etc.. doit en mentionner et l’origine et l’auteur sous peine d’être en infraction.