Échange de Bons Procédés
Yayi Boni : Bonjour Monsieur le Président Sarkozy !
Sarkozy : Oh, pas de protocole entre nous, Thomas, on peut se tutoyer
Yayi Boni : Merci Nicolas…
Sarkozy : Y a pas de quoi, mon cher Thomas, assieds-toi…
Yayi Boni : Et l’Avion France, poursuit-il sa route sans problème ?
Sarkozy : Ce n’est pas de tout repos, je respecte à la lettre le plan de vol, mais que de zones de turbulence et quels passagers !
Yayi Boni : Oui des passagers à fort caractère, c’est connu, mais y a pas meilleur pilote que toi … Même à l’échelle mondiale, tu es le meilleur Président, le plus efficace que le monde ait jamais eu depuis longtemps…
Sarkozy : Merci pour le compliment, l’ami, mais va dire ça à ton cousin Obama qui bat tous les records de popularité ; le monde entier est à ses pieds, tout le monde se l’arrache et il n’hésite pas à me snober…
Yayi Boni : Evidemment, il est le premier président Noir de l’Amérique et c’est un atout ! Sans compter qu’il a promis le changement…
Sarkozy : Oui, l’appât du changement le peuple y mord à tous les coups, même si c’est pas pour longtemps…
Yayi Boni : Hélas, j’en sais quelque chose, c’est pour cela que je suis heureux de te rencontrer…
Sarkozy : Que puis-je pour toi, ami et confrère, copilote du Bénin…?
Yayi Boni : Eh bien voilà, Nicolas te souviens-tu que quelques mois après mon élection tu étais venu au Bénin…
Sarkozy : Oui…et que de chemin parcouru depuis lors de part et d’autre !
Yayi Boni : Tu étais alors Ministre de l’Intérieur du Président Chirac et candidat déclaré à sa succession…
Sarkozy : Oui, c’est exact, et je dois dire que ce voyage m’a vraiment porté bonheur…
Yayi Boni : Te souviens-tu m’avoir félicité pour le raz-de-marrée de mon élection ?
Sarkozy : Oui, 75% c’était un véritable plébiscite !
Yayi Boni : Tu m’avais alors demandé le secret de mon succès
Sarkozy : Oui, tout à fait…
Yayi Boni : Et je t’avais révélé en toute confiance les trois dimensions de ce succès : 1. le trafic des votes notamment grâce à l’achat massif d’électeurs togolais ; 2. l’opportunité du thème du changement dû au bilan catastrophique de mon Général prédécesseur ;3. Enfin la dimension magique en tant que le Bénin, pays du vodou, concentre sans sa culture le meilleur de la puissance occulte de l’Afrique…
Sarkozy : Oui, c’est exact, et je t’ai expliqué que ne pouvant pas acheter des électeurs, même des Belges, je m’en tenais aux deux derniers leviers ; et je sais que tu n’as pas ménagé tes efforts pour me doter du talisman du succès électoral concocté par tes plus puissants magiciens, comment vous les appelez-déjà ?
Yayi Boni : Bokonon !
Sarkozy : Exact !...
Yayi Boni : Et te souviens-tu de ce que tu m’avais dit lors de ton départ de Cotonou ?
Sarkozy : Oui, bien sûr, comment saurais-je oublier ! J’avais dit que je te le revaudrai…
Yayi Boni : Et, mon cher Nicolas, ce n’est pas pour dire que tu n’as pas tenu ta promesse. Tu l’as fait plus que je ne pouvais l’espérer, dans maints domaines : diplomatique, social, économique, et bien d’autres. Mais quelle meilleure illustration de ta bonne volonté que d’avoir fait du Bénin le pays pilote de ta politique de l’immigration choisie ; c’est un véritable honneur pour les Africains et les Béninois et pour moi-même. Ton Ministre Brice Hortefeu qui a été le fer de lance de cette politique sociale et humaine est devenu un ami du Bénin et un ami personnel; ce qui lui a valu d’avoir un passeport béninois preuve de la confiance que toute la nation béninoise lui témoigne
Sarkozy : Et je ne peux que t’en remercier, mon cher Thomas, ce geste me va droit au cœur. Voilà qui clouera le bec à tous ceux qui disent que la politique d’immigration choisie est une politique raciste anti-noire. Quelle meilleure preuve de l’humanité de cette politique que la reconnaissance d’un chef d’Etat africain hors pair comme toi, Docteur, et qui représente bien ce que l’Afrique a de moderne et d’intelligent !
Yayi Boni : Merci, Nicolas, mais…
Sarkozy : Mais quoi Thomas ?
Yayi Boni : Te souviens-tu aussi que lors de ton départ à l’issue de ton premier voyage au Bénin, je t’avais soumis la question de ma réélection ?
Sarkozy : Oui, je m’en souviens bien et sur le coup, je t’avais même dit que c’était trop tôt pour l’envisager ; mais dès que j’ai été élu moi-même, j’ai compris le sens de ton impatience. Mon Monsieur Afrique, Henri Guaino, pour ne pas le nommer, m’a dit un proverbe africain qui dit : “On ne sent l’utilité des fesses que quand vient le moment de s’asseoir”… Et je pense que maintenant je te comprends parfaitement… Mais alors que puis-je faire pour toi Thomas ?
Yayi Boni : Eh bien, Nicolas, tout ce que je veux, c’est que tu appuies cette réélection fermement, car elle m’est très chère…
Sarkozy : Certes, je m’en doute, mais en quoi faisant ? Je ne vais pas aller jusqu’à demander le gel des avoirs de tes opposants quand même…
Yayi Boni : Oh, non, de part et d’autres le soupçon de dictature plane sur nous pour se permettre d’envisager ce genre de mesure extrême, mais parmi mes adversaires, il y en a au moins un qui mérite d’être surveillé de près…
Sarkozy : C’est lequel ?
Yayi Boni : Me Adrien Houngbédji, mon adversaire historique !
Sarkozy : Il se représentera ?
Yayi Boni : Tout porte à le croire, et il est à l’affût.
Sarkozy : Alors que puis-je faire le concernant ?
Yayi Boni : Tout ce qui est en ton pouvoir, mon cher Nicolas, à commencer par le refus catégorique de tout soutien de ta part, en tant que Président de la France.
Sarkozy : Fais gaffe, Thomas, mes soutiens ne portent pas forcément chance... Quand, lors des élections américaines, j'avais pris fait et cause pour McCain, en refusant tout soutien à Obama, c'est celui-ci qui fut vainqueur ; faut-il que je te porte malheur, l'ami ?
Yayi Boni : Non, Nicolas, l'Amérique et l'Afrique ce n'est pas pareil ; en Afrique la France commande et les Africains obéissent, c'est dans l'ordre des choses... Il suffit que tu me soutiennes et toutes les chances seront de mon côté...
Sarkozy : Très bien, mon cher Thomas, je ne peux pas te refuser cela, vu tout ce que tu as fait pour moi… mais est-ce le seul adversaire qui t’inquiète ?
Yayi Boni : Puisque tu me poses la question, à vrai dire non…Un autre qui m’inquiète aussi sinon plus est l’ex-ministre et actuel Président de la BOAD, mon compatriote du Nord, Bio TCHANE…Ah, mon cher Nicolas ! Si tu pouvais bloquer ses ambitions d’une façon ou d’une autre, alors là je te le revaudrai…
Sarkozy : Ecoute Thomas, j’ai une solution top secret, je te la communiquerai le moment venu, pour l’instant, ce que je te promets, c’est zéro soutien à tes deux cauchemars… ça te va ?
Yayi Boni : Parfait, Nicolas, pour l'instant, je ne demande pas mieux…
Binason Avèkes
Copyright, Blaise APLOGAN, 2008, © Bienvenu sur Babilown
Les commentaires récents