Mes congénères primates, il y a 200 ans de cela, Charles Darwin est né. Puissiez-vous vous joindre à moi pour lui souhaiter joyeux anniversaire !
Contrairement à de nombreux membres de l'espèce humaine, Darwin est un vrai héros. Ses réalisations ont été prodigieuses, sa science, méticuleuse. Son travail a transformé notre compréhension de la planète et de nous-mêmes.
En même temps, il était un être humain doux, un homme digne, un mari aimant, un père affectueux, et un ami fidèle. A en juger par ses lettres, il était aussi parfois très drôle. En d'autres termes, il était un de ces rares hommes aussi sympathiques qu’impressionnants.
En outre, bien que beaucoup de ses contemporains eussent pris fait et cause pour l’esclavage, Darwin y était opposé. Il venait d'une famille de fervents abolitionnistes, et a été révolté par ce qu'il a vu dans les pays de l’esclavage: «Près de Rio de Janeiro, j'ai vivais en face d'une vieille dame, qui avait un vis pour écraser les doigts de ses esclaves femmes. Je dormais dans une maison où un jeune couple de mulâtres domestiques étaient, quotidiennement et à chaque heure insultés, battus et persécutés et ce suffisamment pour briser le moral de l'animal le plus brut... Cela faisait bouillir le sang et trembler le cœur de penser que nous les Anglais et nos descendants américains, avec nos cris de gloire à la liberté, soyons si coupables. »
Il a pratiqué une sorte d'idéal, un rêve scientifique. Il a examiné avec minutie la nature - les coquilles de balanes, des pistils de fleurs - mais a travaillé aussi sur les grands thèmes. Il a correspondu avec les hommes de connaissance nobles, mais aussi avec des agriculteurs ou des éleveurs de pigeons. Il a observé, interrogé, expérimenté, testant sans cesse ses idées.
Est-il possible aux plantes du continent de coloniser une nouvelle île? Si tel est le cas, elles doivent avoir un moyen pour cela. Pourraient-elles survivre dans l'océan? Pour le savoir, Darwin plonge des graines dans de l'eau salée pendant des semaines afin de voir combien pourraient germer. Il a signalé, par exemple, « qu’une plante d’asperges aux baies mûres lancée dans la mer a pu flotter pendant 23 jours, alors que séchée, elle a flotté pendant 85 jours et les graines ont ensuite germé." La vitesse réelle des courants de l'Atlantique étant de 33 miles nautiques par jour, Darwin se dit qu’une graine parcourrait plus de 1300 miles en 42 jours. Oui, les graines peuvent voyager en mer !
Darwin a publié d'importants travaux sur des sujets aussi divers que la biologie des plantes carnivores, les bernaches, les vers de terre et la formation de récifs coralliens. Il a écrit un récit de voyage, "Le Voyage du Beagle", qui a été immédiatement un best-seller et reste un classique du genre. Et comme si cela ne suffisait pas, il a découvert deux grandes forces dans l’évolution - la sélection naturelle et la sélection sexuelle - et a écrit trois chefs-d'œuvre scientifiques radicaux ", l'Origine des espèces" (1859), "De la descendance de l'homme et de la Sélection en rapport avec le Sexe "(1871) et" L'Expression des émotions chez l'homme et les animaux "(1872).
« L’Origine», bien sûr, est ce pour quoi il est le mieux connu. Ce volume de portée colossale quoique minutieusement détaillé, a jeté les bases de la biologie moderne. Ici, Darwin a développé et présenté des preuves que tous les êtres vivants - y compris les humains - ont évolué à partir d'un ancêtre commun, et que la sélection naturelle est le principal moteur de l'évolution du changement. La sélection sexuelle, a-t-il fait valoir, a été une force supplémentaire, en charge de fonctions spectaculaires comme la queue de plumes de paons qui sont inutiles (ou même nuisibles à) la survie, mais essentielles pour la séduction.
Avant la «L’Origine», les similitudes et les différences entre les espèces ne sont que des curiosités, des questions de savoir pourquoi une plante donnée peut être succulente comme le cactus ou à feuilles caduques comme l'érable ne trouvaient pas de réponse sérieuse. La biologie elle-même n’a été rien de plus qu'un vaste exercice d’inventaire et de description. Après «L’Origine», tous les organismes sont perçus comme reliés entre eux, une partie du même et très ancien arbre généalogique. Similitudes et différences devinrent compréhensibles et explicables. Bref, Darwin nous a donné un cadre pour poser des questions sur le monde naturel, et sur nous-mêmes.
Il n'a pas eu raison sur toute la ligne, ni réponse à tout. Comment pouvait-il en être autrement ? Notoirement, il ne savait pas comment la génétique fonctionnait, comme le prouve son ignorance de l'ADN – du reste, la structure de la molécule n'a pas été découverte avant 1953. Donc, aujourd'hui le point de vue de l'évolution est beaucoup plus nuancé que le sien. Nous avons intégré la génétique, développé et affiné notre compréhension de la sélection naturelle, et des autres forces de l'évolution.
Mais ce qui est étonnant, c'est tout ce que Darwin savait, et la manière dont il les appréhendait. Son imagination lui a suggéré, par exemple, que de nombreuses femelles ont un sens de la beauté - qu'ils aiment à s'accoupler avec les plus beaux mâles. Cela lui a valu bien des quolibets. Mais nous savons aujourd’hui qu'il avait raison. Encore plus impressionnant: il n'a pas eu peur d'appliquer ses idées à l'homme. Il pense que la sélection naturelle a fonctionné pour nous, tout comme elle l’a été pour les mouches, les fruits ou les mille-pattes.
En plongeant dans des séquences d'ADN, nous pouvons voir la sélection naturelle agissant au niveau des gènes. Nos gènes détiennent la preuve de notre intime association avec d'autres êtres, depuis les vaches jusqu’aux parasites du paludisme en passant par les céréales. Les recherches les plus récentes nous permettent de retracer les changements génétiques qui nous différencient de nos cousins primates, et montre que de grandes parties du génome humain portent la marque de l'évolution par le biais de la sélection naturelle.
Je pense que Darwin aurait été heureux. Mais pas surpris.
Trad. Binason Avèkes
Par Olivia Judson, chroniqueuse pour le Times ; Source New York Times
Copyright, Blaise APLOGAN, 2008,© Bienvenu sur Babilown
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