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Pourquoi une ruse de guerre est-elle à l’origine de la confrérie des Zangbéto ?
En 1610, à la mort du Roi d'Allada, Roi des Fons, DE-KOPPON, ses trois fils : Te-ÀGBANLIN, MÈDJI et AHO DAKO-DONOU, voulant recueillir sa succession, se livrèrent une guerre acharnée. Mèdji, ayant, après un violent combat, défait ses deux frères, force fut à ces derniers de lâcher pied et de chercher refuge ailleurs pour ne pas être exterminés.
AHO Dako-Donou ayant réussi à quitter le territoire en traversant la Lama, il restait Te-Agbanlin, ses fils et ses partisans cernés de tous côtés par l'armée de MÈDJI, prête à les massacrer.
Que faire ? Continuer la lutte ? Impossible ! se rendre ? C'était tomber de Charybde en Scylla, car Mèdji n'aurait eu aucun scrupule pour les mettre à mort, les exterminer.
C'est alors qu'un Prince chasseur appartenant à la dynastie des Davié-Hôlou du nom de PADONOU HENNOUKOU dit à Te-Agbanlin :
« Frère, ne t'inquiète pas, nous partirons d'ici sans coup férir, sans aucune difficulté. »
« J'ai trouvé un bon expédient. Tu n'as qu'à suivre exactement ce que je t'ordonne. »
II prit des bambous, en fit des cases coniques et portatives qu'il entoura de feuilles sèches de bananier. Au sommet de ces cases, il y avait des coussinets également en feuilles de bananier pour aider à les porter facilement sans blesser la tête. A la hauteur des yeux, il y avait des œils-de-bœuf, par où l'on pouvait, de l'intérieur, voir tout à l'extérieur.
A chaque côté, c'étaient des poignées permettant de faire mouvoir les cases à volonté. Muni d'une défense d'éléphant, Padonou HENNOUKOU entra dans l'une des cases, l'actionna en soufflant dans la défense d'éléphant. Une sorte de rugissement perceptible à plusieurs kilomètres et inspirant de la terreur retentissait. La troupe de Mèdji, croyant avoir affaire à des diables, à des démons, fut prise de panique et s'enfuit.
TE-AGBANLIN et sa suite, comme l'avait dit Padonou HENNOUKOU, purent passer la frontière sans coup férir, sans difficulté !
Le ZANGBÉTO était inventé et devait devenir plus tard, à PORTO-NOVO, un fétiche ayant pour fin la protection du Roi, de la ville et des habitants contre l'invasion des ennemis et contre tout malfaiteur.
Installation du Zangbéto à Porto-Novo.
D'Allada à Porto-Novo, le parcours s'effectua sans danger grâce au Zangbéto, qui se livrait à des prouesses avec sa case extraordinaire garnie de feuilles et terrifiait tout passant, hommes et bêtes avec sa voix bourdonnante, surhumaine.
Arrivé à Adjachè, c'est sous ce nom que Porto-Novo était connu. TE-AGBANLIN dit à Padonou HENNOUKOU : « Cher Frère, ton expédient nous a sauvés. Mais ce n'est pas tout d'échapper, il nous faut maintenant assurer l'avenir. Les assassins, les bandits auxquels nous avons affaire sont capables de venir nous braver encore dans notre retraite. Aussi, ne pouvons-nous pas abandonner ton expédient. »
« II est de notre intérêt de le conserver, de l'organiser sur de
bases solides, durables, et de le faire respecter. » ,
« Tous les soirs, il faut qu'un ZANGBÉTO veille autour de notre case pour nous garder. »
Ainsi dit, ainsi fait.
Non loin de la case de TE-AGBANLIN, il y avait un arbre appelé dans la langue Gounou « AVA » d'où le nom d'Avassa (littéralement : « à l'ombre d'Ava ») donné plus tard au quartier Avassa encore existant où se trouvait cet arbre, désigné comme lieu de divertissements du Zangbéto.
Le premier Zangbéto installé en ce lieu prit le nom de KPAKRI-YAOU, nom guerrier qui évoque un animal couvert de piquants, qu'on ne peut toucher sans se blesser, et qui inspire la peur.
C'est le Roi des Zangbétos. Sa case est haute, plus haute que celle des autres Zangbétos et atteint 4 à 5 mètres de hauteur (Signe de la Majesté !).
Son fils, c'est-à-dire celui créé après lui au même lieu pour le seconder dans sa tâche, est LOUGOULOUGOU (mot qui signifie : qui roule).
Il est ainsi surnommé à cause de la petitesse et de la rotondité de sa case qui lui donnent une agilité surprenante et lui permettent de faire de la prestidigitation, des tours de passe-passe.
Source : LE ZANGBETO à Porto-Novo, HUNKANRIN Louis, in Etudes et Recherches Dahoméennes, 1962
Pr. Cossi Bio Ossè.
(1) Avadjo, fondateur de la dynastie royale à Allada eut trois enfants : Dossou, Dossa et Houinsipe. Par corruption, Dossou est devenu Dassou et Dossa, devenu Dassa.. Davié Hôlou est le descendant de Dossou ou Dassou et Te-Agbanlin, celui de Dossa ou Dassa.
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