.
Pourquoi le 21 janvier 1975 le capitaine Janvier Assogba a-t-il tenté de renverser Mathieu Kérékou ?
Il y a une version profane qui explique l’équipée du capitaine Janvier Assogba des 21 et 22 janvier 1975 par une radicalisation morale de la révolution, une sorte de retour aux idéaux de base des promoteurs du début, idéaux desquels Mathieu Kérékou et ses acolytes, sous prétexte et en dépit du discours révolutionnaire, se seraient traîtreusement écartés. La raison immédiate et brûlante de l’action qui illustre ce raisonnement est l’affaire Kovacs. Cette affaire en réalité étaiten grande partie une manipulation des services secrets de la France, animés par le réseau Foccard. Selon les explications du lieutenant Philippe Akpo, témoin privilégié des événements, il ressort que Kovacs, qui est un agent des services secrets français, dépité, comme Bertin Borna, de voir que le coup d’Etat du 26 octobre 1972 avait pris une direction et une orientation peu conformes à leurs attentes, avait décidé de passer à l’action contre Mathieu Kérékou. C’est dans ce cadre que Janvier Assogba, alors Ministre de l’économie et des finances a été pris dans la toile d’araignée de l’Affaire Kovacs. Dans un premier temps en favorisant la réception d’une commande frauduleuse de la société Polor, et en réquisitionnant le Trésor pour le paiement de la somme de cinquante huit millions cent cinquante mille francs 58 150 000 F comme acompte à Kovacs, au moment même où l’affaire qui portait son nom était examinée par la commission Soglo. Dans un deuxième temps en donnant créance aux supputations qui laissaient croire sans nuance que Kérékou avait retenu par devers lui des fonds de la part de Kovacs, en contradiction avec l’éthique des jeunes cadres promoteurs de la révolution, éthique axée sur la probité, l’honnêteté et le respect du bien public.
Donc l’équipée militaire du capitaine Assogba en direction de Cotonou le 21 janvier et qui visait à balayer Kérékou et les siens se fondait sur le bon droit moral. Mais ce fondement était apparent. Au mieux, elle trahissait la naïveté politique de son héros, au pire, elle masquait des ambitions personnelles et un opportunisme ambigu.
Prof Cossi Bio Ossè
1. Source : Lieutenant-colonel Philippe Akpo ; Rôle et implication des Forces Armées Béninoise dans la vie politique nationale ; Editions du Flamboyant, 2005, Page 87
Copyright, Blaise APLOGAN, 2007, © Bienvenu sur Babilown
Bonjour,
Je suis Antonia ASSOGBA, la fille de Janvier ASSOGBA et je peux vous dire que mon père est réputé pour n'avoir jamais accepté ni pots de vin, ni dessous de tiroir. On ne peut lui reprocher d'être trop intègre;
Vérifiez bien vos sources avant de lancer des accusations;
Merci
Rédigé par : Antonia ASSOGBA | 20 mai 2010 à 14:42
Merci pour votre réaction qui enrichit le débat. Les considérations qui sont faites ici sont des commentaires sur la version des faits fournie par un témoin privilégié des événements au centre desquels s'est retrouvé le Capitaine Janvier Assogba, votre père. Le Capitaine Janvier Assogba est assurément un homme de conviction dont le combat mérite respect. Par certains côtés, ce combat, en raison de l'arbitraire, de l'injustice et de la violence qui en ont résulté, confine au martyr. Mais pour que ce statut soit confirmé, il faut aussi entendre la version de l'intéressé. Entendre n'est peut-être pas le bon mot, puisqu'on a entendu et même vu le capitaine dans une émission télé dire sa part de vérité. Mais comme le dit le proverbe, les paroles s'envolent et les écrits restent. Aussi et pour que sa part de vérité reste à l'histoire comme compte rendu fidèle et pérenne de son combat, il serait souhaitable que le capitaine y contribuât par écrit.
Voilà, à notre avis la seule manière de tendre vers une vérité, dont nous savons qu'elle reste à établir...
Rédigé par : AB | 21 mai 2010 à 07:23