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Pourquoi, après avoir été fait roi par les Français, AGO-LI-AGBO a-t-il été exilé au Congo, par les mêmes Français ?
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« AGO-LI-AGBO n'était pas un chef rebelle et les motifs qui ont rendu nécessaire sa déportation se fondent moins sur des faits précis que sur son attitude générale qu’expliquent, sans toutefois l'excuser, les conditions toutes spéciales dans lesquelles il était appelé à gouverner.
»Frère de BEHANZIN, il était le premier écarté de celui-ci dans les jours d'infortune. Si le Général DODDS songea à le faire roi d'Abomey ce ne fut en considération ni de son caractère, ni de son intelligence ni de sa notoriété, mais il semble bien à cause de sa médiocrité même.
»Il était sage, en effet, de ne pas rompre brusquement avec le passé. Si le maintien de la royauté était transitoirement nécessaire, il convenait du moins que le successeur que nous donnions à BEHANZIN ne pût jamais devenir pour nous un danger. AGOLI-AGBO n'était pas susceptible de jamais acquérir une influence propre lui permettant de nous faire échec. Notre appui lui était indispensable et l'on ne saurait affirmer qu'il ne l'ait pas compris. Quoi qu'il en soit, dès son avènement AGOLI- AGBO se trouva en présence de difficultés dont il semble que le Résident de l'époque n'ait pas eu le sentiment suffisamment exact. La désinvolture avec laquelle il avait renié BEHANZIN lui avait aliéné la majeure partie de la population qui, pour avoir souffert du régime que nous avions brisé, n’en conservait pas moins un respect atavique pour ses rois. Les princes ses frères, les descendants des anciens rois qui avaient été ses compétiteurs au trône, le jalousaient et loin de l'aider de leurs conseils ne cherchaient qu'à amener l’ouverture d'une succession dont chacun d'eux en particulier espérait être l'heureux bénéficiaire. Les chefs de canton auxquels nous avions laissé leur commandement cherchaient à ériger leur circonscription en royaume indépendant et il est regrettable que l’Administrateur ait pu considérer les protestations de dévouement que ces chefs lui adressaient comme une compensation suffisante au manque de déférence qu'ils montraient à l'égard des ordres du roi.
» Enfin AGO-LI-AGBO se trouvait en face d'une situation matérielle des plus difficiles. L'état précaire des finances locales nous avait contraints à lui enlever le droit de percevoir pour son compte le "koussou" que nous lui avions d’abord consenti. Ses revenus se trouvaient de ce fait ramenés de 150.000 à 10.000 francs, somme tout à fait insuffisante pour lui permettre d'entretenir le train royal que lui imposait la coutume et dont il ne lui était pas possible de se défaire brusquement. En effet, tous les princes, bien que ses ennemis déclarés, entendaient rester à sa charge. Ils estimaient et expriment encore cette opinion que leur naissance leur donnait le droit de vivre dans l'oisiveté et aux dépens des indigènes. Cela ne les empêchaient pas de dénoncer avec indignation au Résident les exactions de AGOLI-AGBO dont ils étaient les premiers à bénéficier.
»Il ne semble pas d'ailleurs que la rente de 10.000 francs promise au roi d’Abomey lui ait jamais été payée, nos libéralités à son égard semblent s'être bornées au payement d'une somme de 1.600 Frs environ au titre de remises sur l'impôt.
» AGOLI-AGBO d'autre part se voyait abandonné par ses tamtamiers, ses récadères, ses suivants. Ses femmes mêmes n’échappaient pas aux entreprises de simples indigènes, ses sujets. Le Résident d’Abomey, loin d’accorder à ses doléances l’attention qu’elles méritaient semble avoir par des palabres inconsidérées, encourager ces déclarations. C'est au point qu’AGOLI-AGBO non seulement ne possédait même plus de hamacaires mais encore qu’il s’en voyait refuser par les chefs de quartier d’Abomey ses subordonnés. Ce fait est grave si l'on considère qu'à l’époque le hamac était une prérogative royale à laquelle il n'était possible de renoncer.
»A maintes reprises AGOLI-AGBO expose, et son argumentation n'est pas absolument sans valeur, qu’en le faisant roi la France lui a accordé certaines prérogatives et délégué le droit de commander sous le contrôle de nos fonctionnaires. Le Résident d'Abomey, au lieu d'écouter ses doléances et de rechercher dans quelle mesure elles pourraient être justifiées, le traite immédiatement en ennemi, en concurrent. Je ne saurais trop insister sur ce dernier terme car il me parait y avoir eu, dans toute cette affaire, surtout une question d'amour propre. Quoi qu'il en soit les choses en étaient arrivées au point que l’Administration locale ne pouvait plus désavouer son représentant. La destitution d’AGOLI-AGBO s'imposait.
» Le Résident d'Abomey, était jaloux de son autorité, loin d'avoir suivi, en cette circonstance, une politique personnelle, me parait plutôt avoir été l'instrument inconscient d'une coterie constituée par les princes et les chefs de canton, et s'être montré beaucoup trop sensible à la flatterie. Constamment d’ailleurs, il confond la population avec les princes et lorsqu'il veut connaître le sentiment des indigènes de son cercle, c’est à un vote des princes qu'il a recours. Le système d’administration directe qu'il a inauguré à Abomey, contrairement aux instructions de Monsieur le Gouverneur Ballot basées sur une connaissance approfondie de l’état social de l’indigène, a très certainement contribué à amener la scission entre AGOLI-AGBO et nous. Sur le rapport des princes, on a accusé AGOLI-AGBO de multiples empoisonnements dont la preuve n’a jamais été faite ni même recherchée. On l’a accusé également – et ce reproche pourrait être fondé – de percevoir le « koussou ». on a prétendu qu'il était fourbe, cruel, intriguant, dangereux enfin. Je préfère me rallier à l'appréciation du Gouverneur BALLOT qui définissait AGBOLI-AGBO « un grand niais vaniteux ».
Rapport du Gouverneur Malan, extrait d’archive,
Prof. Cossi Bio Ossè
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Je pense qu'il serait interessant pour vous de visiter le site de ADARA Association des Descendants et Amis du Roi AGOLI-AGBO pour avoir la vraie version de l'histoire sur AGOLI-AGBO:www.adara.fr.tc
Rédigé par : AGOLI-AGBO Enock | 28 septembre 2010 à 10:27
Merci de nous aiguiller sur ADARA, le site des descendants du roi Agoli-Agbo. Dans nos recherches, nous avions eu l'occasion de connaître de l'existence de ce site. Mais l'histoire et plus précisément la vérité historique n'est pas une affaire exclusivement de descendants, aussi respectable que soit leur point de vue et leur sensibilité. L'histoire est plurielle ; différente de la mémoire. Pour l'histoire, toutes les sources sont à mettre en regard afin de tenter non pas d'établir la vérité mais de la faire sentir, à charge au lecteur de faire son idée. Les articles publiés ici sur le Roi Agoliagbo sont tributaires de diverses sources dont les archives coloniales françaises, Paris et Marseille (Outre-mer et colonies). Nous vous remercions de contribuer à faire vivre la mémoire de votre illustre Ancêtre, mais dans l'intérêt de l'objectivité historique souffrez que nous ne tenions pas pour vérité révélée, la version mémorielle de ses descendants, aussi respectable soit-elle !
Rédigé par : B.A | 28 septembre 2010 à 19:05
Pour ce que je sais,la vérité est têtue et sera dévoilée. L'histoire, chacun la raconte comme il l'a entendu, comme on veut qu'il raconte, comme il veut, bref selon les objectifs visés.....
Il y a beaucoup de choses qui se racontent à tord ou à raison. Que les uns et les autres se calment et soient patients.Un jour viendra où chacun de nous sera face à son miroir.
Face aux intrigues d'Abomey et autres choses, n'allez pas trop vite en besogne.
Le moment viendra où nous inviterons à une rencontre pour se parler, car je suis sûr,vous ne connaissez pas tout sur le Roi AGOLI-AGBO.
Merci de travailler pour la culture africaine de façon objective.
On ne lie pas le nom de celui qui a répondu à Enock AGOLi-AGBO clairement, et je pense qu'il faut le faire.
Merci et à très bientôt
Rédigé par : AGOLI-AGBO Léon | 25 mai 2013 à 12:29