Pourquoi nos hommes politiques sont-ils portés à crier à la face du monde le contraire de ce qu' ils pensent ?
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Cette question va de pair avec d’autres. En effet, on pourrait aussi demander : Pourquoi ne ressentent-ils pas, devant tant de gens souffrants, la compassion qui envahirait le commun des mortels devant les spectacles affligeants ? Pourquoi en situation de responsabilité peuvent-ils cesser d' analyser comme ils le faisaient certainement lorsqu' ils n' étaient que peuples ?
Il y a derrière toutes ces interrogations quelque chose de bouleversant et de difficile à comprendre, sinon que nous nous trouvons en face d' un dérèglement de la vraie, la bonne nature humaine. Et qu' est ce qui peut être la cause d' un dérèglement ? Nous ne pouvons incriminer que la soif de trois choses : soif de domination, soif de prestige, soit d' argent. Et pourtant, ce sont des gens intelligents, hauts cadres de l'Etat, formateurs, entraînés dans les plus hautes institutions nationales ou à l' extérieur. Et pourtant, ils sont issus de milieux relativement pauvres qui devraient les préparer à plus d'empathie. Et pourtant, ils sont imprégnés d' une spiritualité qui devrait les entraîner à devenir « le gardien de leurs frères ». En nous efforçant de comprendre, nous avons découvert que ceux qui prêchent les bonnes paroles ne sont pas en mesure de les appliquer si aucune autorité ne vient les rappeler à l' ordre. C' est peut être cette autorité morale qui fait défaut. Il est vrai, comme le dit André Malraux qu'« on ne fait pas de politique avec de la morale » mais il ajoute « qu' on n' en fait pas davantage sans ». Cela est vrai. Le déferlement de partis politiques que connaît le Bénin conduit inévitablement à l' effritement des valeurs, lequel conduit à l' émiettement des intérêts, l' émiettement dès intérêts conduit à des antagonismes, les antagonismes conduisent à la haine. « Il suffit qu' un homme en haïsse un autre pour que la haine gagne de proche en proche l' humanité entière » (Jean Paul Sartre, le Diable et le Bon Dieu).
Le Bénin n' est pas encore à ce point d' embrasement aujourd'hui. L' une des chances de l' homme au Bénin, c' est d' être installé sur un espace à sous-sol relativement pauvre. Que serions-nous devenus avec tant de partis politiques sur un sous-sol riche en or et en pétrole, en diamant et en platine ? Notre spiritualité n' y résisterait pas et la solidarité que nous affichons encore aurait volé en éclats.
Quoi qu' il en soit, hommes politiques, voici quelques perturbations qu' occasionnent votre égocentrisme sur notre vie sociale.
Extrait de Pour un Bénin métamorphosé, Basile ADJOU-MOUMOUNI, les éditions du Flamboyant, 1999.
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