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Pourquoi Mathieu Kérékou, Président de la République dans les années 70, était-il devenu subitement la vedette principale de l’Affaire Kovacs ?
"Pour comprendre ce scénario rocambolesque, il faut se remémorer des rapports particuliers et privilégiés entre Maître Bertin Borna, cadre du Nord, ancien Ministre des finances du Président Maga, puis du Général Soglo et de Mathieu Kérékou. C’est dire que les questions militaires n’étaient pas un secret pour Bertin Borna sollicité de temps à autre pour ses appréciations. Mais il avait soigneusement caché à Kérékou son ambition de briguer la magistrature suprême après que les militaires auraient balayé le Conseil Présidentiel. Pour témoigner sa sollicitude à Kérékou, une enveloppe de 422 500 francs ( quatre cents vingt-deux mille cinq cents) avait été gracieusement offerte à ce dernier par Bertin Borna à titre d’aide du grand frère au petit frère. Par la suite, Bertin Borna pensait manipuler Kovacs et Kérékou à sa guise. Malheureusement pour lui, Mathieu Kérékou avait fini par comprendre son double jeu et avait décidé de lui appliquer une stratégie appropriée. Dépité de voir que les Forces armées s’enracinaient dans la gestion de l’Etat, après le 26 octobre 1972, Bertin Borna voyait s’envoler à jamais son rêve de devenir Président du Dahomey. Haut fonctionnaire du Programme des Nations-Unies en poste à Yaoundé, Me Bertin Borna décida de passer à l’offensive contre Mathieu Kérékou. C’est le sens qu’il convient de donner aux différentes correspondances échangées entre Bertin Borna, Louis Kovacs, et Mathieu Kérékou depuis Yaoundé. Il faut noter que tous les faits et gestes de Bertin Borna étaient prémédités dans l’affaire Kovacs. C’est ainsi que le don de 422500 francs à Kérékou était transformé en virement de 4 255 000 francs en date du 6 novembre 1972 de Me Bertin Borna au compte O.A. confirmé par l’avis de débit du 6 novembre 1972 de la société camerounaise de Banque cf. (pièce n°8 versée au dossier de défense de Me Bertin Borna remis à Me Houngbédji Adrien.) La vérité est que Me Bertin Borna tout comme Kovacs, étaient du service secret d’espionnage et de contre-espionnage français, comme on le verra plus tard dans l’agression du 16 janvier 1977. Monsieur Kovacs lui était le chef local au Dahomey des services secrets français et appartenait au réseau Jacques Foccart.
Il serait cependant édifiant, nécessaire et utile, dans l’affaire Kovacs, que le Président Mathieu Kérékou précise à l’opinion :
- Le montant total des décaissements ordonnés d’autorité par lui à El Hadj Karimou au détriment de El-Hadj A. pour mettre en confiance Me Bertin Borna et ses éventuels maîtres à penser et faire fonctionner normalement le réseau.
- L’usage fait de cet argent ( cf. extrait de son mémoire en date du 24 février 1975 à la commission Soglo)"
in Rôle et implication des Forces Armées Béninoises dans la vie politique nationale, Lieutenant-colonel Philippe Akpo , Editions du Flamboyant, 2005, page 146
Copyright, Blaise APLOGAN,2007
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