.
Pourquoi le Colonel Kouandété a-t-il fait le coup d’Etat du 23 février 1972. ?
« Devenu Secrétaire-adjoint à la défense après la condamnation unanime par l’armée de son action contre le Président Zinsou le 10 décembre 1969, le colonel Kouandété voulait encore croire au succès d’un autre coup d’Etat qu’il projetait contre le conseil présidentiel, dans le courant du mois de décembre 1971.
En effet, le Colonel Paul Emile de Souza, sous l’impulsion de Justin Ahomadégbé, était devenu chef d’Etat-major de l’armée, en lieu et place de Kouandété. L’objectif était donc pour la « bande à Kouandété » d’empêcher l’installation du Président Ahomadégbé prévue le 16 mai 1972. La date retenue pour ce coup de force était le 23 février 1972 à l’aube.
Commandant de compagnie du sergent-chef Agboton Fabien,le capitaine Lucien Glèlè, ancien aide-de-camp du Président Zinsou était acquis à cette cause. Le 22 février 1972 à 22 heures s’était déroulée la dernière réunion du groupe au domicile du médecin-capitaine Boni Pierre.
Le Sergent-chef Agboton Fabien avec l’équipe qu’il dirigeait était chargé de se saisir de la personne du Chef d’Etat-major de Souza à son domicile. Agboton Fabien s’était trouvé, comme, par enchantement, être le sous-officier de permanence cette nuit du 22 au 23 février 1972 (…) Ainsi conduit dans son rôle de sous-officier de permanence du bataillon, le sergent-chef Agboton avait pu accéder au magasin d’armes du bataillon pour armer tous les éléments de son expédition, à partir de 2 heures du matin, sans éveiller le moindre soupçon. (…)
L’équipe que dirigeait le sous-officier d’Almeida Emmanuel devait, elle, se rendre à l’autre bout de Cotonou, au domicile du chef de bataillon Jean Baptiste Hachémè, frère de l’Adjudant-chef Roger Hachémè, pour se saisir également de sa personne, au motif que Jean-Baptiste Hachémè était un homme du Président Ahomadégbé. »¹
Fabien Agboton, aux environ de 5 heures 30 déclenche son action en allant frapper au domicile du Colonel, Chef d’Etat-major ; là il a été accueilli par une rafale de mitraillette.
D’un coup d’épaule, le soldat commando-gorille Moumouni qui était avec Agboton, brise la porte d’entrée du pavillon, pénètre à l’intérieur en tirant des rafales de mitraillette dans tous les sens. Des appels à l’aide, venant du pavillon, emplissent le petit matin. Un silence pesant s’installe un court instant, avant d’être à nouveau déchiré par une longue rafale de mitraillette. Des cris angoissés de Papa ! Papa ! s’élèvent de partout à l’intérieur du pavillon.
En fin de compte, ce fut le soldat Moumouni, l’un des assaillants qui avait été abattu dans l’appartement par le Chef d’Etat-major, réfugié au W-C au moment où il venait à passer devant le local sans soupçonner une quelconque présence. La nouvelle de sa mort n’avait été apprise par ses compagnons qu’une fois revenus au Camp Guézo après leur sauve-qui-peut.
L’alerte fut donnée dans tout le camp Guézo. Mais n’écoutant que la voix de son aveugle courage, Fabien Agboton se rend au domicile de l’Adjudant-chef Roger Hachémè qui, avec une tranquillité déconcertante lui ouvre les portes de chez lui. Mais très vite s’ensuivit un corps- corps violent et décisif, qui ne tarda pas à tourner à l’avantage de Roger Hachémè. Pour sauver sa peau, Fabien Agboton n’eut d’autre solution que de mutiler celle de son hôte en lui arrachant le nez et une oreille à l’aide de ses dents. Cette violence carnassière abolit la hargne des protagonistes, qui se relevèrent tout couvert de sang. Malgré son échec sanglant, le sergent-chef Agboton Fabien devait aller rendre compte à ses supérieurs, les capitaines Glèlè, Afouda, Bessou Robert, Boni Pierre, et le Lieutenant Kitoyi : deux lourds échecs qui furent fatals à la compulsion comploteuse du colonel Kouandété.
De fait, les unités de Ouidah, mises en alerte, s’étaient rendues directement à l’Etat-major pour se mettre aux ordres du chef de bataillon Mathieu Kérékou, qui par son dynamisme, sut ramener tout ce beau monde à résipiscence.
1. Source : Lieutenant-colonel Philippe Akpo ; Rôle et implication des Forces Armées Béninoise dans la vie politique nationale ; Editions du Flamboyant, 2005, Page 87
Copyright, Blaise APLOGAN, 2007, © Bienvenu sur Babilown
Commentaires