Le Nigéria ce n’est pas seulement le kpayo et le fayaho ; pas seulement le 10ème producteur de pétrole, et la nation la plus peuplée d’Afrique, mais c’est aussi les attaques meurtrières répétées à Dantokpa, les vols à mains armées de voitures, l’insécurité diffuse le long de la frontière, les pirates aux larges de nos côtes ou sur internet qui opèrent à partir du sol national, la tendance des Béninois désœuvrés à s’inspirer des techniques de fraude, des méthodes de falsification, d’usurpation et de détournement de biens d’autrui, des pratiques criminelles en vogue au Nigeria, comme les kidnappings qui y sont légion. Pour le Bénin, la proximité du Nigéria est une médaille dont l’avers est source de profit, mais dont le revers est source de fraudes, de crimes, d'insécurité, d’agression et de mort violente.
Nulle n’ignore cette réalité du double effet de la proximité de notre grand voisin. Pas plus le peuple que le gouvernement. Celui-ci a, entre autres fonctions, pour devoir d’optimiser les sources de profit et de réduire les sources d’insécurité pour les citoyens. Pour ce faire, il a obligation de protéger le territoire national de tout danger.
Cette semaine, les effets de cette influence néfaste du Nigéria ont défrayé la chronique avec l’affaire du kidnapping d’un citoyen américain. La mode criminelle de kidnapping venue du Nigéria a frappé en attirant dans son piège un citoyen américain. Deux types combinés de techniques criminelles made in Nigéria ont été mis en œuvre pour réaliser ce forfait. L’escroquerie sur internet et le kidnapping. Le but des criminels était sans doute d’avoir affaire à une partie potentiellement juteuse, puisqu’il s’agit du citoyen de la nation la plus riche et la plus puissante du monde ; nation qui en raison de sa culture démocratique qui valorise la liberté individuelle ne devrait pas, pensaient-ils, lésiner sur les moyens financiers pour libérer son ressortissant. Dans le même temps, les kidnappeurs ont spéculé sur l’attitude inverse du Bénin : pays à fausse démocratie, gangrené par la corruption à tous les niveaux, à commencer par celui des dirigeants : que ce soit la corruption électorale, ou celle de l’enrichissement personnel. Mais mal leur en a pris car, et une fois n’est pas coutume, les forces de l’ordre béninoise, faisant montre d’une exceptionnelle efficacité, les ont pris de vitesse et ont libéré leur victime. Ce succès qui est à mettre à l’actif de la police béninoise est tout à l’honneur du pays, notamment sous l’angle diplomatique. Les Etats-Unis avait eu a payer le prix fort au Bénin en la personne d’une de leurs ressortissantes, Catherine Puzey, bénévole du Peace Corps, et enseignante à Badjoude dans la Donga, sauvagement assassinée le 12 mars 2009. Or, comme l’habitude en est établie au Bénin où l’impunité est reine, en dépit d’inculpations prononcées sur la base d’indices forts, plausibles et concordants aucun coupable du meurtre n’a été désigné, encore moins jugé à ce jour! Les Etats-Unis ainsi que les parents de la victimes sont restés sur leur frustration et leur douleur. C’est dans ce contexte que survient ce second acte criminel concernant les Etats-Unis. On voit bien l’embarras du gouvernement béninois et la mauvaise réputation qu’il allait endosser si le kidnapping de l’Américain devait finir comme l’a été l’assassinat de Catherine Puzey. Mais, Dieu merci et de façon pour le moins inespérée, le dénouement a été heureux ! Au grand soulagement du Gouvernement Béninois et à la grande satisfaction des Américains.
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Dans le même temps, la semaine qui s’achève a été marquée au Nigeria voisin par deux affaires de kidnapping à répercussion internationale ( car les kidnappings à caractère national sont innombrables et banals) dont les dénouements n’ont pas été tous heureux.
L’Italien Modesto di Girolamo, kidnappé dans l’Etat de Kwara a été libéré sain et sauf. Les autorités nigérianes n’ont donné aucun détail sur sa libération. Monsieur di Girolamo a été kidnappé à Ilorin, la capitale du Kwara le lundi alors que l’ingénieur italien y était en mission de supervision pour le compte d’une société turinoise.
Mais malheureusement le jeudi, on apprend la mort d’un autre ingénieur, allemand celui-là, kidnappé en janvier dans le Nord du Nigéria et qui a été tué lors d’une opération de sauvetage qui a échoué. Edgar Fritz Raupach avait été kidnappé dans la ville de Kano. Les auteurs présumés du kidnapping de l’Allemand seraient les membres de la secte Boko Haram qui sévit au Nigeria depuis plusieurs mois, entre assassinats, raids meurtriers, bombes humaines, voitures piégés et incendies en tous genres sans que le gouvernement fédéral n’en puisse venir à bout.
Bien que les mauvaises habitudes criminelles qui trouvent de plus en plus écho auprès des jeunes béninois désœuvrées se fassent sur le modèle et sous l’influence de ce qui se passe au Nigéria voisin -- depuis la fraude par internet jusqu’au kidnapping, en passant par les attaques à mains armées -- force est de constater que l’un des rares kidnapping à répercussion internationale que notre pays ait connu se soit soldé par un dénouement heureux. Ce succès est à l’honneur du Bénin et à l’actif de la police nationale. Si le modèle nigérian est socialement inévitable en raison de la proximité de ce grand voisin, il est heureux de constater que l’efficacité de la lutte anticriminelle, et la politique sécuritaire nationale puissent prouver leur différence et leur autonomie.
Banjo Adegboro
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