Depuis l’élection de François Hollande, beaucoup de gens devisent sur l’avenir de la Françafrique. Chaque geste est scruté, chaque acte posé en direction de l’Afrique est analysé; va-t-il nommer un Monsieur Afrique à l’Elysée ? Quel sera le premier Président africain reçu à l’Elysée? On annonce la volonté de certains Partis d’Afrique d’adhérer à l’internationale socialiste. Certains vont même jusqu’à se demander si François Hollande va dissoudre la Françafrique comme si c’était une institution crée de façon formelle et qu’on peut dissoudre par décret. On se retrouve exactement comme en 1981 après l’arrivée de François Mitterrand quand certains opposants africains croyaient qu’il allait les aider à se débarrasser de leurs dictateurs; on connait le résultat. Renforcement du pouvoir des Bongo, Compaoré, Mobutu, Paul Biya, Sassou N’guesso etc…Et surtout sabotage de la montée des luttes populaires en Afrique avec le discours de La Baule en juin 1990. C’est que la Françafrique, c’est d’abord un système de maintien de la domination d’une puissance moyenne sur ses anciennes colonies de peur de perdre son influence économique, politique, culturelle, diplomatique sur elles et dene plus jouer dans la cour des grands. Cette domination se manifeste par des accords économiques léonins, une monnaie d’assujettissement, le Franc CFA, une domination culturelle avec une langue étrangère imposée aux populations autochtones, des troupes d’occupation militaire ici et là. Pour que cela perdure, des pouvoirs fantoches sont maintenus à bout de bras pour sauvegarder ces intérêts. Si l’Etat français est le principal bénéficiaire de cette situation, elle profite aussi à une élite africaine coupée du peuple et qui a besoin de la protection de la France pour continuer à prospérer. Celle élite apatride et acculturée ne voit son salut qu’à travers la France et ses dirigeants. Quand on voit les commentaires des partisans de YAYI se réjouissant que ce dernier ait été reçu avant tous les autres Présidents africains et que lui-même donne du « mon ami » à François Hollande comme s’ils se connaissaient avant, on voit à quel degré de servilisme certains hommes politiques africains sont tombés. Déjà, certains journaux annoncent que pour damer le pion à YAYI BONI, AMOUSSOU BRUNO ira aussi voir François Hollande. Tout ce passe comme avant chaque élection en Afrique sous influence française ; c’est à qui pourra être reçu à l’Elysée mieux que l’autre. Un Président français peut rompre avec la Françafrique comprise comme, relations mafieuses, occultes avec circulation de valises bourrées de billets de Banque qui profitent à quelques cercles politiques aussi bien africaines que françaises. Mais croire qu’un Président français peut prendre l’initiative de supprimer le Franc CFA, de mettre fin à la primauté de la langue française sur les langues africaines, de mettre fin aux facilités que s’octroie l’armée française dans les pays africains, de mettre fin aux monopoles de quelques grands groupes financiers et industriels français en Afrique, est un leurre. N’oublions jamais que les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts. Un Président de la République est d’abord élu pour faire le bien pour son pays et non pour les autres. N’oublions pas qu’en 1981, François Mitterrand avait promis de mettre fin « aux rapports personnels qui ont existé entre certains dirigeants africains et les responsables français, en établissant de véritables rapports d’Etat à Etat avec ces pays ». En écho à ce programme du Parti Socialiste, l’ambassadeur de France au Bénin M Pierre Descamps, lors la célébration de la fête du 14 juillet 1981 à Cotonou, déclarait devant les responsables du PRPB de KEREKOU que « l’ère du néo-colonialisme (français) était terminé ». Tout le monde sait comment tout cela s’est achevé avec son fils Christophe Mitterrand responsable de la cellule africaine de l’Elysée et Missi Dominici auprès des satrapes africains. Un an avant son arrivée au pouvoir, dans son fameux discours prononcé à Cotonou le 19 mai 2006, Nicolas Sarkozy déclarait : « Je crois indispensable de faire évoluer, au-delà des mots, notre relation. L'immense majorité des Africains n'ont pas connu la période coloniale. 50% des Africains ont moins de 17 ans. Comment peut-on imaginer continuer avec les mêmes réflexes ? Il nous faut construire une relation nouvelle, assainie, décomplexée, équilibrée, débarrassée des scories du passé et des obsolescences qui perdurent de part et d'autres de la Méditerranée. Cela implique plusieurs changements de fond, dont certains sont heureusement à l’œuvre. Quand on a vécu tout cela, on est très prudent face aux déclarations des responsables français en se convaincant que la fin de la Françafrique ne viendra pas du bon vouloir d’un dirigeant français. Elle cessera quand les peuples africains se lèveront pour dire halte à l’imposture. En envisageant les choses dans ce sens, on se préserve de graves désillusions. Paris le 09 juin 2012 KOUESSI Gilbert
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COMITE DE LA DIASPORA BENINOISE POUR LA DEFENSE DE LA DEMOCRATIE CDBDD http//:www.csfdd.org |
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