Lorsqu'on observe la forme du pouvoir béninois depuis 2006 marquée par la pérennité de ses acteurs clés, ministres et présidents d'institutions qui sont, à l'instar du président de la république en poste fixe depuis 2006, comme s'ils étaient venus au monde pour imposer à la collectivité nationale le joug de leurs bons offices et l’étau avilissant de leur bonne volonté politique, on se fait une certaine idée des raisons réelles de l’anomie qui règne dans le pays ; ce qu’on appelle commodément “crise économique, sociale et politique” et qui se traduit par des difficultés de trésorerie, les déboires de la filière cotonnière, les difficultés du Port, le chômage de masse, une pauvreté généralisée, et une misère rampante. On comprend bien que les dirigeants du Bénin, confrontés à leur irresponsabilité puérile et à leur médiocrité congénitale, s'engouffrent volontiers dans la brèche-alibi de la crise mondiale devenue un discours de justification fourre-tout, un maquillage éhonté de leurs fautes voire de leurs crimes. La crise a bon dos au Bénin parce qu’un peu partout dans le monde notamment en Europe on en parle, du coup au Bénin on peut avoir l'air crédible lorsqu'on en parle aussi sans tenir compte du fait que ce qui se passe chez nous a peut-être une origine propre liée à nos comportements, à nos irresponsabilités directes, à des choix que nous avons faits et que rien ne nécessitait. En fait c'est le coût de la pérennisation des acteurs politiques en poste fixe depuis 2006 – Yayi, Koupaki, Dossou, Tévoedjrè, Nago, etc. sans compter la structure d’encadrement sous-jacente – qui a été et qui est à l'origine de cette anomie. Outre la médiocrité des acteurs, cette pérennisation forcée a été obtenue à coups de corruption demeurée impunie jusqu’à ce jour, à coups de milliards détournés, prélevés autoritairement dans les caisses de l'État et dilapidés, distribués à tour de bras pour truquer, et frauder des élections, acheter les consciences et continuer à se pavaner au sommet l’État, qui Président de la République ; qui Premier Ministre ; qui Ministre ; qui Députés; qui Président de la Cour Constitutionnelle ; qui Médiateur de la République ; qui Président de l’Assemblée, etc.
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La première conséquence de cette orientation ignoble dictée par une conception politicienne de la politique a été d’éliminer la crème des acteurs qui prêchaient la justice pour le peuple et le travail libérateur, et de conserver la lie pouilleuse et infecte des intrigants. La politique étant au Bénin, à l’instar des autres pays de l’Afrique, la seule activité rentable, où la plus-value –l’enrichissement illicite – n'a aucune commune mesure avec le capital de départ ; dans un monde où nous avons rarement voix au chapitre dans la production des richesses, les seules activités marginales qui nous restent sont celles qui relèvent du domaine de la prostitution ( se vendre à l’étranger) , ou de la politique, mais une politique qui n'a ni les moyens ni le but d'être digne de sa vocation, c'est-à-dire de s'occuper du bien-être du peuple. Du coup, cette entreprise soi-disant politique s'enlise dans la joyeuse déraison du pillage, du crime, et de l'enrichissement personnel. Diriger un pays comme le Bénin, peuple individualiste, égocentrique, sans lien social encore moins national, si peu porté au travail libérateur, et à l’élite prétentieuse, diriger un tel pays n'est déjà pas chose facile. Mais croire que la pérennisation des acteurs politiques peut être une fin en soi et y sacrifier sans état d'âme une part substantielle des ressources de l'État est un crime contre l'espérance légitime dont les conséquences tôt ou tard finiront par s'imposer à tous, à commencer par leurs auteurs. Éloi Goutchili
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Le titre est une oxymore bien pensé, qui résume la tragédie du Bénin. Il y a 7 ans, en 2006, tout le monde disait ou pensait " Qui mieux qu'un banquier peut gérer un pays" ? Un banquier qui, pince sans rire, agitait le symbole du cauris... Maintenant, revenant de nos illusions, désabusés, nous faisons l'amère expérience d'à quel point l'enfer est pavé de bonnes intentions. Et qu'en politique les bonnes intentions seules ne suffisent pas...La politique est l’affaire des partis politiques et des hommes politiques, qui n'ont rien à voir avec le culte de l'oiseau rare, qui a atteint son paroxysme en 2006 sous la houlette des bien pensants comme Tevoedjrè
Rédigé par : Toglossou Antoine | 19 août 2012 à 11:14
Qu'est-ce que tu veux "chercher tous ensemble" avec des gens qui par exemple avaient l'insigne occasion de faire de la LEPI un outil de développement mais qui l'ont délibérément tourné en un machin de fraude, de tromperie de leur concitoyens et de sous-développement ? Qu'est-ce que tu veux faire avec des gens qui ont en toute impunité substitué la louche à la cuiller à café comme aune de la corruption ? Qu'est-ce que tu veux faire avec des gens qui ont érigé le régionalisme décomplexé en religion d’État ? Non, toute mièvrerie consensualiste mise à part, rien à "chercher tous ensemble" avec cette venimeuse engeance de pilleurs sans foi ni loi ! Pour que les Béninois retrouvent la voie et l'espoir, Monsieur Yayi et sa clique doivent être mis aux arrêts !
Rédigé par : BA | 19 août 2012 à 09:08
Pourquoi se projeter déjà dans l'après Yayi comme le fait Dr Dossouvi? Si nous ne commençons pas à chercher dès à présent tous ensemble les voies pour aller de l'avant ce n'est pas dans 4 ans que nous le ferons.
Rédigé par : Thomas Coffi | 19 août 2012 à 01:15
Je partage entièrement cette analyse car comme j'aime à le dire, tant qu'aucune génération n'est prête à se sacrifier pour la postérité, notre pays ne s'en sortira pas. Notre égoïsme ne s'y prête pas, et le modèle que suivent les jeunes c'est celui d'"homme politique" ministre, conseiller ou député qui passe par des raccourcis pour s'enrichir. Cela n'a jamais développé un pays. Les vrais travailleurs, ceux-là qui produisent de la richesse sont marginalisés.
La vrai question actuellement, quelle est l'issue de l'impasse dans laquelle nous nous trouvons. Quels dirigeants et espoir après Yayi Boni, comment nous remettre au travail?
Rédigé par : Dr Christophe Dossouvii | 18 août 2012 à 20:34