Daniel Rosenbaum for The New York Times
Ron Ginyard, second from right, the head coach at St. Stephen’s & St. Agnes High, and Tim Brooks, right, an assistant at Bishop Ireton High, watching a Team Takeover game.
On parle beaucoup de la diversité en France actuellement. Mais dans les faits le mépris du Noir, comme du reste celui de l’Arabe, ne s’est jamais porté aussi bien. En France, en dehors des belles idées et des grandes envolées lyriques sur l’égalité, dans la pratique le Noir est toujours relégué, méprisé. C’est épidermique et culturel. Certes, parfois, et dans une certaine mesure, le Noir qui a un prénom chrétien passe un peu. Mais le prénom seul ne suffit pas. Car le Noir a beau s’appeler Pierre, Paul ou Jacques, contrairement à l’Arabe qui est blanc mais qu’on déteste à cause de sa religion inscrite dans son nom, le Noir est détesté à cause de son apparence physique. Dès qu’on le voit on le déteste. Si un Arabe s’appelait Jacques, eh bien il passerait comme une lettre à la poste du racisme épidermique Le mépris-haine du Noir en France se traduit dans les mœurs politiques. D’un côté le Noir est immigré, mais il ne trouve personne parmi ses semblables pour le représenter politiquement. Et c’est là que fonctionne le côté vicieux de l’égalitarisme sociopolitique à la française. En France, il n’y a pas de race, et l’idée de communauté est mise à l’index par les bonnes consciences politiques et idéologiques. Tous les hommes sont égaux, mais dès qu’il s’agit de nommer quelqu’un à une place politique, et bien c’est toujours le Blanc qui est nommé, et le Noir est escamoté, oublié en dépit de ses qualités éventuelles. Et quand on demande pourquoi, on vous dit que le Blanc qui est nommé ( au lieu du Noir) est un homme, et tous les hommes sont égaux. Les femmes aussi d’ailleurs et de plus en plus. La manière subtile qu’ils ont trouvé en France d’escamoter la question de l’acceptation du Noir tel qu’il est ( et ceci est valable pour l’Arabe aussi), c’est de le cacher derrière la figure de la femme. Dans les gouvernements depuis plusieurs législatures, lorsqu’il s’agit de donner quelques strapontins à des représentants de ce qu’on appelle la “diversité”, c’est toujours vers les femmes que se tourne le système. Sarkozy avait nommé cinq femmes d’origine immigrée durant son mandat, et aucun homme ! Aucun Noir ! Pourquoi ? Parce que l’homme Noir ou Arabe, le mâle est la figure même de ce qui est insupportable. Cet inconfort qu’inspire le Noir mâle est au cœur de la psychosociologie de l’intolérance. Le Noir n’est pas soutenable, alors pour le représenter et tromper les apparences, on place des femmes noires ministres, parce qu’elles sont plus sexy, et quoique vocales qu’elles puissent être ne sont douées d’aucune capacité de puissance intrinsèque. Par ailleurs cette façon de faire fonds sur le sexe féminin lorsqu’il s'agit de sacrifier aux exigences politiquement correctes de la diversité ne va pas sans une volonté de narguer le mâle Noir. Car quoi, on a beau dire, en dehors des beaux discours, quand on arrive au fait, on ne peut pas dire que les Français soient des parangons de la parité. D’autres pays européens ou même asiatiques sont encore plus effectifs dans l’exercice de la parité que la France des Droits de l’Homme de l’égalité et tutti quanti. En dehors du blabla qu’on raconte sur la nomination des Ministres, lorsqu’il s’agit d’en venir au rapport numérique des sexes à l’Assemblée, on constate comment la présence masculine est écrasante dans les deux chambres. De même les autres personnages les plus hauts-placés de l’Etat français de part l’ordre constitutionnel sont des hommes : Président de la République, Premier Ministre, Président de l’Assemblée, Président du Senat, etc…Donc, si elle est peut-être verbalement défendue, la parité n’est pas illustrée au niveau de l’Etat et parmi le personnel politique, en dehors du gouvernement où ce respect participe plus du trompe-l’œil et de la mise en scène médiatique qu’autre chose. S’il en est ainsi, on peut légitimement se demander pourquoi lorsqu’on en vient à la nomination des Ministres représentant la Diversité, c’est-à-dire en clair des Ministres d’origine immigrée, ce ne sont quasi exclusivement que des femmes qui sont nommées ? Il apparaît clairement que cette facilité à faire subir à l’homme ( le mâle) Noir ce que le mâle Blanc se refuse lui-même à subir contient en germe délibéré une part de malice, une manière comme une autre de faire la nique au mâle noir, de lui dire : “ Si tu veux être l’égal du Blanc, souffre que la femme noire soit ton égale !” Et ce discours est renvoyé en permanence à la figure du Noir sans désemparer, à la limite de l’absurde En France dans les médias, comme et pire que dans la politique, les Noirs n’existent pas ! Cette non-existence est d’autant plus normale que l’on s’honore à regarder les gens non d’un point de vue communautaire comme aux Etats-Unis mais d’un point de vue individuel. Et de même que dans la politique, c’est toujours les Blancs et leurs images qui servent de référence dans la presse et les journaux. La publicité en est un exemple : la femme noire ou l’homme noir ne servent jamais de modèle d’image. Bien sûr il faut faire la part des déterminations sociologiques, et accepter que la fameuse “ménagère de moins de cinquante ans” qui sert de modèle à la publicité n’est ni une femme noire encore moins un homme noir. Sauf à de rares exception près lorsqu’il y entre un élément de racisme implicite, comme lors d'une campagne contre le sida, ou la promotion de produits genre YA BON BANANIA qui ne font pas mystère de leur antinégrisme primaire. Il y a aussi l’idée raciste du déterministe ethnique de la consommation, qui prétend savoir les habitudes de consommation des Noirs, par exemple celles qui en ces temps de frénésie de la communication, jouent à font sur ce qui serait apparu comme leur engouement prétendu pour le bavardage frénétique au téléphone, auquel on les renvoie et les identifie naturellement, comme s’il s’agissait d’un apanage. Aux Etats-Unis la situation est plus claire. Tout est une question de quota. Le Noir n’a pas à être caché derrière la femme Noire, il n’a pas à être caché derrière un Blanc au motif que le Blanc est un homme comme le Noir. Il a sa part de d’existence dans la vie politique, sa part de présence dans les médias. Mais au-delà de la loi des quotas, la justification de la pratique n’est pas toujours aussi simple ni claire qu’il y paraît.
Quand on feuillète les pages d’un journal de centre gauche comme le New York Times ont peut avoir le sentiment qu’ils font un effort pour se conformer à la pratique des quotas, et que les Noirs ont quand même une certaine présence médiatique. Mais quand on va un peu au fond des choses, on s’aperçoit qu’au-delà de l’apparence, les Noirs sont cantonnés, dans les sujets touchant à la criminalité, au sport ou à la musique…Statistiquement le quota paraît respecté, mais sociologiquement le biais saute aux yeux : c’est ce à quoi sont réduits les Noirs aux Etats-Unis, qui est encore hélas la moins mauvaise fortune du Noir et de son image en Occident ! |
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