Bien que l’hostilité fût à son comble entre les deux hommes, Obasanjo a réservé sa décision sur sa position dans l’élection présidentielle de février jusqu’au bout. Dans l’espoir peut-être qu’un miracle se produirait dans leur relation. Jonathan, en bon croyant, devait aussi bien croire à ce miracle lorsqu’il était allé à Abeokuta demander la mansuétude d’Obasanjo, et l’oubli de tout ce qui, ces derniers mois, avait sérieusement miné leurs relations, de père à fils présidentiel. En effet, en se rendant chez l’ancien président, l’actuel avait pris la précaution utile de s’accompagner d’une paire d’hommes de Dieu renommée dans l’establishment politico-religieux du pays. Rien moins que le célèbre pasteur Enoch Adeboye et l’évêque David Oyedepo, respectivement superviseur général de la « Redeemed Christian Church of God” et le fondateur de la « Living Faith Church », deux églises qui ont le vent en poupe au sein de l’effervescence chrétienne du Nigéria Après avoir plaidé son cas et exprimé l’objet de sa mission devant les deux témoins ecclésiaux, Jonathan pensait qu’il avait suffisamment attendri « Baba » en lui servant son numéro d’humilité et de flagornerie, qui avait pu tromper le vieux général quelques années plus tôt. Le clou de ce numéro avait été ce « Vous êtes le meilleur président de la république que le Nigeria a connu depuis son indépendance » ; énormité qui jurait avec toutes les chicanes, les dénigrements et autres noms d’oiseaux dont lui et son équipe de campagne l’avaient généreusement gratifié jusque-là. Mais avant d’en venir au soutien demandé par Jonathan, Obasanjo l’a conditionné à la réponse claire et nette à cinq questions, qu’il a posées à Jonathan les yeux dans les yeux et sous les yeux des deux hommes de Dieu : 1. Etiez-vous oui ou non d’accord de ne gouverner qu’un seul mandat ? 2. Quelle était la raison que vous m’aviez avancée pour ne pas combattre Boko haram même quand je vous ai dit que cela risquait de faire boomerang? 3. Qu'est-il arrivé à la réserve en devise étrangère du Nigeria et aux fonds souverains? 4. Avez-vous donné licence à des militants du Delta du Niger (Dokubo et Tompolo) pour importer des armes au nom de leurs entreprises privées? Si oui, pour quelle raison? 5. N’avez-vous pas reçu du consulat des États-Unis une correspondance qui faisait état de ce qu’un certain Buruji Kashamu, citoyen nigérian, était inculpé de trafic de drogue? Si oui, pourquoi avez-vous nommé le même Kashamu responsable du PDP pour le Sud Ouest plutôt que de le remettre dans les mains de la justice des États-Unis? Selon des sources bien informées, Jonathan n’aurait pas passé la barrière des questions de son ex-mentor. Et Obasanjo, qui en avait pris à témoin les deux hommes de Dieu, aurait alors refusé de donner suite à la demande de soutien formulée par Jonathan. Quelques heures plus tard, l’ancien président pouvait être vu publiquement en photo de famille avec la direction de l’APC et le General Buhari, redoutable challenger de Jonathan. Auparavant, Baba avait aussi fait savoir sans ambages sa position dans l’élection présidentielle qui était : ANYTHING BUT JONATHAN, c'est-à-dire : TOUT SAUF JONATHAN ! Alan Basilegpo |
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