La volonté de Yayi Boni de rester accroché au pouvoir et de continuer à jouer les présidents de la république est d'une force furieuse, irrépressible. L'homme est atteint de cette maladie africaine d'être président ou rien. Dopé par le succès foudroyant et inespéré de son hold-up électoral de mars 2011, le banquier parvenu veut à tout prix visser à vie son cul sur le fauteuil présidentiel. Haut lieu de dispensation de jouissance pour lui-même et les « siens ». Et il ne craint pas de se placer dans la logique suicidaire du « ça passe ou ça casse ». Les vicissitudes inattendues du Burkina Faso l'on certes secoué mais peu à peu le temps résorbe les secousses, et réforme sa folie pavoisée aux couleurs de l'ambition. Pour Yayi Boni les Burkinabè n’ont rien à voir avec les Béninois qui, selon lui, se barbouillent de mercurochrome, là où d'autres,--de la Tunisie au Burkina Faso en passant par l'Égypte--se sacrifient, s'immolent par le feu, versent leur sang et meurent pour faire tomber les dictatures. Les Béninois sont trop égocentriques, pense-t-il, trop peureux pour faire masse et se sacrifier. Et cette certitude fait le lit de sa folie de pérennisation au pouvoir.
La raison de la persistance de cette folie qui sème la tension permanente et distrait tout un pays se trouve peut-être dans le fait qu’au Burkina Faso, la révolution a laissé la vie sauve au dictateur qui a échappé à la mort et pris la poudre d'escampette. Dans le pire des cas, Yayi Boni pense s’en tirer vivant lui aussi. Et un combat qui épargne la vie mérite d'être mené jusqu'à son terme. C'est pour cela qu'il joue son va-tout pour imposer l’ordre déjanté de ses fantasmes surannés ; faire durer sur le modèle Eyadema le règne sulfureux du régionalisme, du népotisme, du culte de la personnalité, de la corruption, de l'impunité, de la médiocrité, de la bigoterie d’État, et de la manipulation populiste des émotions religieuses et de Dieu, etc. Mais dans ses fantasmes de comparaison avec Blaise Compaoré, un petit détail échappe à notre fou de présidence : si le dictateur burkinabé a eu la vie sauve après la révolution populaire intervenue dans son pays, il la doit à la vigilance bienfaisante de la France, reconnaissante envers les bons et loyaux services rendus à la Françafrique. Malheureusement, en matière de services rendus à la Françafrique, Yayi Boni n’arrive pas à la cheville de Blaise Compaoré. Et cette différence sonnera le glas de son acharnement insane
Dr Aboki Cosme
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