Roman salué un peu partout en Afrique, au Brésil, Jorge Amado désirait le faire traduire, aux USA, Kenneth Harrow a déclaré dans World Literature Today2 : «Quarante et un ans après la parution de L’Enfant noir de Camara Laye, Olympe Bhêly-Quenum nous a donné la suite que Laye n’a jamais écrite. C’est la conclusion, non pas de l’histoire de la vie de l’étudiant qui a eu du succès et était parti faire fortune en France, mais le récit de la vie de sa mère restée en Afrique. C’est l’histoire de la jeunesse en Afrique de quelqu’un et de toute une génération de jeunes écrivains, celle des fameux romanciers des années 50 et 60 dont fait partie Bhêly-Quenum ». Lors d’un congrès d’African Literature Association, Abioseh M. Porter, qui en est le Directeur, consacra une longue communication à ce roman. En Italie (Université de Milan) la thèse de Mme Anna Invernizzi intitulée Il Vudu’ nell’opera di Olympe Bhêly-Quenum3. est souchée sur Les Appels du Vodún..4 Au Bénin ( février 1993 à Ouidah), lors du Premier festival mondial des Arts et des Cultures Vodun auquel il assistait, Jorge AMADO m’avait dit : « je souhaite que les mots et phrases africains soient écrits en langue africaine dans Les Appels du Vodoun » ; la même année, en septembre, à Saint Jacques de Compostelle, ( 60ème Congrès international du P.E.N Club), il déclara : « Olympe, moi, je désire vraiment que dans Les Appels du Vodoun les mots, mêmes les phrases en fongbé ou en yoruba y figurent en fongbé et en yoruba, parce que ton livre véhicule des données précieuses et exceptionnelles que nous devrons connaître au Brésil aussi. » Dans la nouvelle édition de ce roman, j’ai essayé de satisfaire au désir de mon très regretté Ami Jorge AMADO. 1 Traduction du texte en anglais de Willfried F.FEUSER.+ Prof .Université de Port Harcourt (Nigeria). 2 A Literary Quarterly of The University of Oklahoma. Norman. Hoklahoma 3 Università Degli Studi di Milano. 4 Je traduis : Le Vodún dans l’œuvre d’Olympe Bhêly-Quenum II LETTRE OUVERTE AUX CHEFS ET DIGNITAIRES DES RELIGIONS ENDOGÈNES Par Olympe BHÊLY-QUENUM Très chers Hunnongá, Hunnon et Vodúnsi, Il y a un an paraissait une information au sujet des cultes traditionnels de notre pays ; d’une information de 24 HEURESsoulignant à leur égard la désinvolture de Monsieur Thomas Boni Yayi, président de la République du Bénin, j’ai extrait le passage ci-dessous : Fête du vodoun: Boni Yayi a driblé les religieux traditionnels. 12 janvier 2009 - 24 HEURES « […] depuis sa prise de pouvoir en 2006, Boni Yayi n’a jamais soutenu les chefs religieux traditionnels en honorant de sa présence les manifestations officielles de ce culte relégué au rang d’idolâtrie. Son absence remarquable à Abomey samedi dernier dans le cadre de la célébration de la fête du vodoun est la preuve que la Haute Autorité ne considère pas comme la Constitution l’exige le culte ancestral. Alors que dans sa prestation de serment le 06 avril 2006 à l’Assemblée nationale il a juré au nom de Dieu et des mânes des ancêtres. Mais aussi paradoxal que cela puisse paraître, après s’être conformé à cette obligation constitutionnelle, le locataire de la Marina n’a jamais accordé la moindre importance aux manifestations officielles des vodounons et vodouïsants, en dehors des dons en numéraires et les rares audiences qu’il leur accorde au Palais de la République. Les confidences qu’il a faites à Dah Aligbonon dans le cadre du 10 janvier ne sont que des illusions pour tromper la vigilance des dignitaires du culte vodoun pour la perspective de 2011. […] Le Bénin est un Etat laïc. Tous ceux qui seront choisis par le peuple pour des fonctions d’Etat se doivent d’accompagner toutes les religions pratiquées au Bénin. Le chef de l’Etat n’est pas seulement le président des évangélistes, mais le président de tous les Béninois, sinon pourquoi avoir accepté de prendre les destinées du pays si tant est qu’il se méfie des pratiques ancestrales ?. On a souvent remarqué sa présence aux côtés des évangélistes à l’occasion de telle ou telle manifestation. Et pourquoi s’illustre-t-il dans la politique de la chaise vide lors des réjouissances des vodounons ? » * Presque jour pour jour à la même époque, dans la même circonstance, le chef de l’État a récidivé son indifférence pour le culte vodún, authentique terreau culturel et pour ses adeptes dont des ancêtres donnèrent de grands serviteurs aux religions monothéistes ; il ne serait pas illégitime que président de la République, Monsieur Thomas Boni Yayi soit membre d’une religion ou prête serment d’allégeance à une secte dont les dignitaires auraient le droit de le régenter ; mais fouler aux pieds une des exigences de son serment de 06 avril 2006 à l’Assemblée nationale est une faute, une de ses fautes que le peuple ne doit jamais oublier. C’est dire que j’approuve sans réserve et soutiens la riposte de Dah Agbalènon dans son allocution à la tribune officielle à Parakou ainsi que la justification qu’en a donnée la presse en précisant : « Trois fois de suite déjà, le Chef de l’Etat n’a jamais daigné se présenter aux côtés de ces derniers pour célébrer avec eux cette fête comme il en a l’habitude avec les autres religions. » Globalement, les dons du président de la République aux dignitaires des religions de notre pays relèvent de l’amoralisme : tactique perverse, ils ne sont qu’un processus reptilien tendant à acheter progressivement leur conscience, en espérant que les dignitaires convaincront les membres de leurs cultes de voter pour lui en souvenir de ses générosités. J’ai lu dans La Croix du Bénin que l’épiscopat catholique avait repoussé les millions de cfa destinés à l’église catholique ; qui se plaindrait qu’il en soit de même chez d’autres représentants de culte monothéiste, chez les dignitaires vodún aussi ? En l’occurrence, je dis ceci : on vend pas le Vodún ! Pas un Hunnongá, Hunnon Vodúnsi digne de ce nom ne transforme le culte vodún en un fonds de commerce. Initiée par Nicéphore Dieudonné quand il était président de la République du Bénin, la Fête du Vodoun a beaucoup ajouté à l’importance de la culture dans notre pays ; un philosophe, alors ministre, ne comprenant rien et, à coup sûr, ne comprend encore rien au vodún, avait péroré : « le vodoun est un culte, le vodoun n’est pas une culture ! » L’énorme ânerie. Quelle inculture aussi ! Très chers Hunnongá, Hunnon Vodúnsi, si vous estimez les libéralités du président Thomas Boni Yayi nécessaires pour vos manifestations solennelles, acceptez-les, remerciez-le mais ne voter jamais pour un homme sans considération pour votre culte, ni pour vous-mêmes. Je voudrais que le message que je vous adresse soit traduits dans nos langues que vous parlez et diffusé dans le Bénin tout entiers. Qui suis-je ? Je ne suis adepte d’aucun vodún ; catholique pratiquant né à Gléxwé au quartier Ahouandjigo, écrivain, membre d’une société initiatique internationale, je suis avant tout le fils d’une Grande-Prêtresse et petit-neveu d’une Grande-Prêtresse du Vodún AlladahwÈn ; le regretté Daagbo Hounon qui me révéla ses vrais prénoms (Agbéssi Houna) était un ami dont je garde d’excellents souvenirs ; sa photo qu’il m’a offerte est dans mon bureau ; avec une sélection de ses confrères ainsi que le chorégraphe Max Koffi Koko, il était le chef de la mission culturelle vodún dont je faisais partie aux USA, après la parution de l’édition princeps de mon livre intitulé Les Appels du Vodoun dont l’exemplaire dédicacé au très regretté ami le Cardinal Bernardin Gantin qui l’a lu est dans sa bibliothèque. Pendant un quart de siècle, Daagbo Hounon fut un des HunnÒgá grands ritualistes qui m’informaient lors de mes recherches en anthropologie culturelle et sociale consacrées au Vodún. Un an avant sa mort, je lui téléphonai parce qu’une Italienne consacrait sa thèse au Vodún dans mes œuvres et devait partir pour le Bénin ; j’ai recommandé cette doctorante à mes amis Roger Gbégnonvi et Franck Lahami ; ce dernier, en l’hébergeant gracieusement, devait aussi mettre à sa disposition une voiture et un chauffeur ; ainsi, après avoir assisté à la Fête du Vodún, Anna Invernizzi a pu ensuite parcourir des villes de ce culte : Abomey, Allada, Porto-Novo, Ouidah et celles des abords du lac Ahémé aussi. Daagbo Hounon lui accorda une interview qui, avec les enregistrements DVD effectués sur le terrain objectif, contribue, à l’Université de Milan, à apprécier l’un des fondements culturels de notre pays pour lequel Monsieur Thomas Boni Yayi n’a aucune considération. Hunnongá, Hunnon et Vodúnsi, j’admets avec vous que l’indifférence et la méthode de Monsieur le président de la République du Bénin sont intolérables, voire inadmissibles. Olympe BHÊLY-QUENUM. |
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