Dans la psychose de la contamination par le virus Ebola, on annonce au Bénin l'apparition d'un cas suspect dont il n'est pas jusqu'au mode subreptice d’introduction qui ne rappelle l'exemple nigérian : en l'occurrence un jeune Nigérian de 21 ans échoué on ne sait trop comment à l'hôpital de Porto-Novo ! Et dans le style de son maître, la ministre de la santé béninoise, dans une précipitation qui n’est pas sans rappeler la fausse tentative d’assassinat du Président à Ouèssè, a fait une déclaration qui n'a fait que mettre le pauvre Bénin sur la sellette. À peine le Nigéria est-il infecté que son voisin immédiat le Bénin aussi entre dans danse morbide de Ebola. Triste parabole sur l’indéfectible fraternité entre ces deux pays ! Mais fallait-il que la psychose populaire fort compréhensible soit gérée de cette manière ? Pourquoi ne pas attendre la conclusion des tests commandités à l’extérieur -- trope typique du régime Yayi --- avant la montée au créneau du ministre de la santé ? Dans cette affaire d’Ebola, il faut savoir gérer les peurs collectives et la réalité du terrain. Il faut aussi savoir ce qu'il en coûte pour un petit pays comme le Bénin de vouloir jouer gratuitement les mitoyémin. Comme certains mauvais esprits n'hésitent déjà pas à le susurrer, si c'est pour que le Bénin puisse profiter aussi des faveurs financières de l’OMS qui vient d'injecter 100 millions de dollars supplémentaires pour la lutte contre cette maladie virale dans les trois pays africains primo-infectés que sont la Guinée, le Libéria et la Sierra Leone, alors il s'agit d'une spéculation douteuse : le gain hypothétique ne sera qu'une broutille à côté de la perte immense. Ce que nous perdrons à nous affubler un peu hâtivement d'une vraie fausse réputation de pays frappé par le virus Ebola restera incalculable. Donc, dans cette affaire il faut se hâter lentement ; aucune agitation n'est permise, aucune posture excessive sans lendemain n’est de mise. Ces rumeurs et incidents peuvent avoir un usage pédagogique dans la prise de conscience des populations sur les attitudes de prévention individuelle et collective. Il appartient aux pouvoirs publics d'organiser l’information et la nécessaire pédagogie. Mais si au contraire, loin de faire preuve de responsabilité, les autorités plus ou moins compétentes caressaient la vile intention de jouer sur le registre de la peur pour s'arroger le rôle de héros protecteur du peuple, alors les conséquences en seraient désastreuses pour longtemps
Aminou Balogun
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Dans la mesure où les gens ont tendance à fuir les pays infectés vers des pays qu'ils considèrent comme immaculés, il n'est pas plus mal que le Bénin envoie le signal aux futurs candidats contaminateurs exogènes, pour qu'ils sachent que le Bénin a déjà sa dose. Mais il ne faut pas non plus sous-estimer les conséquences de cette sorte de vaccination imaginaire
Rédigé par : B.A. | 09 août 2014 à 00:47