Parce que ce traitement qui semble donner des résultats satisfaisants dans la prise en charge de deux de leurs ressortissants n'a d'effet que contextuel. L'effet du traitement dans lequel entre ce médicament ne peut se comprendre que si l'on prend en compte toutes les autres composantes du traitement : multiples interventions médicales, modes opératoires, capacité de surveillance croisée, niveau d’hygiène, modalités de soins etc. etc.. Or tout cet environnement et savoir faire médicaux sont loin d'être garantis dans les pays sous-développés d'Afrique, c'est-à-dire en Afrique tout simplement--même si un pays pétrolier comme le Nigéria est capable d'allonger ponctuellement des millions de dollars pour acquérir ce médicament expérimental. Un médicament n’est pas comme une voiture de luxe qui quoique conçue pour rouler sur des routes bitumées, en Afrique est amenée à pratiquer des routes de fortune, émaillées de crevasses et de nids de poule. Et la peur des États-Unis est que, utilisé hors contexte, alors qu'il n'est pas encore au point, ce médicament risque de donner un résultat si catastrophique en Afrique que cela pourrait ruiner sa réputation, sa crédibilité et par voie de conséquence sa valeur commerciale concurrentielle. Cela en dit long du reste sur toutes les maladies à l'origine d'hécatombes tragiques en Afrique mais qui au fond sont moins dues à leurs causes virales directes qu’à l'état de pauvreté et aux mœurs qui y sont associées. C'était l'analyse pertinente de Thabo Mbeki, l'ancien président sud-africain à propos du VIH Sida, lorsqu'il a considéré que cette maladie était avant tout une maladie de la pauvreté. Mais l'Occident qui savait quel était son rôle et sa responsabilité dans la pauvreté passée, présente et future de l'Afrique n'a pas voulu l'entendre de cette oreille ; et n’a eu de cesse de pourfendre voire de combattre ce raisonnement ; combat malin qui n’est pas étranger à l’éviction politique prématurée du digne successeur de Mandela.
Bill Armstrong
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