Partenaires Financiers ou Partenaires Politiques ?
D'abord disons que c'est dans ce soutien que Yayi Boni puise une partie de sa détermination et du mépris de l’opposition pour passer en force, en dépit de son impopularité. C’est pour lui un renfort de taille dans le dévolu qu’il a jeté sur la fraude, un précieux oreiller politique. L’idée des “Partenaires financiers, qui sont aussi des partenaires politiques non avoués, leur idée de la Lépi n’est pas inspirée par le principe de la démocratie pure, respectant strictement la volonté d’un peuple pour lequel ils n’ont que mépris. Mais c’est plutôt l'idée d’une démocratie minimaliste, contractuelle, empirique, une démocratie de régime et d’ère. L’ère étant comprise comme la somme des mandats successifs constitutionnellement possibles dont un Président en exercice peut se prévaloir. C’est l’érection de cette culture de la démocratie de régime et d’ère en droit implicite du Président en exercice, sa naturalisation en somme qui rend raison de l’attitude des partenaires financiers. Ceux-ci ont dès lors du mal à cacher leur posture de partenaires politiques. En gros les partenaires financiers ne voient pas d’un mauvais œil qu’un président utilise tous les moyens à sa disposition, y compris les plus frauduleux pour renouveler son mandat, dès lors que ce renouvellement est constitutionnellement possible. Trop de rigueur, trop de raideur démocratique selon eux tue la démocratie ; une idée hégélienne. En matière de démocratie en Afrique, ils préfèrent y aller par palier et sauvegarder le respect du changement constitutionnel de régime, assurer la succession des ères plutôt que l’alternance stricte et formelle au sommet de l’État. Ensuite, très sceptiques sur la différence éthique et pratique entre les régimes malgré leur opposition bruyante, les partenaires financiers raisonnent en termes de coût d’entrée et de coût de sortie. Pourquoi installer un régime pour un seul mandat alors que les pertes et détournements occasionnés par une nouvelle équipe sont toujours supérieurs ou égales à ceux de l’ancienne équipe ? En d’autres termes, dans leur logique financière, les partenaires financiers, pensent qu’en matière de coût d’un régime, un même régime sur deux mandats revient bien moins cher que deux régimes en deux mandats. Et ils sont d’autant plus fondés dans cette vison réaliste des choses qu’ils ont à leur décharge une certitude éthique : le fait qu’en Afrique deux régimes ne sont différents que dans les personnes mais jamais dans les pratiques encore moins dans les éthiques.
C’est cette option minimaliste, pragmatiste, gradualiste et pour tout dire périodiste de la démocratie privilégiée par les partenaires financiers qui justifie leur silence, en dépit de la réalité des fraudes qui se commettent à ciel ouvert sur la Lépi, et des hauts cris de l’opposition. C’est en application de ce principe que l’UE et le PNUD font la sourde oreille pendant que Yayi fraude la Lépi à sa convenance et que l’opposition hurle dans le désert. Et, chose curieuse, les Partenaires financiers resteront campés dans cette posture méprisante pour les peuples noirs même lorsque les fraudes qu’ils couvent aujourd’hui conduiront à la guerre. Car même dans ce cas, ils seront les premiers à nous vendre les armes nécessaires ou à mettre en branle leur organisation de bonne conscience.
Prof. Cossi Bio Ossè
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