BBC : Professeur Achebe, bonjour ! 50 ans d'indépendance du Nigéria, la réalité a-t-il été à la hauteur du rêve ?
Chinua Achebe : Le Nigéria avait un début intéressant. Nous avions beaucoup d'espoir sur comment les choses allaient se passer, comment les choses allaient s'améliorer. Notre liberté à l'indépendance était réelle pour nous. Malheureusement, les choses n'ont pas tourné comme espéré.
BBC : Qui tenez-vous pour responsables de la manière dont les choses ont tourné ?
Chinua Achebe La classe dirigeante et ce mot classe dirigeante ne veut pas dire seulement les personnes élues présidents de la république ou gouverneurs d'État. Quiconque devait diriger, unir et qui plutôt s'évertua à désunir à séparer le peuple.
BBC : Pensez-vous, professeur Chinua Achebe que des gens comme vous, un géant en littérature comme vous et les élites du Nigéria d'avant l'indépendance doivent prendre leur part de responsabilité dans la tournure qu'ont prise les choses au Nigéria ? Votre premier roman paru avant l'indépendance et votre premier roman paru juste après l'indépendance « Le monde s'effondre » qui sont bien connus dans le monde, et sans compter « L'homme du peuple », commençaient à traiter de la difficulté et des défis des nations nouvellement indépendantes, du problème de la corruption.
Chinua Achebe Oui, bien sûr, si j'ai donné l'impression de m'avoir excusé ou d'avoir excusé des gens comme moi, la classe dirigeante et les moyens que nous avions alors, il s'agit d'un malentendu : je n'excuse personne. Les torts sont partagés. Mais ceux qui se sont proposés comme dirigeants et qui avaient à leur disposition les moyens et les ressources nécessaires à cet effet, doivent prendre le plus gros des torts pour ce qui est arrivé.
BBC : Vous sentez-vous donc frustré ? Êtes-vous en colère contre la tournure des événements ?
Chinua Achebe Oui, c'est exactement ce que vous entendez dans ma voix. Malheureusement, en dépit de ma frustration, je n'y peux rien.
BBC : Mais vous pouvez ! Vous avez commencé, le rôle de la littérature, vos écrits en particulier ont eu un impact considérable non seulement en Afrique mais dans le monde. Comment voyez-vous le rôle de la littérature et de l'écriture.
Chinua Achebe Je le considère comme important c'est ce que j'ai à offrir pour ce que cela vaut-et je crois que cela vaut beaucoup.
BBC :Y a-t-il un passage dans votre livre culte «Les choses s'effondrent » dans vos pensées qui résume l'essence de l'expérience des Nigérians des 50 dernières années ?
Chinua Achebe Je pense qu'il y en a plus d'un, à chaque page, si vous lisez la moindre page, vous verrez la marque d'un grand peuple qui n'a pas encore pris la mesure de sa vraie grandeur.
BBC : Et si vous avez un message à adresser aux Nigérians, aux Africains en un jour comme celui-ci, quel serait ce message ?
Chinua Achebe Eh bien ce serait : ne lâchez pas prise, ne renoncez pas et ne laissez personne vous marcher sur les pieds. Nous ne sommes pas stupides. Les Nigérians sont un peuple intelligent. Mon meilleur vœu au Nigéria en ce 50e anniversaire c'est que le centenaire sera grand si nous le voulons. Merci.
source BBC, Transcription et traduction : Binason Avèkes
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De ma retraite j'observerai. Comme Saint Thomas qui demande de voir et toucher avant de croire je ne suis pas prêt à donner l'absolution à quelque politicien que ce soit même avec confession. J'espère simplement que le flambeau de l'union qu'ils ont choisi de porter après 50 ans de méfiance-défiance n'est pas qu'une alliance de circonstances dictée par des intérêts corporatistes en péril et qu'ils sont enfin réellement motivés selon la même réflexion d'Achebe que je vous remercie d'avoir rapportée:
Chinua Achebe:" La classe dirigeante et ce mot classe dirigeante ne veut pas dire seulement les personnes élues président de la république ou gouverneurs d'État. Quiconque devait diriger unir et qui plutôt s'évertua à désunir à séparer le peuple."
Rédigé par : Thomas Coffi | 27 octobre 2010 à 11:58