Toutes sortes de banquiers, de financiers, d’argentiers, se pressent maintenant vers le portillon de la fonction de Chef d’État au Bénin. C’est le signe que l’argent est devenu la mesure de toute chose, et s’est accaparé entièrement de l’esprit de nos compatriotes. Les élites qui devaient éduquer moralement le peuple, apporter le mieux disant éthique sont en cause ; même si, pays phare dans l’esclavage des Noirs, cette dégénérescence de nos valeurs
Dans ce climat délétère naturalisé où l’on confie à l’argent le rôle ubiquitaire de mesure de toute chose, de valeur suprême, et de but unique, toutes les autres valeurs passent en pertes et profits, y compris celle de l’égalité, de la fraternité, et de la solidarité, de l’effort, de l’imagination, de la créativité. Oui car toute cette farandole de l’argent sale qui vole et que l’on vole, ne profite qu’à une sournoise engeance de cupides, une petite minorité de jean-foutres rompus à l’art avaricieux d’amasser les richesses du pays au détriment du pays, du peuple, oublié, méprisé, abandonné à son sort dans la nuit des temps héritée du temps des nuits d’horreur.
Et pour consolider cette basse éthique, fidèle à la propension au mimétisme du Béninois, une noria de super-financiers, profitant de strapontins ethniques ou politiques de quelques institutions internationales, se bousculent au portillon de la présidence de la République. Si l’argent est roi, les princes argentiers sont naturellement les mieux à même de le servir. Mais le servir est-ce diriger une nation ? Montrer le chemin à un peuple ? Donner du sens à une communauté ? Redonner à une société le lien qui lui manque ? Est-ce donner ses lettres de noblesse à la pensée politique dans ce qu’elle a de plus éminent ? Le projet national et le lien social deviennent dans la main de l’argentier de purs objets marchands. Au Bénin, depuis 2006 on a vu pourtant que le Banquier jure avec le Politique, qu’ils ressortissent de deux ordres éthiques distincts sinon opposés. Le métier du politique ne se limite pas ou n’a rien à voir avec celui du Banquier. cette extrapolation, qui est le résultat de la marchandisation du sens de la vie est une véritable escroquerie philosophique et un consensus frauduleux.
Faut-il le dire haut et fort, l’argent n’est pas une finalité, mais juste un moyen, un moyen parmi d’autres. L’argent n’est pas la vraie richesse, car il est souvent sale, source de discorde et de conflit, de cupidité et d’avarice ; et en dehors de sa manipulation comme fantasme, il ne peut suffire à tous. En vérité, il est heureux de réentendre, ce cri célèbre de Jean Bodin : “ Il n'y a ni richesse ni force que d'hommes” Et tout aussi heureux de savoir qu’au Bénin, il a été repris par un homme politique digne de ce nom et non pas un Banquier.
Binason Avèkes
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