Figures Politiques Noires d’envergure dans les Gouvernements des Etats-Unis
On voit émerger aujourd’hui la figure de Barack Obama qui est entré dans l’histoire comme le premier candidat Noir à être investi par un grand parti aux élections présidentielles aux Etats-Unis ; et de ce fait premier Noir à avoir une chance réelle de présider aux destinées de l’Amérique. Mais en matière de personnalités politiques d’origine historique africaine, élues ou ministres dans l’histoire politique des Etats-Unis, Barack Obama a derrière lui tout un vivier bien enraciné. Ces personnalités apparues au gré des enjeux politiques, sont des hommes et des femmes de très grand talent, souvent diplômés des grandes universités, impliqués d’une façon ou d’une autre dans la lutte pour l’égalité et les Droits civiques. Ils se recrutent dans les deux plus grands partis politiques américains, même s’ils sont plus nombreux chez les Démocrates que chez les Républicains. Cette présence des Noirs au sein du gouvernement ou des élus de la Nation est la traduction d’une prise en compte à la fois de l’effervescence politique de la communauté noire, en même temps du poids de celle-ci dans l’électorat, dans un contexte où l’égalité des droits civiques a évolué du stade primitif et violent de revendication pour devenir une réalité agissante. Dans cette pléiade d’hommes et de femmes illustres qui constituent le sol riche des devanciers où s’enracine aujourd’hui la figure de Barack Obama, on peut distinguer trois types de personnalités politiques. Il y a ceux qui ont atteint un niveau effectivement remarquable dans la vie politique nationale ; ceux qui ont une notoriété mondiale en raison du symbole qu’ils incarnent ou du record historique qu’a constitué leur promotion politique ; et enfin ceux qui ont une envergure internationale parce qu’ils occupent ou ont occupé des postes de premier plan dans la politique des Etats-Unis.
Quelques remarques sur ce bref passage en revue des Figures Politiques Noires d’envergure dans les Gouvernements des Etats-Unis. La première remarque concerne la définition et l’usage du terme de « Noir » Aux Etats-Unis, le politiquement correct a imposé de nos jours l’usage du mot « African American » à la place de Black, au moment même où en France un certain euphémisme branché mâtiné de dénégation préfère le même Black au mot Noir. Dans tous les cas, nous sommes loin de la vieille période du NAACP où le mot Negro faisait figure à la fois de repoussoir et de revendication d’une réalité sociopolitique aussi brûlante qu’indéniable.
La deuxième remarque touche à la culture et à la logique de stigmatisation raciale dans la vie politique. Comme le disait Toni Morrison, Prix Nobel de littérature, en Amérique on est d’abord Noir ou Blanc avant d’être Américain. Aux Etats-Unis le communautarisme fait partie de la culture sociale et politique. En ce qui concerne les Noirs, c’est sur sa base que s’applique la politique de discrimination positive. De celle-ci on peut dire tout ce qu’on veut, notamment faire la critique de ses effets pervers mais on ne peut pas nier qu’elle n’a pas eu un effet sur les chances de mobilité sociale de ses bénéficiaires, et contribué à lutter contre les mécanismes du racisme. En France par exemple pays anticommunautariste par culture et par raison il est aisé de constater que l’égalité sans distinction de race tant proclamée sert souvent concrètement à faire passer un Blanc avant un Noir, dans la mesure où ils sont égaux. En effet, si n = b pourquoi ne pas choisir b chaque fois qu’on le peut ? Cette façon de se représenter par la couleur ou la « race » est héritée de l’histoire violente de l’Amérique. La question de la présence et du nombre des Noirs aux Etats-Unis a été une question cruciale dans l’évolution du pays, comme celle de leur libération détermina la guerre de sécession.
Pour s’assurer d’une domination démographique blanche, les Oncles fondateurs de la Nation, moins glorieux que les Pères fondateurs, mais sans doute plus entreprenants, n’ont pas hésité à exercer un contrôle sur la démographie des Noirs. Au besoin en encourageant d’une façon ou d’une autre le retour des anciens ou descendants d'esclaves vers leur continent d’origine souvent sous de bons prétextes, tenus à bout de bras par des philanthropes plus ou moins manipulés ou plus ou moins de mauvaise foi. On a aussi manipulé avec astuce le radicalisme messianique de certains héros Noirs comme Marcus Garvey, partisans d’un retour romantique en terre africaine, à qui on n’a pas ménagé les moyens ou les incitations pour une contribution involontaire quoiqu’efficace à la réduction de la population noire. Parallèlement à cette réduction on encourageait l’immigration blanche ou proto-blanche d’Europe ou du Moyen-Orient. Sur le plan social, alors que l’esclavage était aboli, on avait ainsi créé les conditions d’une oppression raciale du Noir, cerné entre les survivances tenaces des brimades et injustices de tous ordres qui déterminent sa condition sociale de citoyen de seconde classe d’une part et la terreur haineuse d’organisations criminelles comme le Ku Klux Klan. Tout ceci a contribué à objectiver la culture du communautarisme, apparue alors comme un besoin social et une nécessité politique. La lutte pour l’émancipation, le progrès et l’égalité effectifs des droits en faveur des Noirs a été une lutte de longue haleine. Cette lutte est passée par des étapes successives. Et les figures politiques d’envergure que nous évoquons ici sont à la fois la traduction et le principe de cette lutte. L’identité noire a été pour elles un ressort et un facteur d’unité. Cette culture de la stigmatisation ou de la revendication de l’identité noire a une histoire. Et que l’on se dise Noir ou Texan, la revendication ou l’assignation d’une identité en politique n’est jamais naïve. Dans tous les cas la revendication ou l’assignation ne sont pas en soi négatives dès lors qu’elles n’aboutissent pas à une réduction. On peut revendiquer ou être assigné à une identité (noire ou texane) sans que cela ne porte atteinte en quoi que ce soit à la plénitude ouverte de son humanité. Au contraire, une revendication saine est une manière d’avoir les pieds sur terre, de savoir d’où on vient et ce qu’il nous en a coûté d’être là. Mais malgré ses aspects positifs, et sans doute en raison de son histoire, la culture communautariste américaine génère des effets pervers, et semble flirter avec l’essentialisme délirant de ses origines. De ce point de vue, tout se passe comme si la culture communautariste, en tout cas dans sa version américaine, bien loin d’éliminer le racisme en rapprochant les hommes ne fait que les séparer dans des barrières d’un autre temps. La preuve de l’ambigüité de la culture communautariste à l’américaine réside dans le rejet du métissage, et la fin de non-recevoir dont il fait l’objet dans l’imaginaire national. Toute chose qui consolide le vieux principe antinégrite du « one drop rule » en vigueur au début du XXe siècle et qui voulait que soit considérée comme noire toute personne qui a une goutte de sang noir.
Une chose est sûre, depuis le temps où John Mercer Langston, par son élection au poste de clerc municipal était devenu l’un des tout premiers noirs élu à un poste public jusqu’aujourd’hui où un américain de mère blanche et de père noir prend une sérieuse option pour présider aux destinées de l’Amérique, il est passé beaucoup d’eau sous les ponts du changement social, économique et mental. Certes les changements ont un aspect anachronique et illusoire parce qu’en terme de comparaison on opère volontiers de façon ponctuelle au détriment d'une démarche systémique. Se pose toujours la question des rapports entre la forme et le fond du changement. Par exemple avant de s’extasier sur le caractère historique de la possibilité aujourd’hui d’avoir un Président Noir aux Etats-Unis, comparée à une période où la chose serait impensable, il faudrait peut-être s’interroger sur la différence des enjeux et des représentations que concentre une telle fonction. Mais par rapport au symbole et à ses effets sur les mentalités, il va sans dire le progrès est évident.
Alan Blaisdell & Binason Avèkes
Copyright, Blaise APLOGAN, 2007, © Bienvenu sur Babilown
From Slavery to Freedom: Africans in the Americas
The transition from slavery to freedom represents one of the major themes in the history of the African Diaspora in the Americas. Under and against the rule of various powers, Africans experienced emancipation during the course of the nineteenth century. In Jamaica and Brazil, freedom came peaceably, but bloodshed also accompanied slavery's death. In the United States, the rebirth of freedom resulted from what was at the time the world's most destructive civil war, a war in which liberated slaves and free Blacks played a vital role in determining the victor and securing their own liberty. In Saint Domingue, the slaves, under the leadership of Toussaint L'Ouverture, engaged in violent revolution and won their freedom and independence, establishing Haiti, the world's first Black republic. Regardless of the path to freedom, African peoples in the New World had to continue to struggle for liberation. Where ex-slaves formed the majority, the quest for sovereignty, independence, and equality remained elusive or hollow. Elsewhere they rarely enjoyed equal citizenship and the untrammeled right to pursue happiness.
The Association for the Study of African American Life and History (ASALH) dedicates its 2007 national theme to the struggles of peoples of African descent to achieve freedom and equality in the Americas during the age of emancipation. Over a half-century ago, the celebrated historian John Hope Franklin, a leading light of ASALH, identified the struggle for slavery and freedom as the central theme of African American history. We take up this theme to honor him and to place before the nation and the world the historical importance of slavery and freedom in the making of modern societies in the Americas.
Rédigé par : Alan Blaisdell | 13 juin 2008 à 20:46