La semaine écoulée RSF a publié son classement 2007, dans laquelle il apparaît que le Bénin accuse un formidable recul. Il faut dire que le Bénin, après avoir occupé jadis des positions peu reluisantes, à la faveur du climat d’apaisement crée par le Renouveau démocratique, s’est hissé en haut du classement et fut consacré, en 2006, 23ème pays pour le respect de la liberté de la Presse, devant une ribambelle de grandes nations démocratiques dont la France, les Etats-Unis, etc... En 2007, pourquoi cette immersion de 30 point dans un pays qui parle d’émergence ? Le pouvoir a changé de mains en 2006. En l’espace de quelques mois de Présidence de Yayi Boni, les journalistes ont eu maille à partir avec le pouvoir ; des journalistes ont été inculpés pour diffamation ou "offense" au Chef de l’Etat. Chose qui ne s’était pour ainsi dire jamais produite pendant les dix années de règne démocratique de Kérékou. En tout cas, la plongée spectaculaire du Bénin dans le baromètre de RSF traduit deux choses : elle marque les conséquences fâcheuses de la nervosité inaugurale du pouvoir à l’égard de l’exercice – certes pas toujours recommandable – de la liberté de presse par les journalistes béninois ; mais elle pointe aussi le fait que l’armistice dans les relations entre presse et pouvoir au Bénin se paie d’une reprise en main rampante de l’information par le pouvoir. En principe, dans ces conditions, le nouveau classement de notre pays dans le baromètre annuel de l’organisation RSF devrait intéresser la presse béninoise. Or tel n’est pas le cas. Aucun journal béninois n’a pipé mot de l’info. Quel intérêt les journalistes ont-ils dans leur totalité à ignorer l’information et à la traiter en non-événement absolu ? Dans la mesure où la plus grande menace à la liberté de presse provient du pouvoir, quelles raisons poussent la presse béninoise à occulter une information qui met à nu les risques qu’elle a encourus en faisant son métier ? Ce silence de la Presse qui ne déplaît pas au pouvoir est intrigant. Au mieux, il trahit le fait que la presse a honte de faire état du viol de sa liberté : Syndrome de la femme violée ? Au pire ce silence signerait le triste avènement d’une ère de liberté en trompe-l’œil.
Ou bien est-elle dans la Main Invisible d'un seul et même Propriétaire ?
La semaine écoulée RSF a publié son classement 2007, dans laquelle il apparaît que le Bénin accuse un formidable recul.
Rappelons que la RSf est une organisation de défense de la liberté de presse, et du droit des journalistes à exercer leur métier en toute sécurité. Son classement est une mesure de l’état de la liberté de la Presse dans le monde ; il existe depuis 10 ans. Au fil des ans,
ce palmarès présente des constantes mais aussi des singularités. Ainsi si les pays du Nord de l’Europe sont crédités d’un respect sans faille de la liberté de Presse, les grands pays, du G8 au demeurant démocratiques ne brillent pas par leur présence parmi les 20 premiers de ce classement. Ce qui montre que les impératifs de la grandeur géopolitique, à l’ombre de la culture démocratique, ne font pas souvent bon ménage avec le strict respect de la liberté de presse. Par ailleurs, si l’Afrique qui est exposée aux guerres incessantes et aux violences politiques récurrentes voit la plupart de ses pays noyés dans le classement – cette année c’est d’ailleurs un pays du continent, l’Erythrée qui tient la lanterne rouge en occupant la 169ème et dernière place – il reste que certains pays africains ont su montrer qu’on pouvait être africain et très regardant sur le bon fonctionnement de la démocratie et le respect de la liberté de la Presse. En effet, bien que l’Afrique cumule maints facteurs et conditions déterminant la violation de la liberté de la Presse (Régimes autocratiques et corrompus, guerres, coups d’Etat, pauvreté, etc...) quelques pays du continent tiennent haut le flambeau du respect des libertés publiques et en tout premier lieu celle de la Presse. C’est ainsi que notre pays, le Bénin, après avoir occupé jadis des positions peu reluisantes, à la faveur du climat d’apaisement crée par le Renouveau démocratique, s’est hissé en haut du classement et fut consacré, en 2006, 23ème pays pour le respect de la liberté de la Presse, devant une ribambelle de grandes nations démocratiques dont la France, les Etats-Unis, etc...
Mais en 2007, au lieu d’évoluer vers le groupe des 20 premiers, patatras voici que notre pays dérape, et plonge de 30 points dans les profondeurs du classement pour se retrouver à la 53ème position ! Damned, que s’est-il passé en l’espace d’une année ? Sommes-nous maudits des dieux de la liberté de Presse ? C’est qu’entre-temps le pouvoir a changé de mains à la faveur des élections de 2006. En l’espace de quelques mois de Présidence de Yayi Boni, les journalistes ont eu maille à partir avec le pouvoir ; si les clashes et frictions qui ont inauguré les rapports difficiles entre la presse et le nouveau pouvoir sont à passer en pertes et profits, nous avons tous en mémoire les inculpations successives de journalistes et leur incarcération pour diffamation ou "offense" au Chef de l’Etat. Chose qui ne s’était pour ainsi dire jamais produite pendant les dix années de règne démocratique de Kérékou.
Ces anicroches et tensions, et la nervosité inhabituelle des nouveaux dirigeants vis-à-vis de l’indépendance de la presse, ou à tout le moins de son usage par les journalistes, ne sont pas passées inaperçues ; maints observateurs nationaux et internationaux s’en sont émus. Il faut signaler que le pouvoir béninois a par la suite fortement redressé la barre. Mais le mal était fait. D’où cette plongée spectaculaire du Bénin dans le baromètre de l’Organisation RSF. Mais la liberté de Presse ne se mesure pas seulement aux menaces directes sur les journalistes. D’autres facteurs sociétaux et éthiques entrent en ligne de compte. En tout cas, la plongée spectaculaire du Bénin dans le baromètre de RSF traduit deux choses : elle marque les conséquences fâcheuses de la nervosité inaugurale du pouvoir à l’égard de l’exercice – certes pas toujours recommandable – de la liberté de presse par les journalistes béninois ; mais elle pointe aussi le fait que l’armistice dans les relations entre presse et pouvoir au Bénin se paie en monnaie de singe d’une reprise en main rampante de l’information par le pouvoir, seule façon de résoudre la quadrature du cercle de la liberté de presse. Cet état de chose ne laisse pas d’être préoccupant, car il rejoint les formes diverses de confiscation des libertés qu’invente la tyrannie pour persévérer dans son être. Le risque existe en effet que le nombre d’organes de presse ou de journalistes à même de résister au mot d’ordre réaliste anglo-saxon « beat them or join them » se compte sur les doigts d’une main.
En principe, dans ces conditions, le nouveau classement de notre pays dans le baromètre annuel de l’organisation RSF devrait intéresser la presse béninoise. Puisqu’il est la preuve qu’un regard international spécialisé surveille ce qui se passe au niveau de la Liberté de Presse dans notre pays, en rend compte et agit en sorte que ces atteintes ne se renouvellent pas. Bien sûr, si et quand notre pays occupe une bonne place dans un tel classement, la chose est à l’honneur de tous : journalistes, citoyens, et pourvoir. Mais lorsque la situation de la liberté de la Presse se dégrade et que cette dégradation se traduit par une régression de notre pays dans le classement de RSF quel intérêt les journalistes ont-ils dans leur totalité à ignorer l’information et à la traiter en non-événement absolu ? De fait dans la presse béninoise, sauf erreur, aucune mention n’est faite du classement RSF 2007. Certes de par leur non-respect des règles déontologiques les journalistes ne sont pas en reste dans les frictions qui interviennent entre le pouvoir et la presse. Mais dans la mesure où la plus grande menace à la liberté de presse provient du pouvoir, quelles raisons poussent la presse béninoise à occulter une information qui met à nu les risques qu’elle a encourus en faisant son métier ? Ce silence de la Presse qui ne déplaît pas au pouvoir, silence du berger quand le passant crie au loup, ne laisse pas d’être intrigant. Au mieux, il trahit le fait que la presse a honte de faire état du viol de sa liberté, un peu comme de ces femmes violées qui n’osent pas parler de leur malheur de peur du qu’en dira-t-on ; syndrome de la femme violée ? Au pire ce silence signerait l’acte d’un ralliement au pouvoir, et le triste avènement d’une ère de liberté en trompe-l’œil.
Binason Avèkes.
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Rédigé par : naomed | 25 octobre 2007 à 02:37