Une affaire de tous.
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Les incidents provoqués par les hommes de la sécurité du Chef de l’Etat se répètent. Ils sont tous peu ou prou de la même nature, et mettent en danger la vie des citoyens. La presse les annonce en se mettant du côté des victimes et du bon sens citoyen, en s’interrogeant sur l’organisation de la sécurité du Chef de l’Etat. Souvent, dans le feu du drame, laissant libre cours à l’émotion, elle se fait critique n’hésite pas à porter un jugement. Elle traduit en effet la crainte du citoyen lambda, ainsi malmené dans son droit à la sécurité. De ce fait, est grossie l’image que les hommes de la sécurité du Chef de l’Etat seraient des fous de la gâchette, et pire, celui dont la protection occasionne ces drames serait pour quelque chose dans leur triste occurrence. Dans la mesure où le fonctionnement du système de protection du Chef de l’Etat est mis en cause, et que les actes de ses exécutants sont entachés de suspicion, c’est ainsi qu’on peut voir les choses.
Si l’inquiétude pour la sécurité des citoyens est légitime, il est toutefois à craindre qu’à trop laisser libre cours à l’émotion du moment, les journalistes et les médias ne considèrent qu’un seul des deux côtés du problème.
L’autre côté concerne les risques réels qui pèsent sur la sécurité du Chef de l’Etat. Le principe des services de sécurité est de ne pas divulguer leur information ; personne ne sait donc les éléments sur lesquels ses hommes se basent pour redoubler de vigilance dans leur mission. Ce qui est sûr, c’est que la récurrence des incidents traduit le fait qu’il y a bien une pression sur la sécurité du Chef de l’Etat. Et que les hommes de sécurité ont reçu des consignes strictes. La sécurité d’un Chef de l’Etat impose des contraintes pour lui-même et pour ses concitoyens. En l'occurrence, cette pression et surtout les éléments objectifs qui la motivent sont la preuve que le Changement dont le Président Yayi Boni se veut l’inflexible conducteur n’a pas que des amis. Et qu’il y a bien des gens qui sont prêts à tout pour y mettre un terme : chantages, intimidations, menaces, agressions, etc. Et les comparaisons avec ce qui se passait sous le Président Kérékou où ces incidents étaient effectivement rares ne font que confirmer l’existence de cette pression. L’incident survenu près de Ouèsse au cours duquel le cortège présidentiel a essuyé des coups de feu révèle si besoin est cette pression. Non pas tant du fait que le cortège du Chef de l’Etat eût essuyé des coups de feu – puisque ce genre d’incidents, hélas, est une banalité sur nos routes – mais en raison de l’interprétation hâtive qui en a été faite sans que la certitude du caractère politique de cette agression fût établie. Cette hâte traduit la nervosité des services de sécurité ; et cette nervosité traduit à son tour la pression qui s’exerce sur ceux qui en ont la charge. Ce sont toutes ces données qu’il faut considérer lorsqu’on veut rendre compte de ces incidents malheureux. La sécurité du Chef de l’Etat est une chose importante. L’idée que les incidents répétitifs seraient le fait d’un abus de quelques fous de la gâchette qui se croient tout permis ne tient pas debout. La presse doit aussi faire un effort de pédagogie en la matière. Souvent ces incidents se produisent par suite de malentendus entre les hommes en armes et les citoyens, parfois même, par défi ou par pur refus d’obtempérer ou de respecter les consignes données.
Dans leur grande majorité les Béninois comprennent la valeur de la paix. Un des piliers de cette valeur réside dans le bon fonctionnement de nos institutions dont le Chef de l’Etat est le premier garant ; pour cela, sa sécurité est l’affaire de tous : dans nos comportements, dans notre tolérance, dans nos respect des consignes, dans notre disposition à en accepter les contraintes quotidiennes. C’est sur cette compréhension mutuelle qu’il faut aussi mettre l’accent si l’on veut contribuer à limiter ces « bavures » que nous déplorons tous.
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Binason Avèkes
© Blaise APLOGAN, 2007
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