Modèles de pérennité, pour l’ère du changement ?
Il est indéniable que le gouvernement du changement avec à sa tête le Dr Yayi Boni a pris la mesure des problèmes sociaux auxquels il faut faire face pour adoucir le quotidien de nos populations. Il est aussi indéniable qu’il est décidé par son engagement proactif et volontariste à œuvrer pour trouver les solutions adéquates. A ce sujet, nul doute que les revendications légitimes du personnel soignant ne resteront pas lettre morte car il est révoltant que jusqu’alors la science de nos médecins s’exerce dans des hôpitaux dénués de tout alors que des milliards de nos francs étaient détournés à des fins personnelles en un laps de temps comme l’attestent les audits et les réclamations subséquentes adressées par le gouvernement à des centaines de personnes impliquées dans ces dilapidations. Extrapolons ces malversations sur 30 années seulement et l’on peut imaginer combien de salles de classes, de dispensaires et d’hôpitaux bien équipés, de fermes et d’usines agro-alimentaires etc. nous aurions pu mettre en œuvre dans l’intérêt collectif avec ces ressources publiques depuis l’indépendance. Il faut espérer que le gouvernement mette tout en œuvre pour que ces lettres de réclamation ne demeurent pas des lettres mortes. Il appartient au gouvernement de persévérer dans la rupture effective avec ce passé de prévarications avec toute l’autorité nécessaire, car il faut le dire, la démocratie plus que nul autre régime exige l’exercice sans concession de l’autorité de l’Etat dans la stricte légalité et pour le respect même des lois.
Il est salutaire que le gouvernement ait décidé lors de son conseil du 22 Janvier 2007 de mesures urgentes pour l’équipement en locaux scolaires. Nonobstant l’urgence peut-être préélectorale avec laquelle ces équipements doivent être réalisés – il faut aussi rompre enfin avec la lenteur de l’action publique, l’impatience des populations étant réelle - il importe que le gouvernement mandate les structures compétentes pour élaborer et proposer des modèles soumis à des normes de qualité contrôlables pour cet ensemble de réalisations qui sont projetées, mobiliers compris. Ces modèles seront portés à l’appréciation des collectivités destinataires pour amendement et approbation. Car il n’échappe à personne que des processus mal gérés ont bien souvent conduit à la livraison d’équipements précaires alors que les écoles doivent être construites pour des générations et des générations. Nous avons beau critiqué la colonisation à juste titre, l’on est bien obligé de reconnaître qu’un sens de la pérennité dictait la construction des infrastructures collectives léguées à nos Etats par le pouvoir colonial. Certes à d’autres temps, d’autres normes et styles architecturaux, cependant il suffit de revoir les salles de classes comme celles du lycée Béhanzin et du Lycée Toffa à Porto-Novo pour ne citer que celles-là où ont été formées des générations d’hommes et de femmes de notre pays et de la sous-région, de mettre ces salles en comparaison avec celles du Cours secondaire Djassin situé à quelques encablures pour se rendre compte que le même souci ou esprit de durabilité, de pérennité et même de grandeur disons-le, n’a pas présidé à la réalisation de ce dernier construit après les indépendances, plus précisément au début des années 1970.
Il importe donc que le gouvernement du président Yayi Boni avec sa vision de modernité donne aux réalisations de l’ère du changement une empreinte nouvelle qui marque une rupture avec les pratiques de sous-investissement des deniers publics alloués. Des infrastructures érigées avec des normes de durabilité et de qualité élevées sont gages d’économie en frais de maintenance et de renouvellement pour la collectivité et constituent un legs pérenne pour les générations à venir. La pression du temps ne saurait constituer un facteur qui amoindrit les qualités des ouvrages publics. Ce qui est valable pour les équipements scolaires l’est aussi pour les routes, les dispensaires, les marchés publics, les salles de loisirs etc…
Ce sont par des marques visibles de ce genre que le citoyen ordinaire se rendra compte que le mode de gestion de la chose publique a véritablement changé et que la restauration salutaire de la crédibilité de l’Etat chère au Président Yayi Boni n’est pas un vain mot. C’est par ces marques « tangibles » que le citoyen ordinaire sera conduit à régler de lui-même son comportement dans sa gestion de la chose publique, car ne dit-on pas que lorsque la cadence change, le danseur change de lui-même ses pas ?
Théophile Nouatin
Copyright, Blaise APLOGAN, 2007
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