Nom d'une pipe !
.
S'il est un attribut constant du roi Béhanzin qui ne l'a pas quitté d'un pouce, d'un bout à l'autre du long drame de son opposition farouche à "l'accaparement de la terre de nos ancêtres par les Français", c'est bien sa pipe.
Sur ses photos, on le voit toujours avec cet objet fétiche qu'il tient avec une malicieuse fierté. Et cette posture du roi avec sa longue pipe et « son regard aigu qui vous pénètre et vous devine » fait partie de son esthétique et de son style. Bien sûr, la pipe n'est pas le seul objet qui caractérise le roi. A l'instar de ses prédécesseurs, Béhanzin arborait d’autres insignes, comme la récade ou le mankpo, signe du pouvoir, insigne de son autorité. Sans parler du trône-objet avec lequel Béhanzin, qui croyait aller à la rencontre du roi de France n'avait pas cru devoir embarquer dans son voyage fatal. A-t-on idée d’aller à la rencontre de son royal partenaire assis sur un trône ? Le Roi Béhanzin a beau accuser un certain retard dans la prise de conscience nette des données essentielles du séisme géopolitique qui a secoué son règne et renversé son trône, il sait au moins éviter le ridicule. Et lorsque le pouvoir le quitta, lorsque l'autorité fut réduite à sa portion congrue, tous ces attributs : trône, mankpo, et récade disparurent eux aussi.
Seule la pipe est restée. Tout de long, tout au long, fidèlement. Cette remarquable fidélité esthétique n’a rien d’étonnant. Il va de soi que si récade ou mankpo sont des signes de pouvoir, la pipe, elle, est le signe d’une personnalité, sinon d’une personne. Et tant que la personne de Béhanzin était là, la pipe restait aussi, fidèle comme l'ombre de son porteur. Enfin presque…
Oui et ce « presque » n’a rien d’anodin. Je demande juste une petite minute d’attention pour exposer une thèse qu’en toute modestie je vais qualifier de géniale ; une thèse qui est passée par-dessus le nez et la barbe des docteurs et autres chercheurs, accourus ces derniers temps pour soi-disant se pencher sur l’œuvre de Béhanzin, et dont les savantes conclusions se font attendre…
La découverte, la voici en deux coups de cuiller à pot : sur toutes les images ou photos de Béhanzin avant et pendant l’exil, Béhanzin le nationaliste, le conservateur, l’homme de droite, si on peut dire, tenait toujours sa pipe dans la main droite. Comme le montre les images ci-dessous :
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.